jeu. déc. 11, 2008 5:37 am
Ma démarche est tout à fait scientifique... C'est celle de Marc Bloch réadaptée à la reconstitution.
La reproduction avec pour seule base les sources ne sera jamais 100% histo-correcte, elle ne reproduira que ce qui a été représenté ou conservé, à savoir à certaines époques peu de choses. Ce qu'on reproduit est certes historiquement correct mais ne représente qu'une parcelle de la réalité de l'époque. Personne ne peut prétendre qu'on connait parfaitement toutes les armes médiévales et leur diffusion à toutes époques.
La démarche d'hypothèse s'appuyant sur des études des flux culturels et militaires ayant pu entraîné une légère diffusion de certains matériels d'une région à une autre est parfaitement scientifique à partir du moment où elle reste dans un cadre logique (on ne peut prétexer que la plate existe début XIIIème en toute bonne fois et en s'appuyant sur une étude scientifique correcte : celle-ci sera forcément faussée). La limite entre hypothèse scientifique et extrapolation est certes très floue, mais elle existe.
Les reconstituteurs ont la fâcheuse tendance à s'enfermer dans les sources sans se rendre compte des problèmes liées aux sources : absence de ses dernières, lacunes, imprécision, manque de connaissance de la réalité par l'enlumineur... Bref, la source c'est bien, mais la source (et ça tout historien correct vous le dira), ça se critique.
Les sources sont en soit un objet d'histoire! Parce que leur situation dépend des évènements hsitoriques. Restons sur l'exemple de cette masse : elle existe en Angleterre dès le XIIème siècle. Vu les nombreuses pièces archéologiques retrouvées, on peut supposer (et uniquement suposser!) que sa diffusion était assez large.A partir de cette hypothèse, les combattans anglais engagés dans les conflits continentaux de ce siècle en ont certainement amené avec eux. S'il y a eu conflit, il y a eu contact guerrier entre des "anglais" et des "français". On ne va pas me dire qu'un seul de ses porteurs n'a été tué, ni que l'une de ses armes a donc pu tomber dans les mains d'un combattant français - ou juste vue, ça suffit généralement.
A partir de là, il y a possibilité de diffusion. On ne trouve pas ce type de fer de masse en France? Donc c'est qu'il n'y a pas eu de diffusion importante, ça c'est sûr. ça ne veut pas dire que quelques combattants français n'en portaient pas. Car disons qu'une centaine de combattants en aient porté. Au bout d'un moment, ce genre d'arme se fait toujours relégué à la casse, donc sont refondues. Une autre part se perd, c'est généralement là que nous récupérons nos pièces de fouille. Sauf que ces pièces de fouille peuvent être trouvées avant nous, par quelqu'un qui se fout de sa valeur de pièce de fouille, et donc le métal est réutilisé. Résultat, sur les cent combattants, quasi-aucune chance de récupérer une arme. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a pas une engloutie ou enterrée quelque part.
Dévellopons toujours autour de ce joli jouet : elle date de ma période. Mais la région que je reproduit n'a quasiment aucun contact avec l'Angleterre, que ce soit par le commerce que par la guerre. Il est donc clair que dans la petite Seigneurerie de Raucourt, aucun combattant ne devait porter ce type d'arme. On ne la reproduira donc pas dans mon asso.
Par contre, les combattants des "marches" c'est à dire des frontières avec les terres anglaises sur le continent, fréquemment attaquées, peuvent avoir vu de plus ou moins près ce genre d'arme. Donc peuvent vouloir les reproduir, réutiliser les prises etc. Je suis d'accord, ça ne veut pas dire qu'ils l'ont fait. Mais ça ne veut pas dire qu'ils ne l'ont pas fait. Là, se reproduction est une hypothèse de reconstitution sérieuse tant qu'on n'en voit pas dix (deux en fait seraient déjà étonnants) dans la même asso reconstituants des guerriers qui appartiennent à une terre qui pour une raison ou une autre a des contacts avec l'Angleterre...
Baudoin d'Autry
Peregrines Nobili