mode vestimentaire, et point de vue de l'Eglise

[yrwanel]

L'église a tenté d'influencer sur la parure que constitue le vêtement.... Manches larges: pas bon, fringues "colle au corps" indécent, les coiffes en pointe "oeuvre du diable", z'ont fini tout de même à ce que les cheveux féminins soient cachés même chez les gamines (St Paul et ses suites), "trop de fourure": pas bien, trop de couleurs: pas bien, bijoux: horreur!, maquillage: scandale...
Bref: l'habit entrant dans le défaut de coquetterie, les religieux y ont été....

Des "tue plaisir de la vie"...logique si les seules joies ne devaient être que spirituelles.... et avec BEAUCOUP de pot: au paradis!

[Sagiterra]

Trouvé là :
http://www.france-pittoresque.com/costumes/18.htm
ça :

La parure, objet d'une règlementation
Nous avons énuméré sommairement, non pas décrit dans leur détail, les pièces qui composaient le costume au quatorzième siècle, et la variété seule de ces objets suffit pour qu'on juge à combien d'articles de luxe s'adressait déjà la consommation. En raison des demandes faites par le commerce, la production augmentait partout où elle avait son siège ; et même, dans les pays qui jusque-là avaient été dénués de toute industrie, des hommes intelligents commençaient à voir la possibilité de naturaliser les professions qui enrichissaient l'étranger. Tel était le résultat de la prospérité relative qui s'était fait sentir pendant le treizième siècle, surtout depuis le règne de saint Louis. L'argent commençait à circuler ; la parure était la chose à laquelle on l'employait le plus volontiers, et des dépenses faites pour la parure naissaient l'art et la richesse.

L'Église, sans voir les avantages éloignés de cet état de choses, s'alarma d'un goût qui ne tendait que chez un trop grand nombre à dégénérer en fureur. Elle adjura les hommes d'État de réprimer ce qu'elle prenait pour un symptôme de la dissolution des moeurs ; et, comme ses terreurs étaient assez instillées par les anathèmes des législateurs antiques contre le luxe des habits, on en revint au système des lois somptuaires. Philippe-le-Bel rendit, dès l'an 1294, une suite de dispositions qu'on regarde comme le fondement de la législation française sur la matière. Jusqu'alors, il n'y avait eu que des prohibitions de circonstance, prononcées par les conciles ou par les synodes provinciaux comme mesures de pure discipline, l'ordonnance de 1294 régla ou prétendit régler, par la sanction d'une amende, la tenue et l'entretien de chaque classe de la société.

Le reste de l'article sur le site (citation d'une partie de l'ordonnance, en particulier)
Ces lois sont "créées" par le pouvoir séculier, mais sur pression de l'église.
Apparemment cette ordonnance de 1294 serait la première du genre.

[mode off] 1231: création, par Grégoire IX, de l'inquisition, tribunal ecclésiastique d'exception chargé de lutter contre les hérésies (constitution "Excommunicamus"). Premier inquisiteur: Conrad de Marbourg. Autres formes d'inquisition apparues ultérieurement : l'Inquisition espagnole et l'Inquisition romaine, le Saint-Office.
[/mode off]

[Hermelind]

Sinon, chez les Anglo-Saxons, on demandait aussi un peu de sobriété aux nobles dames qui entraient dans les ordres, parce que la guerre des broderies, au couvent, ça faisait désordre !!!

[Che Khan]

Yo

Je crois que l'exemple des poulaines est assez connu :

Pour ce qui est de la forme des souliers, on les faisait pointus. C'était toujours la vieille mode des poulaines ou pointes polonaises introduites dans l'Europe depuis près de 300 ans et dont, au commencement, l'Église s'était si fort scandalisée qu'elle l'avait mise presque au rang des hérésies. Depuis, le goût public s'était amendé relativement à la longueur des pointes ; mais le système était resté en honneur, n'attendant qu'un relâchement dans la surveillance exercée contre lui, pour retomber dans ses premiers errements. A la faveur de contestations survenues du temps de Philippe le Bel entre l'Eglise et l'Etat, les poulaines s'allongèrent insensiblement. Dès l'année 1312, les religieux de Saint-Victor de Marseille les prohibèrent dans leurs domaines. Ce n'est qu'une vingtaine d'années plus tard qu'elles prirent dans le Nord une extension assez prononcée pour rendre nécessaire l'intervention de l'autorité royale.

Bien à tous.

[Hermelind]

Tiens, et l'interdiction aux femmes de porter des vêtements d'hommes ? Ca a été pondu par qui ??

[smyrnoff]

Corwinna fram Gyruum a dit : Pour la canonisation de Saint Louis, ne pas oublier comment il a favorisé l'inquisition, et aussi le port de signes distinctif chez les Juifs. Quel brave homme

Il n'a pas été le seul! Au siècle dernier, un petit moustachu a réédité "l'exploit"; ses troupes avaient pour devise "Dieu est avec nous", c'est tout dire s'il avait bien raison...
300 jeunes preux originaires de Flandre, d'Albion et même de Germanie se sont d'ailleurs retrouvés en Belgique pour fêter dans la dignité l'anniversaire de sa mort; leur devise à eux c'est...attendez...ha oui: sang et honneur (en hommage à l'inquisition, sans doute...).
Zut, plus moyen de me souvenir de son nom, à ce comique...

[thillo]

Bon, restons dans le moyen-age, parce-qu'on va risquer de déraper vers le pape actuel ou je ne sais quoi d'autre, et celà deviendrait un sujet malheureux

[bohemond]

Les references aux textes de St Paul m'interresse grandement. Quelqu'un a-t-il des details?

[saint denis!!!]

Même avant de se lancer dans le débat religieux, quelqu'un à t il pensé au tropisme papale qu'est Rome?
Parce que là aussi je pense qu'on tomberait dans les lois somptuaires.
(Sinon le téléologisme a ça de bien qu'on est toujours dans son bon droit.)

[Hermelind]

Bohemond a dit : Les references aux textes de St Paul m'interresse grandement. Quelqu'un a-t-il des details?

Voilà un lien pour ce "texte"...
http://viechretienne.catholique.org/vie ... ticle=3371

(j'vais vomir, maintenant...)

[bohemond]

Moi si je m'en tient au texte (joyeusement machiste en l'occurence) il n'est question que de couvrir la tete pendant la priere : "Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore sa tête: elle est comme celle qui est rasée."Maintenant comme toujurs, les excités de tout bord peuvent aussi lire ce qu'ils veulent dans cette phrase.

[oriabel]

+ 1

[yrwanel]

Bohemond a dit : Moi si je m'en tient au texte (joyeusement machiste en l'occurence) il n'est question que de couvrir la tete pendant la priere : "Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête non voilée, déshonore sa tête: elle est comme celle qui est rasée."Maintenant comme toujurs, les excités de tout bord peuvent aussi lire ce qu'ils veulent dans cette phrase.

Reconnaissons que les choix de Rome TRES vite n'ont pas été "innocents", dont à trier "le bon grain de l'ivraie", soit: à déclarer "hérésie" ce qui n'entrait pas dans une certaine "ligne de parti".
D'autres auteurs ont existé, nettement moins "macho" que St Paul, mais ont eu.... moins de "succès" auprès de Rome.

L'ennui est que ce cher Paul est encore brandi plus que régulièrement en bannière encore actuellement!

Actuellement, je sais pas où en est la sainte église (il y a un très solide bout de temps que je ne me tape plus les prêches), mais, permettez-moi de vous rappelez que il n'y a pas si longtemps que cela, elle a couiné solidement contre les premières mini-jupes, tout comme cela a hurlé contre les premiers pantalons féminins, la mode "à la garçonne" vers 1920, le "new look", sortir "en cheveux" (années 50), etc..

Vu les "manuels" de bonne éducation féminine du MA, les femmes étaient sensées rester vierges et filer au couvent, le mariage était un "pis-aller" et elles étaient sensées prier les 9/10 du temps (voir entre autres: Histoire de la vie quotidienne de la femme, éd. Seuil). Corollaire: TOUT était susceptible d'attiser le péché de coquetterie, et l'envie des hommes, y compris le regard, la rapidité de la marche, etc..

Objectivement, vu les "recommandations" multiples de l'église et la mentalité du clergé, on aurait fini en tchador.(un poil tenaces, les celtes...)
Je SIGNALE que cela relève d'un simple constat. Point barre...

[bohemond]

C'est marrant parce que Ibn Jubair en visite a Acre vers la fin du XIIeme se plaint que les femmes des francs ne se tiennent pas decement. Elles n'ont pas le visage voilé et parlent avec des hommes MEME en presence de leur maris qui n'ont meme pas l'air choqué! (ces francs j'vous jure ...).

[Hermelind]

La situation s'aggrave au fil du temps. Même encore maintenant, dans des villages des Pouilles ou de Sicile, les filles se chopent très vite une sale réputation si elles se mettent à causer avec un homme. Un copain irlandais m'avait dit que ce qu'il appréciait en France, c'était de pouvoir discuter dans un lieu public avec une fille sans que tout le monde se mette à les déclarer fiancés.
Et je ne vous cause pas de cet Australien qui, venu en Europe, était persuadé que de toute manière, les Françaises couchaient direct, et qui s'est rendu compte qu'il allait passer pour un plouc une fois revenu au pays des kangourous, parce qu'il ne s'est pris que des rateaux (en même temps, le "t'es française ? Cool, on fait ça où ?" comme méthode de drague, c'est pas ce qu'il y a de mieux...)

Les femmes occidentales ont quand même eu la chance de bénéficier d'un "background" pré-chrétien qui a fait qu'elles ont résisté plus longtemps. Mais la bonne éducation chrétienne a quand même fait des dégâts à partir de la fin du Moyen Age. Ne pas oublier aussi les chasses aux sorcières. Un moyen supplémentaire de pression sur les femmes qui avaient quelques connaissances, et donc risquaient de concurrencer les hommes.