Désormais, j’ai une bonne connaissance de ces choses grâce à Dieu, et par la pratique, l’expérience et l’enseignement de nombreux maîtres, de pays divers et variés et qui étaient savants de par la perfection de leur art.
Que veut tu qu'il dise, bon dieu ? "J'ai acquis la connaissance de l'art en plagiant mes prédécesseurs (ce qui est le cas), en pompant une partie de mes phrases sur des traités vieux de 80 ans (ce qui est aussi le cas)" ? Non. Même si la notion de propriété intellectuelle est totalement différente, il y a une FACON de le dire. Et sortir le tralala, les nombreux maîtres, tout ca tout ca, c'est une MANIERE de présenter le truc. Manière très a la mode dans le monde des érudits.
Ensuite, Vadi écrit en 1484. La culture n'est déja plus totalement médiévale en italie, surtout celle des cours érudites, et c'est le cas de celle d'urbino. A la fin du XVème siècle, l'art du combat tel que le décrit Vadi, il tombe en désuétude. Tellement que le maître suivant du duc, c'est Pietro Monte, fondateur d'un style moderne, simple et surtout IMPRIME. Vadi, c'est une tradition plus qu'un art de combat contextuel, qui répondrait à une pratique réelle de la violence. D'ou la conservation remarquable depuis Fiore et consort. C'est un bouquin curial, bon sang, qui s'adresse a des gens qui parlent en langue fleurie, qui enrobent toutes leurs phrases d'un vocabulaire a rallonge, qui recherchent dans les mythes anciens une signification des bouleversements en cours en europe. Aujourd'hui, on dirait "snobs" "intellectuels" ou "haute société"
Ajoutons maintenant qu'il est fort possible que Vadi ait appris de plusieurs maitres. Fort probable. Maintenant, la phrase citée DEMANDE T'ELLE AU PRATIQUANT DE SE CONFRONTER ET DE MELANGER LES STYLES ? Non. Elle ne fait qu'exposer les références d'un enseignant. Pour que le savoir ne se perde pas (notation, jamais vadi ne parle d'enrichir ce qu'il expose, le texte original indique plutot que c'est par sa démarche que Vadi enrichit un savoir existant. Bref, c'est LUI qui participe au progrès. Et pas par le partage. Faut lire les phrases avec précision, et pas juste balancer les infos comme ca.)
Faisons une petite analogie : Je suis universitaire. Les quelques universitaires qui ont beaucoup influencés mon mode de réflexion sont Pascal Butterlin, Pierre Monnet, Bruno Laurioux, Michel Zimmermann et Georges Tate. Je l'ai inscrit dans l'intro de ma thèse. Mais ce n'est pas parce que c'est MON parcours que c'est un conseil que je donne aux autres. Ce ne sont que MES REFERENCES. Point a la ligne. Jamais je ne dirais que c'est le parcours a suivre indispensable pour parvenir a mon niveau.
Enfin, on a peu d'infos sur la pratique quotidienne, ou tout du moins régulière des anciens. Ou sur l'enseignement. Mais on sait certaines choses, notamment que les auteurs anciens demandent un secret ABSOLU sur leur enseignement. Et demandent à leurs élèves de jurer de ne JAMAIS révéler leurs coups et bottes. On est loin, très loin du partage.
Que tout le monde comprenne bien. Je ne suis pas contre les rencontres d'échange, loin s'en faut. Ce qui me hérisse le poil, c'est la volonté incompréhensible de justifier de manière historique mais néanmoins farfelue cette démarche. Alors qu'il n'y en a pas besoin.
Les rencontres entre pratiquants, c'est une démarche moderne, et c'est très bien. Pas besoin d'aller chercher midi a quatorze heures.