Votre méthodologie d'escrime médiévale en armure (Histo|Evo)

L'escrime à l'usage du sport et de la guerre !

Modérateur : L'équipe des gentils modos

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pol d'outremeuse
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mar. janv. 10, 2012 3:28 am

Bonjour à tous,

J'ai des questions qui me traversent l'esprit et le sujet concernant un stage de 1 33 et le combat en lice attise d'autant plus ma curiosité. J'aurai voulu savoir comment vous avez développé vos entrainements, si vous êtes parti sur une base historique ou pas du tout, si vous avez créé "votre propre escrime" de lice ou repris d'un autre sport (on parle souvent kendo), si vous avez développé vos propres traités d'escrime propre à votre troupe et fournissez celui-ci à l'élève (un support écrit, visuel), si vous mélangez source historique + autre sport (kendo?) + votre expérience (autodidacte) ou si vous essayez que la façon "historique". Dans ce dernier cas, quel serait les avantages et inconvénients en lice sachant que son défit "moderne" ne répond pas toujours aux attentes "historiques" et qu'il faille parfois faire face à des "adversaires" peut-être moins techniques mais parfois plus efficace et sachant que certaines techniques (dont l'estoc) demeurent interdites pour raison de sécurité. Bref, la méthodologie mise en place au sein de vos cours.

:jap:

Ps: Par pitié, ce n'est pas un poste Histo Vs Evo , si l'un est mieux, si l'autre est plus pourris mais la méthodologie de votre art, la structure, l'accueil, le support utilisé, la voie choisie, le regroupement d'autres sports ou des traités historiques.
J'aime pas les gens et ils me le rendent bien....

L’auréole, parce que je le veau bien! (Meuh!!)
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Almut
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mar. janv. 10, 2012 9:12 am

Salutation,

Pour ma part, je fais du viking et pour ce qui est des entraînements, nous essayons d'avoir une approche du combat le plus historique possible qui commence mentalement.
Se mettre dans l'état d’esprit que si on se fait toucher, nous allons mourir. Déjà à partir de la le combat est moins " ça passe ou ça casse ". Nous prenons en source pour notre époque
les textes de saga ainsi que notre expérience. Pour plus de réalisme, nous prenons en compte les protections pour éviter que le mec " à poil " tout léger démonte le mec en armures lourdes.
Les touches doivent être sur les failles de l'armures. Contre un adversaire léger, le coup doit être appuyer où les caresses ne comptes pas pour un kill. Nous essayons en ce moment de mettre en place la possibilité de l'estoc mais tout doucement et en faisant plus qu'attention.

L'avantage pour moi et d'avoir des combats plus intéressant et plus technique qui montre qu'un combat est avant tout un art et de la technique plutôt qu'un surplus de testostérones.
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guillaumedebeaufort
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mar. janv. 10, 2012 10:37 am

Bonjour.

Dans mon association, nous avons 2 buts, à savoir faire de l’escrime de septacle et de l’escrime "historique".

Pour ce qui est du spectacle, on revêt un costume ( plus ou moins playmo :D ), et on fait un "combat" qui dure 2 à 3 minutes.
On a un système de "combat" qui fait qu’on peut faire plus ou moins de l’escrime libre, sans trop de protections (on met en général une protection de tête et une de main), mais le but n’est pas de toucher l’autre, c’est de faire "cling clang" pendant le temps qui nous est impartit.
C’est marrant une année, quand on débute, mais c’est vite rébarbatif, il n’y a pas grand-chose de technique, bref, c’est pas mon truc.

Concernant l’escrime historique, notre enseignant se base sur Lichtenauer et sur le Wallerstein.
On étudie pas spécialement les sources, on essaye de refaire ce qu’il nous montre.
Comme cette escrime demande beaucoup de souplesse dans les mouvements, ben c’est pas bien possible de faire ça avec une armure.
Pour la technique, généralement, on utilise peu ou prou de protections, qui sont de toute façon des protections modernes.

Pour mettre en pratique, on s’équipe un peu plus et on prend alors les federschwert, parce qu’on peut pratiquer les estocs sans contrainte et si on veut un tant soit peu se servir convenablement d’une épée longue, c’est indispensable. (En gros n’utiliser que la taille sur une épée, c’est un peu comme si tu n’utilisais que la crosse pour assommer un gars avec un flingue, quoi !)
Ces épées, bien qu’elles soient assez moches, sont des superbes instruments pour la pratique historique.
Sinon, nous utilisons les épées en nylon souple KnightShop Rawling qui sont aussi très bien, bien que la poignée soit un peu trop courte à mon goût.

Après, jouer la touche avec des armures, j’ai jamais essayer, mais même si on dispose d’une armure fine, faite sur mesure, et bien conçue (ce qui doit pas être le cas le plus rependu), ben je pense qu’il doit être difficile de mettre en œuvre une escrime prévue pour être pratiquée en tissus.
On doit très souvent arriver à des doubles touches, surtout si les estocs sont interdits. En plus, des coup de parade dans le même temps doivent être parfois difficile à réaliser de par l’entrave que constitue l’armure…
Même si ça peut être un peu plus marrant que le "clig clang", je ne conçois pas cette pratique comme intéressante à mon goût.

Peut-être que le harnishfechten historique du type Gladiatoria puisse-t-être intéressant, mais comme je n’ai pas de harnoi, j’en sait fichtre rien !

Bref, selon moi, il y a d’un côté l’escrime médiévale, et de l’autre la reconstitution.
Dur de mixer les 2 sans tomber sur des écueils.

Guillaume
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khosrau de samarkand
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mar. janv. 10, 2012 2:06 pm

Je pense que Pol ne parlait que d'escrimes en armure.

Pour ma part il y a deux cas de figure:
-je suis en armure mongole dans le cadre d'une reconstitution: la protection n'est pas optimale, et je me limite à une escrime lente, de taille, parcequ'en face, ils sont aussi en XIIIè et que c'est des potes. Parfois, si on est encore plus léger, on chorégraphie. Malgré mes recherches, je n'ai pas de source techniques historiques d'escrime mongole (ou même orientale, du XIIIè siècle), si un jour j'en trouve, je choregraphierai là dessus (comme ce que je fais en civil avec le I.33 ou liechtenauer). Je ne transpose pas d'escrime historique civile en armure, pour moi ce n'est pas fait pour ça et ce sont des logiques de combat trop différentes (et puis je n'arrive pas à monter dans une garde du boeuf correcte en armure, or Liechtenauer dit clairement: "le boeuf c'est bon, mangez-en"...). Ce que je fais n'a aucun intérêt en lice parceque je ne cherche pas à toucher (sauf les bottes de paille).

-Le harnischfechten. Je prends une armure XVè (je n'en ai pas à moi, mais j'emprunte à des gens... C'est pas sur mesure, c'est mal!). Je remplace le casque par un masque d'escrime, je remplace l'épée métallique par une épée en bois. Et la, c'est estocs au masque, dessous des mains, aisselles, gorge, ou lutte en armure. Le seul coup historique non autorisé, c'est le coup du meurtrier (mortschlag). Ce n'est pas du tout coopératif, et on se rend compte de l'efficacité du harnischfechten dans des situations de combat ou de duels "à mort"(première chose dont on se rend compte: toucher une main, des vues ou des aisselles, des cibles petites et mobiles, en demi-épée et en armure, c'est très facile). Absolument inutile en lice, puisque n'importe quel coup de taille va compter, comme s'il n'y avait pas d'armure, en fait.
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pol d'outremeuse
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mar. janv. 10, 2012 6:52 pm

Almut a écrit :Salutation,

Pour ma part, je fais du viking et pour ce qui est des entraînements, nous essayons d'avoir une approche du combat le plus historique possible qui commence mentalement.
Se mettre dans l'état d’esprit que si on se fait toucher, nous allons mourir. Déjà à partir de la le combat est moins " ça passe ou ça casse ". Nous prenons en source pour notre époque
les textes de saga ainsi que notre expérience. Pour plus de réalisme, nous prenons en compte les protections pour éviter que le mec " à poil " tout léger démonte le mec en armures lourdes.
Les touches doivent être sur les failles de l'armures. Contre un adversaire léger, le coup doit être appuyer où les caresses ne comptes pas pour un kill. Nous essayons en ce moment de mettre en place la possibilité de l'estoc mais tout doucement et en faisant plus qu'attention.

L'avantage pour moi et d'avoir des combats plus intéressant et plus technique qui montre qu'un combat est avant tout un art et de la technique plutôt qu'un surplus de testostérones.
Chez nous, la touche du "ça passe ou ça casse" nous appelons cela "une touche suicide" ou "one shot" en lice. Fort utilisé partout ou j'ai pu tournoyer. Nous avons fait des batailles royales de type viking à nos entrainements, il est vrai que la facon de combattre, d'appréhender le combat, de toucher, est totalement différente. Ca apprend à bien plus réfléchir.

Est ce qu'il y a un suivi dans vos entrainements? Un planning de progression ou bien c'est "aujourd'hui nous apprenons ca, demain autre chose mais nous reviendrons sur le premier"?
guillaumedebeaufort a écrit :Bonjour.

Dans mon association, nous avons 2 buts, à savoir faire de l’escrime de septacle et de l’escrime "historique".

Pour ce qui est du spectacle, on revêt un costume ( plus ou moins playmo :D ), et on fait un "combat" qui dure 2 à 3 minutes.
On a un système de "combat" qui fait qu’on peut faire plus ou moins de l’escrime libre, sans trop de protections (on met en général une protection de tête et une de main), mais le but n’est pas de toucher l’autre, c’est de faire "cling clang" pendant le temps qui nous est impartit.
C’est marrant une année, quand on débute, mais c’est vite rébarbatif, il n’y a pas grand-chose de technique, bref, c’est pas mon truc.
Escrime dite "pur instinct", du combat chorégraphié non préparé? En gros vous avez X attaques, X parades (ou des contres mais purement artistique) pour les X attaques et vous combinez le tout de manière aléatoire donnant l'impression d'un combat soutenu avec moultes coups? Comment se déroulerait un entrainement "artistique", je me place en tant qu'apprenant et je veux escrimer de facon artistique, sur quoi vous allez m'entrainer?
Concernant l’escrime historique, notre enseignant se base sur Lichtenauer et sur le Wallerstein.
On étudie pas spécialement les sources, on essaye de refaire ce qu’il nous montre.
Tu n'as jamais cherché à voir par toi-même? Ou utiliser le support pour étudier les techniques avant un entrainement? Tu te bases sur ce que ton maitre d'arme dit et montre uniquement (il n'y a aucune critique, j'essaie de comprendre chaque logique d'entrainement).
Comme cette escrime demande beaucoup de souplesse dans les mouvements, ben c’est pas bien possible de faire ça avec une armure.
Pour la technique, généralement, on utilise peu ou prou de protections, qui sont de toute façon des protections modernes.
J'entends souvent cela "pas possible en armure", avez-vous déjà utilisé une armure type lamellaire XIV (bon je sais, les traités sont plus tardifs) tout de même? (jambe, bras lamellaires + Hourglass pour la mobilité des poignets et cotte de plaques qui permet de s'abaisser, se pencher aussi bien en avant que en arrière et genouillères et coudières ((le tout est donc séparé et non en une pièce pour chaque élément)) )
Pour mettre en pratique, on s’équipe un peu plus et on prend alors les federschwert, parce qu’on peut pratiquer les estocs sans contrainte et si on veut un tant soit peu se servir convenablement d’une épée longue, c’est indispensable. (En gros n’utiliser que la taille sur une épée, c’est un peu comme si tu n’utilisais que la crosse pour assommer un gars avec un flingue, quoi !)
Ces épées, bien qu’elles soient assez moches, sont des superbes instruments pour la pratique historique.
Sinon, nous utilisons les épées en nylon souple KnightShop Rawling qui sont aussi très bien, bien que la poignée soit un peu trop courte à mon goût.
Ha ca [img]images/icones/icon7.gif[/img] mais pour imager je ne dirai pas qu'il s'agit de frapper avec la crosse d'un flingue mais plutot de l''utiliser comme un 6 coups alors que c'est un 12. Mais qu'il soit un 6 ou 12 coups, l'essentiel n'est pas de savoir tirer mais de viser juste (même si un 12 coups permet d'avoir plus de chance).
khosrau de samarkand a écrit :
Pour ma part il y a deux cas de figure:
-je suis en armure mongole dans le cadre d'une reconstitution: la protection n'est pas optimale, et je me limite à une escrime lente, de taille, parcequ'en face, ils sont aussi en XIIIè et que c'est des potes. Parfois, si on est encore plus léger, on chorégraphie. Malgré mes recherches, je n'ai pas de source techniques historiques d'escrime mongole (ou même orientale, du XIIIè siècle), si un jour j'en trouve, je choregraphierai là dessus (comme ce que je fais en civil avec le I.33 ou liechtenauer). Je ne transpose pas d'escrime historique civile en armure, pour moi ce n'est pas fait pour ça et ce sont des logiques de combat trop différentes (et puis je n'arrive pas à monter dans une garde du boeuf correcte en armure, or Liechtenauer dit clairement: "le boeuf c'est bon, mangez-en"...). Ce que je fais n'a aucun intérêt en lice parceque je ne cherche pas à toucher (sauf les bottes de paille).
Haaaa les bottes de paille, j'ai encore les photos de ton magnifique saut [img]images/icones/icon7.gif[/img] [img]images/icones/icon7.gif[/img] , en effet et je n'ai quasi jamais vu un tournoyeur en garde du boeuf (la charrue demeure LA garde par excellence et pourtant...)
-Le harnischfechten. Je prends une armure XVè (je n'en ai pas à moi, mais j'emprunte à des gens... C'est pas sur mesure, c'est mal!). Je remplace le casque par un masque d'escrime, je remplace l'épée métallique par une épée en bois. Et la, c'est estocs au masque, dessous des mains, aisselles, gorge, ou lutte en armure. Le seul coup historique non autorisé, c'est le coup du meurtrier (mortschlag). Ce n'est pas du tout coopératif, et on se rend compte de l'efficacité du harnischfechten dans des situations de combat ou de duels "à mort"(première chose dont on se rend compte: toucher une main, des vues ou des aisselles, des cibles petites et mobiles, en demi-épée et en armure, c'est très facile). Absolument inutile en lice, puisque n'importe quel coup de taille va compter, comme s'il n'y avait pas d'armure, en fait.
En effet n'importe quel coup de taille comptera pour une touche, celui qui développera la meilleure technique de taille remportera le duel et la lice ne permet pas de développer autre chose, (estocs, désarmement et j'en passe). J'ai une question, as-tu déjà eu l'occasion de combattre en lice en armure complète? Si oui quel a été ton ressenti? Est ce que certaines techniques (sourcées) ont pu etre mise en place de ta part durant ton duel? Ou a contrario, même si cela ne cadre pas avec les us et coutumes de la lice penses-tu un jour essayer? Pareil qu'au dessus, quel est ta logique d'apprentissage, tu essaies un peu tout et tu reviens sur chaque technique de manière aléatoire ou tu prends le temps, pendant X entrainements, jours, mois, à peaufiner une seule (ou deux, ou trois). Bref suis-tu un planning ou pas?
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Almut
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mar. janv. 10, 2012 8:31 pm

pol d'outremeuse a écrit :
Almut a écrit :Salutation,

Pour ma part, je fais du viking et pour ce qui est des entraînements, nous essayons d'avoir une approche du combat le plus historique possible qui commence mentalement.
Se mettre dans l'état d’esprit que si on se fait toucher, nous allons mourir. Déjà à partir de la le combat est moins " ça passe ou ça casse ". Nous prenons en source pour notre époque
les textes de saga ainsi que notre expérience. Pour plus de réalisme, nous prenons en compte les protections pour éviter que le mec " à poil " tout léger démonte le mec en armures lourdes.
Les touches doivent être sur les failles de l'armures. Contre un adversaire léger, le coup doit être appuyer où les caresses ne comptes pas pour un kill. Nous essayons en ce moment de mettre en place la possibilité de l'estoc mais tout doucement et en faisant plus qu'attention.

L'avantage pour moi et d'avoir des combats plus intéressant et plus technique qui montre qu'un combat est avant tout un art et de la technique plutôt qu'un surplus de testostérones.
Chez nous, la touche du "ça passe ou ça casse" nous appelons cela "une touche suicide" ou "one shot" en lice. Fort utilisé partout ou j'ai pu tournoyer. Nous avons fait des batailles royales de type viking à nos entrainements, il est vrai que la facon de combattre, d'appréhender le combat, de toucher, est totalement différente. Ca apprend à bien plus réfléchir.

Est ce qu'il y a un suivi dans vos entrainements? Un planning de progression ou bien c'est "aujourd'hui nous apprenons ca, demain autre chose mais nous reviendrons sur le premier"?
Non, il y à pas de planning, A chaque entrainement, nous essayons de trouver de nouvelles techniques et fortifier celles déjà trouvées. Par exemple, nous essayons en ce moment d’introduire l'estoc de façon le plus contrôler possible pour que ce soit sans risque.
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pierre al
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mar. janv. 10, 2012 9:46 pm

Quand nous faisons de l'escrime en armure, principalement le jeu de la hache depuis une dizaine d'années maintenant, nous suivons le même protocole que lorsque nous faisons de l'escrime sans armure (et non pas civile). A savoir:

- Nous nous basons exclusivement sur la source étudiée, et non pas sur notre ressenti ou notre expérience. Attention, cela ne veut pas dire que nos expériences ne jouent pas au niveau inconscient. Mais à défaut de pouvoir être objectif, nous nous efforçons d'être impartiaux. C'est à dire qu'à chaque fois que nous pouvons choisir, prendre une décision, nous privilégions l'approche par les infos de la source, et non pas notre approche personnelle ou notre passé martial.

- Nous fuyons l'application simple de la technique (oh, le texte dit ca, alors je copie le texte, oh, le dessin montre ca, je copie le dessin) et nous nous efforçons de comprendre et de faire ressortir les principes et les méthodes qui sous tendent ces techniques. Ce qui signifie qu'avant de partir en assaut, nous travaillons longtemps (c'est à dire des mois) certains principes de base. Par exemple, des séries d'exercices, avec la hache d'armes, qui font prendre le pli de jouer de la queue de l'arme, et non pas du fer, ou encore qui exploitent les quelques cm² qui apparaissent lorsque la main avancée se lève plus haut que la ceinture, ou encore des exos qui font bosser le coulissement le long de la hampe. C'est seulement une fois ces choses assimilées, petit à petit, que les vraies subtilités commencent à être abordées.

Cela dit, comme nous n'avons pas d'armure au groupe (trop cher et trop encombrant), notre méthode est limitée au travail historique et est actuellement inapplicable au combat "réel".
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khosrau de samarkand
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mar. janv. 10, 2012 10:09 pm

J'ai déjà eu l'occasion de combattre en lice en armure. A l'épée longue, et au sabre et bocle, avec mon armure lamellaire. Mon ressenti est le suivant: la bocle, c'est à jeter en combat en armure (de préférence au visage du gars en face), ça ne sert à rien, et d'ailleurs je n'ai pas vérifié, mais ça ne me semble pas histo non plus. Je n'ai pas essayé de placer de techniques historiques, parce que je savais que les entailles que j'allais placer n'allaient pas me rapporter de points, et que je risquais par réflexe de mettre un estoc (chose qui m'est arrivé plusieurs fois en entrainement en salle, avec masque pourtant, ce qui ne m'a pas empêche de faire faire des soleils, d'ouvrir une lèvre et une arcade sourcilière, alors que je ne pensais pas y aller fort). Les rares fois où je fais un tournoi de lice (en gros avec la Tour d'Auvergne, quand ils n'arrivent pas à atteindre leur quota de combattants), je repars sur des bases d'escrime artistique. La fois où j'ai fait une mélée à la polonaise, j'ai trouvé ça bof: tu tapes et tu tapes encore sans t’arrêter... En face, il n'essayait pas de se défendre et me tapait, et je faisais de même... Au final, quelqu'un d'autre m'a mis un coup dans le casque, ce qui a faussé la visière dans une position où je ne voyais plus rien. J'ai fait trois pas en arrière, j'ai trébuché sur quelqu'un d'autre qui était au sol et j'étais out. Sauf que je n'avais plus du tout d’aération et j'essayais d'enlever mon casque. Heureusement, un arbitre est venu m'aider.

Autrement, je pense que Pierre Al a très bien récapitulé notre façon de faire. A noter que l'idée de dégager des principes et de privilégier leur application par rapport à l’expérience personnelle, on le fait au jeu de la hache, mais aussi dans les différents AMHE civils et en armure qu'on pratique. A la fin d'un sparring ou d'une séance, je revois les défauts que j'ai à corriger, et je planifie un exercice pour corriger ça la prochaine fois. Quand j'ai la chance de mener un mini atelier AMHE à la Tour d'Auvergne, je fais de même en observant ce que je pense que les autres devraient corriger. Le tout sur une base d'exercices qui ne sont utiles qu'à long terme, et en complément des exercices précis sur un thème.
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pierre al
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mar. janv. 10, 2012 10:16 pm

Je n'ai pris l'exemple du jeu que parce que c'est le truc principal qu'on a fait et qui part de l'armure. Le reste, comme dit seb, c'est surtout beaucoup de combat sans armure. Et je renverrais jamais assez aux travaux de mon collègue Daniel Jaquet pour ce qui est de la relative incompatibilité des techniques historiques sans armure et du port de l'armure. C'est ce genre d'argument, et d'argumentaire, qui guide aussi notre démarche vis a vis de nos entrainements.

Sachant, également, que l'efficacité n'est pas l'objectif, elle n'est qu'une conséquence, parfois présente, parfois absente (car il existe de bonnes et de mauvaises choses, martialement parlant, dans les sources)
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guillaumedebeaufort
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mer. janv. 11, 2012 9:50 am

Salut.
pol d'outremeuse a écrit :
guillaumedebeaufort a écrit :Bonjour.

Dans mon association, nous avons 2 buts, à savoir faire de l’escrime de septacle et de l’escrime "historique".

Pour ce qui est du spectacle, on revêt un costume ( plus ou moins playmo :D ), et on fait un "combat" qui dure 2 à 3 minutes.
On a un système de "combat" qui fait qu’on peut faire plus ou moins de l’escrime libre, sans trop de protections (on met en général une protection de tête et une de main), mais le but n’est pas de toucher l’autre, c’est de faire "cling clang" pendant le temps qui nous est impartit.
C’est marrant une année, quand on débute, mais c’est vite rébarbatif, il n’y a pas grand-chose de technique, bref, c’est pas mon truc.
Escrime dite "pur instinct", du combat chorégraphié non préparé? En gros vous avez X attaques, X parades (ou des contres mais purement artistique) pour les X attaques et vous combinez le tout de manière aléatoire donnant l'impression d'un combat soutenu avec moultes coups? Comment se déroulerait un entrainement "artistique", je me place en tant qu'apprenant et je veux escrimer de facon artistique, sur quoi vous allez m'entrainer?
Oui, c’est ça.
L’entrainement se fait de cette manière :
Pratique de base : déplacements, prise des différentes gardes, revue des différents coups dans le vent.
Pour cet exercice, généralement, on fait 2 lignes face à face, ce qui permet de voir et de viser les cibles correspondant aux coups ou aux gardes.
Notre enseignant, gueule les ordres et on exécute.
Ensuite, on met en pratique en se mettant en opposition, ce sont des séries de 3 coups donnés successivement par l’un et l’autre des protagonistes.
On voit aussi quelques enchainements qui permettent de terminer un combat sans finir trop en nœud de boudin.
pol d'outremeuse a écrit :
Concernant l’escrime historique, notre enseignant se base sur Lichtenauer et sur le Wallerstein.
On étudie pas spécialement les sources, on essaye de refaire ce qu’il nous montre.
Tu n'as jamais cherché à voir par toi-même? Ou utiliser le support pour étudier les techniques avant un entrainement? Tu te bases sur ce que ton maitre d'arme dit et montre uniquement (il n'y a aucune critique, j'essaie de comprendre chaque logique d'entrainement).
Si, bien sûr, parce que j’aime ça, mais je parle de la logique de l’association.
Les plus motivés le font, les autres prennent l’enseignement tel-quel.
Ça fait 4 ans que je pratique.
Les 2 premières années, on faisait que du combat de spectacle, mais je me suis intéressé à l’escrime historique dès la 2ème saison, quand j’ai vu, ici même ce que pouvait donner cette escrime. :top:
Je la trouve en fait bien plus spectaculaire que l’escrime de spectacle cité ci-dessus, mais bon, c’est mon opinion personnelle, hein !
Et donc, j’ai essayé de comprendre avec un compain de bonne volonté les systèmes mis en place dans l’escrime historique.

Pour ce qui est de l’enseignement historique dans l’association, nous avons pas du tout la même approche que les autres associations d’AMHE, il me semble.
Je suis allé faire un tour à GAGShola à Genève, et l’approche est fondamentalement différente :
Chez nous, notre enseignant, après avoir étudié une technique, nous livre son interprétation et nous demande de la refaire.
A GAGS, on lit le passage que l’on va étudié, on propose une interprétation, et on discute de cet interprétation.
C’est très universitaire, c’est enrichissant, ça permet de voir plusieurs approches de la même escrime, et on est pas enfermé dans une approche qui sera pas forcement juste, par mauvaise interprétation. Si ce n’était pas si difficile d’y aller pour moi, j’aurais continué là-bas…

pol d'outremeuse a écrit :
Comme cette escrime demande beaucoup de souplesse dans les mouvements, ben c’est pas bien possible de faire ça avec une armure.
Pour la technique, généralement, on utilise peu ou prou de protections, qui sont de toute façon des protections modernes.
J'entends souvent cela "pas possible en armure", avez-vous déjà utilisé une armure type lamellaire XIV (bon je sais, les traités sont plus tardifs) tout de même? (jambe, bras lamellaires + Hourglass pour la mobilité des poignets et cotte de plaques qui permet de s'abaisser, se pencher aussi bien en avant que en arrière et genouillères et coudières ((le tout est donc séparé et non en une pièce pour chaque élément)) )
Hum, je ne sais pas, je n'ai jamais vraiment revêtu d'armure, à par une chemise de maille galvanisé sur un gambi en ouate pas bien tassé...
Ça entrave déjà correctement les mouvements.
Et même rien que ledit gambi en ouate pas tassé est suffisant pour ne pas avoir la même aisance qu’une simple veste d’escrime ancienne.
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mac jowski
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mer. janv. 11, 2012 11:48 am

Pour nous, escrime en épée à deux mains et bâton à partir des textes, on essaie de reproduire les enchainements au plus proche, puis de voir comment ils peuvent être utilisés en combat libre. Protection gambi, masque escrime et armes en nylon.
A partir des textes, on développe des techniques qui peuvent être utilisé en combat libre, et souvent ça marche pas mal du tout...
Mais bien sur, vu les armes et les protections, on utilise l'estoc, qui est quand même une base de l'escrime en épée longue, sans l'estoc, ben je ne vois pas l'utilité des textes...
Mais Percheval en dira plus que moi...

En dehors de cela, en épée métal, nous sommes XIIIEme : on fait du pas d'arme sans estoc, c'est fun, spectaculaire, bon pour le public et une autre technique... Pas vraiment la même chose...
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deny de cornault
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jeu. janv. 12, 2012 10:50 am

de notre coté, l'essentiel de notre pratique est au shinaï (je sais, c'est dépassé ^^)
nos enseignants sont d'une part un maître d'armes rompu à la logique du combat de manière générale, et un prévost qui a étudié de très près les traités d'escrimes historiques ( http://jfgilles.perso.sfr.fr/escrime/index.html )

un échauffement très axé sur les déplacements, la réactivité, le cardio
après l'échauffement, jean-françois (le prévost) propose un thème technique, au shinaï, à la canne, etc, basé sur des traités qu'il a étudié et cite de temps en temps
suivi de groupes de travail libres :
on travaille beaucoup au shinaï la coordination bras-jambe, la gestion de la distance, les parades. sous force de tournois en 5 points avec arbitrage et description de la phrase d'armes. on est donc là en plein dans une pratique sportive
on fait aussi à volonté du travail à la federschwert (codex wallerstein très principalement), du I33 (avec des shinaïs courts ou du rotin, avec des bocles en osier), de la lance, du jeu de la hache (un substitut d'entrainement développé en interne), et sgan anime de temps en temps un pôle épée longue. un de nos membres vient de nous fabriquer des écus en cuir épais, pour utiliser avec les rotins
on fait un entrainement en armure tous les 15 jours, actuellement optique tournoi, avec arbitrage, dans l'avenir harnishfechten et jeu de la hache, quand on aura suffisamment de feder et de haches

au final, pour ceux d'entre nous qui ont fait des stages d'AMHE, on voit qu'on a absolument aucun vocabulaire, mais que les réflexes et la logique sont bien là
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pierre al
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jeu. janv. 12, 2012 3:55 pm

au final, pour ceux d'entre nous qui ont fait des stages d'AMHE, on voit qu'on a absolument aucun vocabulaire, mais que les réflexes et la logique sont bien là
Je fais un peu dans le HS, mais si une garde s'appelle le bœuf et son opposé la charrue, c'est peut être pas uniquement pour faire joli ;). Et que si le texte utilise les termes "mutieren" et "wechseln" (respectivement muter/corrompre et changer/modifier/échanger) dans deux contextes différents (simple exemple) c'est justement parce que le vocabulaire à une importance capitale dans la pensée de ces styles d'arts martiaux... mais bon... c'est juste une idée comme ça.

Ce qui me frappe, quand je lis les démarches de tout a chacun, en fait, c'est que beaucoup se focalisent sur LA technique à reproduire.
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guillaumedebeaufort
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jeu. janv. 12, 2012 4:34 pm

pierre al a écrit : Ce qui me frappe, quand je lis les démarches de tout a chacun, en fait, c'est que beaucoup se focalisent sur LA technique à reproduire.
Je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire, pourrais-tu développer, stp ?
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pierre al
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jeu. janv. 12, 2012 4:52 pm

Que beaucoup (a la lecture de ce sujet hein... je n'ai pas fait d'étude statistique) utilisent la démarche consistant à copier ce que fait l'image/dit le texte pour ensuite le ressortir en combat, préprogrammé ou non. Or, il y a beaucoup plus dans la majeure partie des sources que nous étudions. Des vocabulaires spécifiques, un énoncé qui mérite une étude, une organisation elle même très instructive sur la manière dont le combat est vu, pensé et codifié.
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