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Posté : jeu. févr. 11, 2010 4:15 am
par othon
payns a dit : Les psychologues mettent en garde des dangers des jeux vidéos violent ou des films violent, car ils dessensibiliseraient l'esprit de ce genre de pratique.




Peut-être, mais ca n'affecte selon moi aue les personnes qui ssont déja psychologiquement faibles.. des tarrains propices, en quelque sorte. Et dans ce cas, le JV ou film violent n'est qu'un déclencheur..





Franchement question JV et films violents, je suis bien pourvu, et pourtant, tout les gens qui me connaissent disent que je suis doux comme un agneau... bon, peut-être suis-je un psychopathe en herbe gnark gnark gnark...





les exutoires violents, je pense que c'est un autre problème.





Par contre, il est clair que la guerre, la vraie, est une situation très éprouvante. Passer du statut "Mr Tout le monde" à "guerrier" ne se fait pas facilement, et presque jamais totalement...


Il est évident qu'il faut avoir une sacrée force mentale pour ne pas sombrer devant "les horreurs de la guerre".

Posté : jeu. févr. 11, 2010 4:54 am
par le furet
payns a dit : Les psychologues mettent en garde des dangers des jeux vidéos violent ou des films violent, car ils dessensibiliseraient l'esprit de ce genre de pratique.



Du coup, on peut transposer comme tu l'as fait Tancred, à savoir que fréquenter la guerre, la mort tout les jours, on finit par trouver ça normal.



Aujourd'hui, et mon ami Millitaire confirme aussi ces propos :



La culture de la guerre est la culture du "tout à distance".

Tu tires au fusil sur quelqu'un, tu le vois au loin tomber ... tu n'as plus la sensation du prendre une vie, ce qui fait, que durant des phases "hardcore", avec bayonnette, close combat et j'en passe, il y a beaucoup plus de traumatisé, car on perd l'habitude de la mort sanguignolante ! (voir en afghanistant où le sujet est tabou d'ailleurs ).



On veut, et on impose la culture de la guerre propre, sans souillure du sang.



Voila pourquoi on parle de traumatisé de la guerre.




Un de mes proches rentre juste d'Afghanistan. Il avait déjà charrié des blessés par balle en Bosnie, soigné des mômes gangrénés et des lépreux au Tchad et même évacué des victimes d'avalanche quand il était chasseur alpin. Mais le stress le plus dur à supporter qu'il veuille bien exprimer, c'est la vigilance constante nécessaire.


Vigilance pour déjouer les IED. C'est de devoir accepter sans hésitation de devoir tirer sur un môme qui s'approche trop près parce que tu ne sais pas s'il n'a pas une ceinture d'explosif sous la chemise. C'est de devoir se méfier de tout le monde parce que tu n'est pas à l'abri d'un taleb infiltré dans l'ANA où même d'un journaliste qu'on te colle et qui va faire une connerie qui te mettra en danger. Tu ne sais pas non plus en cas d'accrochage si tu auras un soutien et si le soutien arrive, ni quand on va donner l'ordre aux mortiers de tirer ou si les hélicos sont disponibles, tu ne sais pas si le pilote de l'apache ne va pas se tromper et te dégommer ce qui a failli lui arriver à plusieurs reprises... Mais c'est aussi une vigilance envers ses hommes, vérifier que l'épuisement ne pousse pas certains à retirer des plaques sur le gilet pare-balle pour être plus légers. Vérifier, que tous emportent une quantité suffisante de munitions et d'eau ainsi que des vêtements chauds pour passer une nuit dehors, c'est encore le stress de réclamer et obtenir une double quantité de grenades pour éviter le scénario de la vallée d'Uzbin, c'est vérifier que les armes soient entretenues et que les gars ont bien réparé ce qui déconnait sur le VAB avant de repartir.





Le reste, s'il a du tirer ou pas, s'il a tué ou pas, s'il a vu des cadavres, où il était, etc., il n'en parle pas et nous, sa famille, avons appris à ne pas poser ces questions. C'est une réserve qui fait partie (chez nous en tout cas) du respect des anciens combattants, comme mon grand-père qui était dans les Ardennes en mai 1940, comme mon oncle en Algérie, etc...





Un jour, s'il en a le droit, la volonté et l'aptitude, on l'écoutera avec attention. Mon Grand-père ne m'en a parlé que peu avant de mourir. Le Grand-père de ma copine, qui était résistant et a fait carriére à la DGSE ensuite, s'est laissé mourrir quand il s'est senti devenir gâteux et n'a jamais rien lâché. C'est une psychologie très particuliére qui impose des contreparties émotionnelles lourdes. Au passage, méfiez-vous des mythos, ils sont nombreux y compris en kaki.





Tout ce que je sais, c'est qu'après ses six mois, il a du se faire violence pour supporter que quelqu'un s'approche de lui sur un quai de gare pendant quelques jours et certains soldats de retour d'Afghanistan font des cauchemars, d'autres, réveillés en sursaut ont commis des actes violents. On ne revient jamais intact d'une guerre si on est réellement combattant et la guerre ne s'arrête pas pour le combattant à sa sortie du thêatre d'opération.





Quant à s'accoutumer à la vue des morts, à la souillure par le sang. C'est quelque chose de possible mais dont le prix à payer en terme d'humanité est souvent terrible. Une technique pour atténuer cela c'est de déshumaniser l'ennemi, y'en a d'autres. Après tout dépend de la valeur du tabou. Je connais un ouvrier d'abattoir qui tue une centaine de porcs par jour, l'acte de donner la mort est devenu tellement banal pour lui que ça l'inquiéte.





Pour le reste, la psychologie du combattant est un subtil mélange de grégarisme, de liens humains, de préparation par la propagande et l'idéologie, de peurs et autres émotions, d'instincts de survie et de réflexes acquis à l'entraînement. Quant à l'héroïsme, c'est une considération extérieure à une situation critique dont les ressorts du moment dépassaient cette notion le plus souvent. A moins qu'il ne soit monté en idéologie de conditionnement du combattant...





A+