POésies et chansons

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le furet
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dim. août 08, 2010 11:32 am

Salut,

Ca vous dirait pas un petit sujet pour déposer des textes en VO, poésies chansons, etc. avec la traduction ?

Allez, je commence avec un texte de Guillaume de Poitiers (1071-1127) en vieil occitan.

POS DE CHANTAR...

Pos de chantar m'es pres talentz
Farai un vers don sui dolenz :
Mais no serai obedienz
En Peitau ni en Lemozi

Qu'era m'en irai en eissilh :
En gran paor, en grand perilh
En guerra laissarai mon filh
E faran li mal siei vezi

Lo departirs m'es aitan grieus
Del senhorage de Peitieus :
En garda lais Folco d'Angieus
Tota la terra e son cozi.

Si Folco d'Angieus no'l socor
E'l reis de cui ieu tenc m'onor,
Faran li mal tuit li pluzor
Felon Gascon e Angevi

Si ben no es savi ni pros
Quand ieu serai partitz de vos,
Vïatz l'auran tornat en jos,
Car lo veran jov' e mesqui

Merce quier a mon companhon
S'anc li fi fort, qu'il m'o perdon
Et ieu prec Jesu del tron,
Et en romans et en lati.

De proeza e de joi fui,
Mas ara partem ambedui,
Et eu irai man a celui
On tuit pecador troban fi.

Mout ai estat coindes e gais,
Mas noste senher no'l vol mais ;
Ar non puesc plus sofrir lo fais,
Tan soi apropchatz de la fi.

Tot ai guerpit quant amar suelh,
Cavalaria et orguelh,
E pos Dieu platz tot o acuelh
E prec li que'm reteng' amb si.

Totz mos amics prèc a la mort
Que vengam tuit e m'onren fort
Qu'eu ai avut joi et deport
Lonh e près et en mon aizi.

Aissi guerpisc joi e deport
E vair' e gris e sembeli

(texte version A. Jeanroy 1927)

Traduction :

Puisque j'ai connu le désir de chanter, je ferai un "vers" qui m'attriste ; jamais plus je ne serai servant d'amour ni en Poitou ni en Limousin.

Car maintenant, je vais partir pour l'exil ; en grande peur, en grand péril de guerre je laisserai mon fils ; et ses voisins lui feront du mal.

Il m'est si pénible de quitter la seigneurie de Poitiers ! Je laisse à la garde de Foucon d'Angers (Foulques V comte d'Anjou de 1109 à 1142) toute sa terre et son cousin.

Si Foucon d'Angers, ne le secourt point, ni le roi (Louis VI le gros 1108-1137) de qui je tiens mes terres, bien des gens lui feront du mal, félons Gascons et Angevins.

S'il n'est ni sage ni preux, quand je vous aurai quittés, ils l'auront vite jeté à bas, le voyant si jeune et si faible.

Je demande merci à mon compagnon : si jamais je lui fis tort, qu'il me pardonne ; et je prie Jésus dans le ciel, et en Roman et en Latin.

Je fus l'ami de prouesse et de joie ; mais maintenant nous nous séparons ; et je m'en irai vers celui auprès duquel tous les pécheurs trouvent la paix.

J'ai été fort aimable et fort gai ; mais notre seigneur ne veut plus qu'il en soit ainsi ; maintenant je ne puis supporter le fardeau, tant je suis proche de ma fin.

J'ai laissé tout ce que j'aimais, chevalerie et orgueil ; et puisque cela plaît à Dieu , j'accepte tout, et le prie de me retenir auprès de lui.

Je prie tous mes amis de venir quand je mourrai, pour m'honorer grandement ; car j'ai connu la joie et le plaisir, loin et près d'ici, et jusque dans ma demeure.

Ainsi, je laisse joie et plaisir, et vair et gris de zibeline.



Piéce écrite à l'occasion d'un pélerinage à Compostelle en 1117 après la levée de son excommunication. Guillaume passe d'Epicurien blasé à chef féodal tremblant pour son pouvoir...

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kalima
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ven. oct. 29, 2010 3:18 pm

Là, il y a l'original et des éléments sur chaque passage mais pas de traduction littérale donc je ne sais pas trop si ça convient

Gautier Léon. L'Entrée en Espagne, chanson de geste inédite renfermée dans un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Marc à Venise.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1858, tome 19. pp. 217-270.
doi : 10.3406/bec.1858.445570
url : http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... 9_1_445570
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le furet
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ven. oct. 29, 2010 8:56 pm

Ben oui et non, l'idée c'était de retranscrire ici de la lyrique pour témoigner de la réalité culturelle d'une époque et de ce qu'étaient les langues de l'art. Accessoirement, ça aurait pu aussi nous faire un petit carnet genre diapason rouge du méd' à la longue. Je vois qu'en Angleterre, quand ça chantait Breton en chœur, les mecs ont adoré. C'est de la convivialité en barre et un pas de plus dans la compréhension et l'immersion...

Mais bon, peu importe... Cette idée était vouée au bide apparemment, j'me garderai mes 110 bouts de lyrique pour agrémenter mes petites soirée d'hiver ...

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