Reconstitution d'un baudrier d'épée

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Modérateur : L'équipe des gentils modos

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Haeron
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mer. mars 20, 2013 5:19 pm

Très très belle réalisation déjà, chapeau pour le boulot!

Vous pourriez presque en faire le commerce! Plus sérieusement, je suis sur que ça en intéresserait plus d'un n'ayant pas la possibilité de faire ces démarches lui même.

Pour en revenir au sujet, j'ai l'impression qu'un nouveau mode de montage a été employé pour le fameux coude de la sangle 2, est ce effectivement le cas?

En tout cas un grand merci à vous pour le partage de tout ceci :)
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Guillaume de Pensac
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jeu. mars 21, 2013 11:14 am

Haeron, la discussion avec les passionnés est toujours positive (si elle est courtoise). L'avis d'un tiers apporte toujours et dans le cas qui nous intéresse une question se posait: comment stabiliser le coude de la sangle 2.
J'ai opté pour le maintien de ce coude par le biais da la sangle 1. De plus lors de la réalisation du laçage, une fente pratiquée dans la lanière 2 à son départ, permettait d'augmenter les solutions d'attache.

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Haeron
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jeu. mars 21, 2013 11:30 am

Merci beaucoup pour la précision.
En effet cette solution semble pas mal, et c'est surtout assez cohérent, ma curiosité concernant ce point est satisfaite :)

Il sera très intéressant de voir le résultat avec du cuir mouillé, mais en tout cas c'est très prometteur!
Bon courage pour vos tests.
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Guillaume de Pensac
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ven. mars 22, 2013 7:46 pm

Madame la conservatrice des sculptures du musée des Augustins a bien voulu me faire parvenir plusieurs photos du baudrier de Bernard de Comminges à partir desquelles j’ai pu effectuer un dimensionnement des éléments constitutifs du baudrier.

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Le noeud carré est constitué de deux bandes de cuir, de 9 mm, comme sur celui du baudrier de Saunières. La sangle inférieure du baudrier fait 48 mm de largeur. Une sangle plus large, que celle que j’avais choisi pour ma première reconstitution, s'impose pour un laçage de trois tours.
Néanmoins nous avons appris à être prudent et à ne pas prendre à la lettre les oeuvres des artistes médiévaux, quelles soient des miniatures ou des sculptures.

Le Musée Vivant Denon possède une bonne collection de bouterolles de fourreaux que l'on peut dater fin XIIIe ou début XIVe s. Cela m'a permis de réaliser une copie de bouterolle en fer pour mon fourreau.
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Bouchard
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dim. mars 24, 2013 10:31 am

Franchement excellent. Chapeau bas pour la démarche, le travail et le résultat. :top: :top:
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Guillaume de Pensac
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dim. mars 24, 2013 6:07 pm

Grand merci Bouchard, pour ton compliment.
J'espère avoir été utile aux médiévistes du forum qui n'ont pas accès aux collections archéologiques.
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khosrau de samarkand
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dim. mars 24, 2013 9:47 pm

C'est en effet du beau boulot, et avec une explication claire de la démarche. Je suis en train aussi de faire un fourreau pour ma I.33 d'Albion. Le montage du baudrier sera plus simple, basé sur celui de Sancho IV de Castille cité plus haut, mais avec un baudrier en cuir. Pour la couture des deux bords à l'arrière, j'ai opté pour un point "baseball" (je ne connais pas le nom de ce point en Français). Petite question, l'âme du fourreau, il est en quelle essence? Formé à la vapeur?
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Guillaume de Pensac
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lun. mars 25, 2013 10:15 am

La plupart des fourreaux retrouvés en fouilles comportent des âmes en tilleul, en peuplier ou autre bois blanc. Nos anciens avaient utilisé du bois à la fois léger et résistant, qui ne comporte surtout pas de tanin.
Donc ne pas utiliser du chêne (beaucoup trop lourd) dont le tanin migrera au travers du cuir et le rendra peu esthétique.
Pour ma reconstitution, j'ai utilisé de l'épicéa, droit de fil et sans noeuds. J’ai réalisé deux demi coques que j’ai creusé au guillaume pour épouser la forme de la lame avant de les coller entre elles. Donc, une âme non formée à la vapeur.
Depuis que j'étudie les baudriers et leur fabrication, je me pose quelques questions: Est-ce que dès le XIIIe siècle, il n'y aurait pas eu deux types de baudriers ?
Un type de conceptions robuste, conçu pour la guerre et un autre type de conception plus fragile, mais riche, utilisé uniquement pour la parade.
Quel est votre avis ?
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khosrau de samarkand
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lun. mars 25, 2013 1:30 pm

Je pense que c'est toujours difficile de connaitre la part de praticité d'un objet et la part d'apparat...
Ce qui est certain, c'est qu'il y a des fourreaux et des baudriers richement décorés (pour des sacres, notamment). De part leur construction, ils sont fonctionnels. La décoration est un plus...
Je ne pense pas qu'il y ait une distinction. La fabrication de fourreaux est une industrie avérée (cf. le site archéologique anglais qui devait être un atelier de fabrication de fourreaux). Si un fourreau ou un baudrier lache, on s'en refait faire un. Ca fait partie des consommables, comme les boucliers, les arcs, flèches, et encore d'autres objets. Après, il y a des fourreaux qui ne devaient pas beaucoup voir les champs de bataille (par exemple l'épée de sacre de Frédéric II).
De plus, assez souvent on s'aperçoit que le fourreau et le baudrier est "gênant" et le combattant s'en débarrasse (exemple de plusieurs gravures suisses, des traités de combat...)

J'ai déjà fait l'âme de mon fourreau, en tilleul justement, formé à la vapeur. Ca marche très bien, je m'attendais à une procédure délicate, mais c'est assez facile, en fait.
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khosrau de samarkand
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ven. mars 29, 2013 12:02 pm

J'ai une question concernant les bouterolles de fourreau: elles sont clouées à travers l'âme en bois? Le cuir seul? Y en a-t-il des non cloués ou fixés autrement (couture, ou par simple tension comme un ressort)? J'ai l'impression qu'on voit un peu de tout sur les fourreaux qui ont encore leur bouterolle. Et aussi des bouterolles sans trous...

D'ailleurs, pour les chapes de suspensions sur les épées à partir du XIVè, j'ai les mêmes interrogations. Sur les pièces que j'ai observées, elles semblent tout simplement ajustées à l'endroit où elles sont supposées être (vu que le fourreau s'élargit).
Mais certains rares fourreaux ont une section constante sur une bonne partie de leur longueur, et dans ces cas là, comment est ce que ces anneaux tiennent? Les quelques cas que j'ai vu auraient des renflements du cuir au dessus et au dessous de la chape, mais je ne sais pas si c'était pour empêcher la chape de glisser ou une conséquence de la chape et de la déterioration du fourreau...
thibaut de brabant
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mar. avr. 02, 2013 8:05 am

Pour les fourreaux, je prefre utilisé du hetre... pas de tanin et tres peux fibré. Il de fend donc pas et on peut etteindre des epaisseur assez fines.


Pour les bouterolles et la chape; Les coller ne suffit pas? La colle de peau, bien que solluble a l'eau devait etre suffisemant souple pour aderer au metal si la surface n'est pas trops lisse, non?
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khosrau de samarkand
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mar. avr. 02, 2013 3:08 pm

La colle, ça tient à peu près. J'avais essayé sur mon fourreau de sabre. Mais la question est plutôt: est-ce historique?
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Guillaume de Pensac
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mer. avr. 03, 2013 9:07 am

Thibaut de braban; Il est certain qu'il ne faut surtout pas utiliser un bois qui libère du tanin, pour la réalisation de l'âme du fourreau .
Le hêtre aurait bien les qualités nécessaires à la réalisation du fourreau si ce n’est qu’il est « lourd » et que c’est un bois qui ne résiste pas au temps quand il est utilisé à l’extérieur (désagrégation par pourrissement).
D’ailleurs, à la lecture des pièces de fouille, il semblerait que nos anciens n’aient pas opté pour le hêtre dans la confection des fourreaux. Ils lui ont préféré le tilleul et autres bois blancs, plus léger.
Quant à la fixation de la bouterolle à la base du fourreau nous ignorons si cette bouterolle était collée au revêtement de cuir du fourreau. En revanche pour la période mi XIIIe à mi XIVe s, la plupart des bouterolles étaient en feuille de laiton, simplement formées sur l’embout du fourreau et soudée à l’étain, à l’arrière.
La bouterolle du fourreau du baudrier que nous avons étudié, est bien en laiton (voir photo) et, il semblerait qu’elle soit « sertie » sur le fourreau. La face arrière présente les traces de deux petits clous en fer.

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Cette deuxième bouterolle, ci-dessous, est aussi en laiton. Il semblerait qu'elle ait été sertie sur le fourreau. Des trous de fixation ? pour ribets ou pointes ? sont visibles sur la face arrière.
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khosrau de samarkand
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mer. avr. 03, 2013 10:28 am

Interessant!

La soudure à l'étain, ça doit être suffisant pour la bouterolle, qui subit peu de stress, mais pour les éventuels anneaux de suspension, ça sera insuffisant je pense. Une soudure à l'argent serait probablement plus approprié.

Pour ce modèle de bouterolle, ça a bien l'air cloué en effet, mais jusqu'où? Si c'est à travers le bois, c'est probablement sur une partie au dela de la lame de l'épée, afin de ne pas abîmer cette dernière.
Et les bouterolles en U, qu'en est-il? Guillaume de Pensac, tu aurais des infos détaillées sur les autres types de bouterolles?
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Guillaume de Pensac
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mer. avr. 03, 2013 3:25 pm

Khosrau, c'est aussi mon avis. Pour ce type de bouterolle, la liaison était probablement réalisée par deux fines pointes positionnées de telle façon qu'elles ne touchent pas la lame. D'ailleurs c'est de cette façon que j'ai fixé la bouterolle à mon fourreau (voir ci-dessus)
En ce qui concerne les anneaux de suspension, pour les baudriers plus tardifs dans la période fin XIVe et XVe s, il me semble avoir eu en main un anneau de fer soudo-brasé avec un métal d'apport qui ressemble à du laiton. A confirmer.

L'histoire de la bouterolle est un sujet vaste puisqu'elles apparaissent déjà au Hallstatt ancien .
Dans l'ouvrage de Louis Bonnamour "Du silex à la poudre" on peut remarquer, à la page 58, que les bouterolles en bronze de l'Hallstatt ancien et moyen avaient des formes assez variées.
Il faut aussi souligner que dans les temps anciens (8e s av J-C) les fourreaux étaient recouvert de métal (bronze) et que la bouterolle n'était présente que pour renforcer l'extrémité du fourreau.
Au 3e siècle ( voir page 75 du silex à la poudre ) apparaissent des formes de bouterolles qui perdureront jusqu'à l'extrème fin du XIIe siècle. Nous connaissons la forme de ces bouterolles du XIe, XIIe et début du XIIIe s par l'iconographie, mais malheureusement pour nous nous n'avons pas encore découvert en Bourgogne de pièce archéologique de cette époque pour que je puisse formuler un avis sur le maintien de ces bouterolles sur le fourreau.
Mais n'y a-t-il pas au musée de Montségur une bouterolle début XIIIe s ?

Pour en revenir à la bouterolle d'épée des années 1250 et postérieure, il a été trouvé dans la Saône à hauteur de Varennes-le-Grand une épée de transition (estoc et taille) sous l'inventaire 80.87.4 accompagnée de la bouterolle du fourreau qui allait avec. Curieusement la bouterolle porte 5 trous sur le devant.
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