Pierre Al a dit :
Les recherches ont prouvées que nous avons largement de quoi faire en DEMEURANT dans les limites techniques qui sont fixées. Les démarches de recherche de l'ardhamme l'ont prouvées noir sur blanc. C'est seulement en DEMEURANT dans les limites du texte qu'ils ont réussis a reconstituer le geste de la frappe liechtenaurienne.
C'est gentil de nous flatter comme ça, mais hélas, j'ai trop d'honnêteté et je me vois dans l'obligation de casser un peu le mythe ardamhesque
. L'ardamhe continue encore et toujours à se prendre le chou sur Liechtenauer. Sans cesse on reprends tout depuis le début et on essaye de comprendre en confrontant les textes et la réalité.
Parce que si les textes nous ont la plupart du temps donnés une vision assez claire de ce que à quoi ressemble un mouvement, comme le scheitelhau ou un unterhau, d'une part quelques fois les textes sont en désaccord apparent entre eux (le "Doebringer" est le meilleur exemple d'un texte atypique, par rapport aux 4 grands textes classiques liechtenaueriens du 15e (Ringeck/von Danzig/Juden Lew/Speyer), mais Meyer en est un aussi), mais surtout il nous semble de plus en plus évident qu'il nous manque le contexte précis et exact dans lequel faire les techniques, celui-là même que préciserait oralement un maître d'arme s'il était vivant.
Car bien souvent il faut trouver les déplacements qui vont avec (rarement précisés, et jamais avec une précision suffisante), savoir comment le mouvement se place du point de vue vor & nach, quel est l'état d'esprit des combattants (c'est intimement lié au point précédent), s'il y a engagement suite à une parade, comment la parade a été effectuée, où se trouvent les pointes des épées, quelle pression est exercée, est-ce une résistance active (on déplace l'arme adverse) ou passive (on reste plus ou moins fermement sur place), quel timing suivre...?
Si tout cela n'a pas été posé par écrit, c'est probablement parce que les lecteurs étaient soit censés les connaitre soit pouvoir les retrouver sans trop de difficulté, et c'est ce qu'on s'efforce de faire, mais avec difficulté, vu qu'on n'est pas des maîtres d'arme du moyen-âge. Donc moi je dit que Ringeck ou "doebringer" sont très largement lacunaires, mais de notre point de vue actuel et moderne seulement (un jour peut-être, ils nous suffiront).
S'imaginer qu'appliquer les textes à la lettre, même avec la meilleure compréhension de l'écrit possible suffira à garantir le bon fonctionnement des techniques est à mon avis illusoire. Il faut y rajouter beaucoup de soi via pas mal de réflexion, d'essais carrés et d'expérimentation diverses et variées. Surtout dans un style aussi bourré de subtilités comme l'est celui de Liechtenauer. J'attends toujours de voir quelqu'un faire un combat libre en utilisant un style liechtenauerien pur et ne pas se ramasser. Fiore ça passe déja, mais pas Liechtenauer et même chez les meilleurs (qui rajoutent tous des choses extérieures non-canoniques pour que ça passe malgré tout)
Aussi tu as raison, il faut rester le plus exactement possible dans les termes établis par les textes si on veut bien faire, mais il faut aussi y rajouter pleins de choses, en s'assurant de ne pas rentrer en contradiction avec les textes.
L'ardamhe n'est hélas pas une encore un exemple quand au bon geste à faire. Mais on y travaille, et petit à petit ça avance...
Et donc par rapport à l'improvisation, les combos perso... personnellement, je n'y suis donc pas hostile par principe. Si ça marche réalistiquement, moi ça me suffit, même si ce n'est pas ça que je recherche pour moi.