Résistance du bouclier

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Modérateur : L'équipe des gentils modos

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David de Fonsorbes
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mer. juin 15, 2011 9:03 am

Belles réalisations :)
Je suis du même avis que toi concernant les énarmes du bouclier, pas sûr que ça résiste bien à la traction, à voir.
Il me semble aussi que les fixations sont trop centrées/basses... tu n'as pas un problème d'équilibre avec ? (bouclier qui a tendance à basculer vers l'avant).

Je découvre le sujet depuis son up, et les débats sur la forme des épées et la décoration des boucliers sont très intéressants !
Aussi, je me permet une hypothèse (non sourcée, non prouvée, juste une hypothèse, pas taper !) concernant le fait qu'un bouclier soit peint ou non...

Partant du principe qu'un bouclier est un consomable, on peux penser que celui-ci peux casser ou être suffisament abimé lors d'une bataille pour être remplacé à la suivante.
Sur un champs de bataille, on sait que la réparation des équipements pouvait être très sommaire, et loin de la qualité de ceux sortis des échoppes d'artisans (Là, je pense à la maille en particulier, dont les réparations pouvaient laisser à désirer en terme de qualité, sur des pièces archéo trouvées).
La peinture étant forcément créé à partir de végétaux/minéraux (et autres produits extrait de la nature), il se peux que la création d'une teinte en particulier soit difficile à obtenir en temps de guerre (pour des raisons de matières premières ou de temps: récolter les MP, créer la peinture, l'appliquer sur le bouclier et laisser sécher).
Donc, partant de ces hypothèses (pas taper !), il est probable qu'un sergent, qui passe après les chevaliers en terme de priorité, ne soit pas équipé d'un bouclier peint s'il a cassé le sien à la bataille précédente...

Concernant l'importance des couleurs et la visibilité de celles-ci sur le bouclier, il me semblait qu'il était encore plus important de les avoir sur le heaume, non ? Si un chevalier/roi porte ses couleurs sur son heaume, est-ce vraiment nécessaire de les porter aussi sur le bouclier ?
David de Fonsorbes, dit Le Pelé
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medieviste
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mer. juin 15, 2011 9:45 am

David de Fonsorbes a écrit :il est probable qu'un sergent, qui passe après les chevaliers en terme de priorité, ne soit pas équipé d'un bouclier peint s'il a cassé le sien à la bataille précédente...
Hypothèse intéressante.
Mais j'aurais deux remarques à formuler :
1) Il me parait peu probable qu'un soldat dispose comme ça en pleine campagne de planches et de cuirires en quantité, qualité et surtout dimensions correspondant à la réparation d'un bouclier. Et je le vois mal trimballer tout un ban de menuisierie pour rafistoler un bouclier cassé. Partant de ce principe (hypothèse aussi, hein !) il me semblerait plutôt logique que le bouclier soit utilisé tel quel, même bousillé (s'il est encore utilisable, bien entendu) ou alors bêtement abandonné et pis tant pis, faut faire avec, "à la guerre comme à la guerre".
2) Il faut bien remettre les choses dans leur juste contexte : pourquoi toujours parler de "batailles" ou "entre deux batailles" ? Si je prends Bouvines, par exemple, c'est une exception, très peu de combattants participent à ce ype de grandes batailles. Duby avait estimé qu'un chevalier participe en moyenne à trois grandes batailles dans toute sa vie ! Ses soldats l'accompagnant, ils en font de même. Donc le soldat lambda devait plus vraisemblablement participer aux "guéguerres annuelles" que se livrent leurs seigneurs, à savoir des petites opérations militaires de quelques jours/semaines, opposant quelques dizaines de combattants, dans le meilleur des cas, quelques centaines.
Et dans ce contexte, il apparait peu probable qu'un bouclier soit cassé si vite. Et quand bien même, voir remarque n°1.

Je m'étais amusé à faire une expérience rigolote : un bouclier 100 % histo en planches de tilleul collées à la colle d'os, avec cuir cru collé à la colle d'os, bref, du 100 % histo, soumis à l'épreuve des combats de chorégraphie de spectacle à l'épée non tranchante, histoire de voir comment il encaisse.
Test débile, j'en conviens, vu qu'on l'utilise 150 jours par an (bien au-delà des usages médiévaux) face à des épées (et pas des haches, masses, lances) non tranchantes (parait-il qu'à l'époque elles l'étaient...me suis-je laissé dire !). N'empêche que ça fait 2 ans qu'on l'utilise, et ledit bouclier est toujours vaillant ! Ca en dit long quand même sur sa résistance supposée à l'époque.

Donc je suppose humblement qu'un bouclier médiéval ne devait peut-être pas se briser aussi facilement que ça.
David de Fonsorbes
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mer. juin 15, 2011 10:21 am

Toujours intéressant les expériences :) Merci de partager ça :)
Dans le cas que tu donnes, je ne pense pas qu'il soit très révélateur, pour les raisons que tu cites... t'as essayé d'y mettre un grand coup de hache tranchante ? ^^
En tout cas, je pense aussi que les boucliers histo étaient plus résistants qu'on ne le pense (ou que les notres en CP, pour la plupart), mais quand même pas à toute épreuve.

En réalité, tes arguments tiennent autant que les miens, et du coup la discution pourrait avancer, mais je suis sur qu'on trouverait quelques dizaines d'hypothèses les unes aussi valables que les autres...

Le but de la relance du sujet était surtout de savoir si quelqu'un (depuis le temps que le sujet est ouvert) avait trouvé un bout de texte histo où il est fait mention d'un bouclier explicitement non peint ? ou l'inverse ? d'un bouclier endommagé ou cassé et de ce qu'il devient ?
David de Fonsorbes, dit Le Pelé
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philippe le rouge
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mer. juin 15, 2011 1:44 pm

Pour ce qui est des tests sur bouclier histo, une épée histo est tranchante certes, mais plus légère que nos épées de spectacle, je dirais, pour ma part, que le test est valable l'aspect tranchant étant compensé par le poids plus élevé à l'impact, le montage a subit pas mal de stress pouvant au moins démontrer que ce n'est pas aussi simple de casser du bouclier.
Et puis, source indirect, si cela était : quel fait d'arme cela représenterait de dire qu'il y eu nombre de boucliers brisés dans tel ou tel bataille? Comme le soulignaient les auteurs du moment, briser du bouclier dénote une grande violence, sinon un exploit au moins une grande force.
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khosrau de samarkand
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mer. juin 15, 2011 7:15 pm

Pour les boucliers nordiques du haut moyen age, c'est même une certitude, je dirais.
Les sagas (récits de duels) et tests modernes le montrent... Les expéditions viking auraient apparemment toujours un charpentier...
Leur construction en planche de bois divers, collés, et recouverts de cuir cru est relativement le même pour les boucliers européens plus tardifs.
Je ne dis pas qu'elles éclatent au moindre impact, mais qu'elles ne sont pas éternelles.

Au niveau des techniques de combat, le protection face au projectiles est probablement excellente, et favorisée par la légèreté de la construction, permettant de se protéger rapidement. Au corps à corps, je pense que le coté "fragile" a son utilité, comme piéger une lame d'épée ou un fer de lance dans le bois. Pour les périodes antérieures, il a été suggéré que la peinture peut cacher la construction et le fil du bois, pour éviter que l'adversaire trouve la faiblesse du bouclier... Vu la construction des boucliers plus tardifs, le rôle de la peinture n'est certainement plus la même. Un signe de reconnaissance est plus logique. Personnellement, si mon bouclier devait être changé, je m'empresserais de peindre le blason sur le nouveau bouclier, qu'un copain ne me fasse pas la peau en pensant que je suis un ennemi.

D'ailleurs, une piste de recherche à ce niveau serait de fouiller dans les comptes ou inventaires de places fortes, pour voir combien de boucliers il y a, si la facture ou l'état est mentionné, etc...
Idem, si quelqu'un a une mention de combien et de quels types d'artisans accompagnent les grosses armées en campagne, ça pourrait nous aiguiller.
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medieviste
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jeu. juin 16, 2011 8:24 am

khosrau de samarkand a écrit :Pour les boucliers nordiques du haut moyen age, c'est même une certitude, je dirais.
Les sagas (récits de duels) et tests modernes le montrent... Les expéditions viking auraient apparemment toujours un charpentier...
Ca se justifie à mon avis davantage pour l'entretien ou la réparation d'un navire que pour les boucliers...Mais ça joint l'utile à l'agréable !
Au corps à corps, je pense que le coté "fragile" a son utilité, comme piéger une lame d'épée ou un fer de lance dans le bois.
+ 1 Je partage le même avis, également pour les boucliers du XIIIe, expérimentation à l'appui (j'en avais déjà parlé dans "escrime médiévale")
D'ailleurs, une piste de recherche à ce niveau serait de fouiller dans les comptes ou inventaires de places fortes, pour voir combien de boucliers il y a, si la facture ou l'état est mentionné, etc...
Ca soulève une autre question, ça : les boucliers sont-ils réalisés par un corps de métier spécifique, et si oui, quand apparait-il ? Je ne crois pas avoir déjà vu de fabricant de bouclier aux XIIe-XIIIe, mais certaines chansons de geste type Raoul de Cambrai font allusion à des boucliers provenant de telle ou telle ville, ou de boucliers en bois de telle ville ; ce qui est loin d'être explicite !
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khosrau de samarkand
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jeu. juin 16, 2011 9:40 am

Très juste pour les charpentiers vikings... Cela dit, les sagas mentionnent souvent des boucliers brisés, et plusieurs boucliers utilisés lors d'un même duel.

Piéger l'arme adverse dans son bouclier semble être attesté dans les sagas également, c'est même peut être voulu. Chose infaisable avec des boucliers trop "résistants".

Le fait que certaines villes fabriquent de bons boucliers ou produisent du bon bois de bouclier est très intéressant! Ca rejoint quelquepart le longbow et les flèches en Angleterre, où des artisans sont réputés pour ça, et que parfois, le bois qu'il faut est importé du continent... Et là encore, il s'agit de "consommable".
J'imagine que pour les boucliers, le bois préféré est le tilleul. Quant à la fabrication, on peut aisément imaginer qu'il faille un certain savoir-faire, pour la mise en forme, le collage, l'encollage de lin ou de cuir, la décoration voire le gesso...

La notion de consommable parait bien différente de nos jours. Consommable ne semble pas vouloir dire "de mauvaise qualité" au Moyen Age... Loin de là. Prix réduits peut être, pas récupéré (ou pas entièrement récupéré) après utilisation, sans doute, mais pas de mauvaise qualité pour autant. Plutôt une logique de "ils sont faits pour ça, et ils rempliront leur rôle."
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jeu. juin 16, 2011 2:47 pm

Si le bouclier est recouvert de lin et/ou de cuir, je vois mal ce que la peinture peut dissimuler de plus. Quand on voit l'épaisseur et la rigidité d'une peau rawhide... :crazy:
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jeu. juin 16, 2011 2:58 pm

J'ajouterais que d'une part, pourvoir le sens du bois sur un bouclier pendant un combat, faut déjà être méchamment doué ! En général on est concentré plutôt sur les mouvements de l'adversaire...

D'autre part, les boucliers vikings sont très différents des nôtres dans la conception : de ce que j'en sais, ils sont plus épais au centre (environ 1,5 cm) et très fins sur les bords (8 mm), du moins d'après l'étude des très rares spécimens archéologiques, donc très fragiles !
Au moins avec les écus XIIe-XIIIe, le cuir collé dessus permet d'augmenter la solidarité des planches entre elles.

En gros, je pense que la résistance d'un bouclier viking mériterait un sujet à part entière !
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khosrau de samarkand
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jeu. juin 16, 2011 4:12 pm

Le sens du bois est en fait est facilement décelable sur un bouclier nu, tout simplement parcequ'il suit les planches, qui sont elles bien visibles.
Des restes de bouclier viking ont été retrouvés avec des pigments à même le bois, démontrant qu'ils n'étaient pas forcément recouverts de cuir ou de tissu, qui aurait pu également servir à dissimuler les planches.
Par ailleurs, chez les Vikings, la peinture sur les boucliers a une symbolique et une signification. Je crois même qu'il y avait des lois en Norvège sur la peinture des boucliers.

Le cuir ou le tissu sur les boucliers du XIIIè apporte très certainement de la solidité. Combiné au fait que ce sont des boucliers à énarmes, je me demande si ça n'indique pas un rôle beaucoup plus défensif du bouclier. On a un bouclier plus grand, plus solide, plus lourd... Idéal pour les formations défensives, avec peut être une utilisation dans laquelle c'est le combattant qui bouge derrière le bouclier, plutôt que le bouclier qui est amené à faire face à la menace?
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Brin de panier
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ven. juin 17, 2011 6:40 am

Est ce que des tests ont été fait avec des boucliers en osier?
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khosrau de samarkand
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ven. juin 17, 2011 8:47 am

C'est un test qui me tente beaucoup, je voudraiq notamment tester les boucliers en osier "orientaux" et les boucliers scythes. Mais jusqu'à présent n'ai pas trouvé de bouclier en osier ou un panier construit d'une façon historique (pour l'orient, bien sûr, pour l'occident je ne sais pas).
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