Allez hop, je m’immisce dans le débat ; passionnant mais ô combien improbable. Perso, j’aurais tendance à penser que la cavalerie médiévale, c’est comme les mailles médiévales : y avait de tout ! Entre les conrois professionnels, les seigneurs de guerre, les p’tits chevaliers du dimanche (pas de Bouvines !) et les occasionnels entrainés, y avait un peu de tout. Et les niveaux équestres, martiaux et tactiques devaient être à peu près aussi hétérogènes que les équipements militaires.
tancrède 2 a écrit : L'attaque de cavalerie n'ouvre donc pas la bataille, ni même un assaut, elle est plutôt la dernière phase, ou en tout cas l'achèvement de l'assaut d'un "bataillon".
Ca doit être propre aux croisades orientales alors, car par ici, c’est plutôt le contraire : Hastings (1066), Steppes (1213), Bouvines (1214), Hausbergen (1262) sont des batailles qui s’ouvrent quasiment toujours sur une charge de cavalerie.
Au passage, j’aimerais bien (mais ce n’est pas le lieu pour en débattre ici) qu’on précise « croisades orientales » et « croisades slaves » : car oui, tout le monde parle des croisades contre les musulmans, mais faut pas oublier qu’il y a eu des croisades contre les peuples slaves (et par ricochet les Mongols) qui ont duré 100 ans de plus que celles contre les musulmans. Et soit dit au passage, ces batailles contre des peuples cavaliers, bien que peu sourcées (je mets quiconque au défi de me trouver une narration histo correcte de la bataille de Leibnitz) devaient concerner très majoritairement des charges de cavaleries (en particulier les Mongols, qui avaient le mal de mer dès qu’ils étaient à pieds !)
Mais là on s’éloigne du sujet.
tancrède 2 a écrit : Du coup, à la lumière des sources, on peut imaginer une charge d'une cinquantaine de mètres environ (plus loin, il me semble que la protection des arrières de l'infanterie serait illusoire), départ du pas ou de l'arrêt. Bref, pas de grandes charges héroïques, mais plutôt des charges courtes, précises et certainement assez rapides et fulgurantes
Mon analyse perso des sources m’inciterait aussi à penser ça, avec une distance plutôt d’une bonne centaine de mètres.
Mon analyse perso des expérimentations menées jusqu’ici m’incite également à penser que charger en rangs cohérents relève de l’exploit, entre les chevaux qui ont différents degrés de réactivité, de dressage plus ou moins poussé, les cavaliers plus ou moins expérimentés en équitation, et les différences de conceptions des tactiques et des ordres (et de l’obéissance aux ordres) ça devait franchement pas être évident de charger en ordre.
Sauf pour un conroi de seigneurs habitués à la guerre, habitués les uns aux autres, et très expérimentés, là par contre ça pouvait créer une différence. C’est probablement ce qui a pu se passer à Bouvines, avec des seigneurs majoritairement âgés d’une quarantaine d’années, et ayant un passif militaire assez solide.
Guillaume de BLAYE a écrit : le cavalier bénéficie de la "hauteur" de son destrier. ce qui le place en bonne position pour abattre son arme sur le chef des gars qui passe,
La hauteur permet de passer plus ou moins facilement par-dessus, par-derrière ou par-dessous l’écu du piéton.
Mais l’impact est aussi très important. Lors d’expérimentations, sur une charge normale (galop ni trop lent ni trop rapide) j’ai eu un impact plus violent à cheval avec une épée qu’à pieds avec une hache. Autant dire qu’à cheval, armé d’une hache ou d’une masse, l’impact doit être encore plus dévastateur.
Guillaume de BLAYE a écrit : Si un bonne mêlée est assez lâche, ouverte, aérer... j'ignore le terme, mais on comprendra, un cavalier avec un bon cheval rassemblé (tu as raison Hector des mares) pourra volter et se "servir" sur le piéton,
Alorsl à au contraire, je conçois très mal un cavalier dans une mêlée entouré de piétons : il sera très vite statique (pas ou trot) et là, je dirais que l’avantage reviendra au piéton, qui pourra très vite s’attaquer à la monture. Exemple célèbre de Bouvines où Philippus Rex sera désarçonné dès qu’il est à l’arrêt, et où Renaud de Dammartin verra son cheval se faire éventrer par un sergent à pied…
Hectore des Mares a écrit : Pour les éperons... c'est un peu pareil. Après il ne faut pas oublier que le cavalier médiéval est sur un petit cheval, les jambes descendent fort et son souvent bien en dessous de la bête, il faut donc de longs éperons pour l'atteindre.
Pas d’accord : les éperons archéo des XIe-XIIe-XIIIe siècles sont très courts et il faut attendre les XIVe et XVe siècles pour les voir s’allonger sensiblement.
Un cavalier histo n’est pas non plus aussi grand que maintenant : quelqu’un de 165 cm sur un cheval de 145 cm ça revient en proportions à peu près à la même chose qu’un type de 180 cm sur un cheval de 170 cm. En revanches, il est clair qu’ils chaussaient long, jambes en avant, ce qu’on voit sur toutes les enluminures.
Guillaume de BLAYE a écrit : ben ok mais alors pourquoi ce faire chier a faire des fauchards (ces fameuses hampes avec un crochet au bout) pour faire chuter un chevalier beaucoup d'arme d'hast sont dispos (et on remarquera que beaucoup ont des crochets
Au passage, fauchard désigne une arme destinée à faucher, type faux. Ensuite les armes d’hast sont ultra minoritaires du XIe au XIIIe siècle, il faut attendre la mi XIVe pour les voir se développer réellement. Et pour les XIe-XIIIe, il s’agit majoritairement de lances, dénuées de crochets. Donc oui, ça a existé, mais pas dans des proportions très importantes.
Quant à ceinturer un cavalier, oui, ça me semble très plausible, n’oublions pas que les cavaliers eux-mêmes finissent très vite au corps à corps (testé dans des AMHE avec un gros bémol : personne -ou presque- n’a encore testé ça avec des selles histos, qui doivent handicaper certains mouvements mais aussi favoriser certaines clés ou blocages)
Guillaume de BLAYE a écrit : pour l'analyse piéton, j'ai put le vérifier aussi... outre le coté psychologique de la charge et l'arrivé d'un chewal même de 1.45m, faisant disons, 450 kg, lancer a 21km/h, avec un mec et une lance qui fait un point d'impact de 2-3cm de diamètre...
je pense que la lance créera un fort soucis pour le mec a pied
Tout à fait ! Lors des spectacles ou entrainements que je fais quasi quotidiennement, le souci numéro un est de préserver le piéton. Et on y va gentiment, en faisant du spectacle, avec des armes bluntées, et en prenant soin d’éviter de faire bobo au piéton. Donc en y allant à fond, côté piéton, j’aimerais pas trop être à leur place… du moins aussi longtemps que la cavalerie est en mesure de charger.