Avis aux artilleurs

vinczenty · dim. avr. 27, 2008 2:00 am

J'organise les deux et trois août prochain un grand rassemblement fermé au public et consacré à l'artillerie (axé sur la période Charles VII - Louis XI). L'ensemble se déroulera sur un site privé. Nous disposerons d'un pas de tirs réels pour ceux qui le souhaitent. Le samedi, il y aura aux côtés des médiévistes quelques collègues universitaires afin d'organiser une table ronde permettant de confronter les approches expérimentales aux approches historiennes et archéologiques. La présence de reconstituteurs axés davantage sur les hommes d'armes nous permettra également d'expérimenter quelques manoeuvres communes poussant à apercevoir plus précisément l'interaction entre gens de pieds et artillerie. Beaucoup d'entre vous sont déja au courant mais je vous envoie un petit rappel afin de pouvoir organiser tout cela dans les meilleurs condition. Et pour finir, un petit aperçu du site, situé en Seine-et-Marne, sur la commune de Verdelot, en plein désert briard.

vinczenty · lun. juin 16, 2008 3:24 am

Voici un premier aperçu du programme et du déroulement de ces journées:

En partenariat entre

Centre d’Histoire

des Sciences et d'Histoire des Techniques

Université Panthéon- Sorbonne Paris 1

Syndicat d’Initiative

Brie Champagne

Association de reconstitution et d’expérimentation médiévales Mesnie de Brie Champagne 1461-1483

« BOUTTEZ LE FEU »

1éres RENCONTRES INTERNATIONALES

POUR L’ARTILLERIE MEDIEVALE

2 ET 3 AOÛT 2008

Sous la dénomination de « Révolution militaire », l’historien anglo-saxon Geoffrey Parker envisageait en 1988 l’apparition et l’essor de l’artillerie pyrotechnique comme une rupture marquante dans les pratiques martiales de l’Occident. Avant lui, Napoléon III ou Montgomery consacraient d’imposantes recherches aux profondes mutations initiées en Europe par l’usage croissant de la poudre noire sur les champs de bataille. En termes de chronologie, le consensus se fait aujourd’hui pour reconnaître que la charnière première se place entre la seconde moitié du XVème et les premières décennies du XVIème siècle.

Depuis les années 1990, de nombreuses études ont pu être menées, visant à recenser les pièces d’artillerie de cette époque tout en cherchant à établir diverses classifications des matériels utilisées. De même, les recherches visant à la compréhension de l’usage tactique de l’artillerie pyrotechnique ont avancé à grands pas ces dernières années. Ces études se sont généralement appuyées sur des approches historiennes, archéologiques ou muséographiques. Parallèlement, quelques passionnés d’histoire médiévale exploitaient les travaux universitaires et leurs propres observations afin de tenter de reproduire des pièces d’artillerie pyrotechnique s’approchant au mieux des pièces originales. Surtout, ils s’employaient à en faire usage dans un cadre sécurisé afin d’en mieux comprendre les modes de déploiement. La création nouvelle du Centre d’Histoire des Sciences et d’Histoire des Techniques Panthéon-Sorbonne Paris 1 pousse à envisager des modes d’approches nouveaux et originaux relativement à cette question de la naissance, du développement et des modes d’emploi de la poudre noire dans l’art militaire. Désormais, les recherches menées sur les divers écrits d’ingénierie du XVème et du début du XVIème siècle apportent un éclairage neuf à ces recherches.

Avec ces premières journées internationales de rencontre, une opportunité nouvelle d’échange s’offre à tous les chercheurs désireux de mieux comprendre les modalités de mise en œuvre de l’artillerie durant cette transition entre époques médiévale et renaissante. Pour la première fois, universitaires et expérimentateurs, historiens, archéologues, conservateurs et restituteurs ont la possibilité d’échanger, croiser et confronter leurs travaux, bénéficiant ainsi d’une évidente complémentarité du résultat de leurs recherches respectives.

A la lumière de ces échanges, ce temps nouveau de dialogue doit permettre à chacun de mieux cerner les modalités de la mise en œuvre des pièces d’artillerie collectives. Quelles sollicitations logistiques peut-on apercevoir ? Quelles contraintes président à l’entrée opérationnelle de pièces à usage collectif ? Comment définir les interactions entre la mise en œuvre de ces pièces et les déploiements tactiques traditionnels ? Comment faut-il appréhender les manœuvres communes aux hommes d’armes et aux artilleurs dédiés aux pièces tant collectives qu’individuelles ?

Telles sont quelques-unes des interrogations qui orienteront primitivement les réflexions menées à l’occasion de ces journées d’août. Il s’agira de croiser les différentes approches méthodologiques afin d’approcher au mieux la réalité des pratiques transitoires entre temps médiévaux et renaissants. Une publication finale des actes de ces rencontres pourra être envisagée.

Sur le site fortifié privé de Launoy-Renault (commune de Verdelot, France, Seine-et-Marne), diverses infrastructures offriront à chacun l’opportunité de livrer le résultat de ses recherches de manière optimum (salles de conférence, larges terrains de déploiement, espaces de tir pour les pièces à boulets, … A noter la présence de chambres et de dortoirs mis à la disposition des chercheurs désireux de séjourner pour l’ensemble du week-end). Aujourd’hui propriété de la famille Alirol qui l’ouvre pour accueillir ces rencontres, le château de Launoy-Renault fut créé il y a exactement 700 ans, en 1308. Fortement remanié au XVème par la famille des Ursins qui le tenait alors, il fut adapté à l’usage de l’artillerie au XVIème siècle. C’est désormais un site exceptionnel grâce aux nombreux travaux de restauration menés depuis quelques années par Georges Alirol.

Programme

Recherches et expérimentations étant étroitement liées lors de ces journées, nous proposons le programme suivant, étant entendu que les interactions entre les divers champs pourront amener à des modifications sensibles dans les horaires et opérations prévues.

Journée du samedi :

- 9h30 : Grand logis ; présentation des deux journées de rencontre, exposé des problématiques et enjeux par Vincent Majewski.

- 10h : Grand logis ; table ronde visant à poser les bases épistémologiques de l’étude de l’artillerie pyrotechnique.

- 10h : Campements ; entraînement aux manœuvres de piquiers.

- 11h : Grand logis ; débats et expressions des problématiques liées à la compréhension de la mise en œuvre des pièces collectives. Universitaires et expérimentateurs sont invités à anticiper la préparation de leurs questions. Construction des dispositifs expérimentaux des rencontres.

- 11h : Pas de tirs ; concours de tirs à l’arbalète et à l’arc.

- 14h : Pas de tirs ; alternance de tirs et de mesures liés à l’emploi de projectiles de pierre, de plomb ou de fonte sur pièces collectives et individuelles.

- 15h : Grand logis ; échange sur les tirs à projectiles, mise en perspective.

- 16h : Lice ; déploiement tactique (mêlée) et mise en œuvre non anticipée des corps d’artillerie en coordination avec les détachements d’hommes d’arme et de piquiers dans le respect des préoccupations problématiques exprimées durant la table ronde du matin.

- 18h : Campements ; détente autour d’un match de Soule à la crosse.

Journée du dimanche :

- 10h30 : Grand logis ; présentation de l’état des connaissances relatives au déploiement dit du « hérisson » (coordination entre piquiers et servants artilleurs de pièces individuelles).

- 11h : Lice ; déploiement tactique visant à expérimenter la manœuvre dite du « hérisson ».

- 14h : Campements ; pas d’arme.

- 14h : Grand logis ; table ronde, bilan et perspectives fixant les enjeux inhérents à une étude interdisciplinaire de l’artillerie pyrotechnique.

- 16h : Lice ; déploiement tactique (mêlée).

Ysengrijn · lun. août 04, 2008 5:15 am

Voilà qui est fait !

Un rassemblement intégrant des universitaires spécialisés en histoire médiévale et archéologie ainsi que des troupes de reconstitution de qualité ! Les tables rondes furent intéressantes, les échanges fructueux, alliant réflexion et pratique.

L'accueil sur le site était cordial et agréable.

Au plaisir de revenir si cet événement a lieu de nouveau dans le futur !

Quelques photos des manoeuvres de piquiers et des tirs d'artillerie...

Les piquiers sous les ordres d'Ambract :

http://i49.servimg.com/u/f49/11/39/95/77/photo_25.jpg

http://i49.servimg.com/u/f49/11/39/95/77/photo_26.jpg

http://i49.servimg.com/u/f49/11/39/95/77/photo_27.jpg

Les tirs d'artillerie portative à distance sur une cuirasse d'acier d'environ 2.5mm (voir seconde photo ci-dessous).

Vincentzy et deux couleuvriniers des Lances d'Haussez :

http://i49.servimg.com/u/f49/11/39/95/77/photo_28.jpg

http://i49.servimg.com/u/f49/11/39/95/77/photo_29.jpg

Les projectiles qui ont fait mouche (en fonte) :

(sorry mais je ne connais pas le nom du groupe auquel appartiennent les deux artilleurs qui ont fait mouche sur la cuirasse ! Toutes mes excuses à ces messieurs pour cette ignorance impardonnable !...qqn peut préciser ?).

http://i49.servimg.com/u/f49/11/39/95/77/photo_30.jpg

Le résultat des tirs ayant fait mouche :

http://i49.servimg.com/u/f49/11/39/95/77/photo_31.jpg

http://i49.servimg.com/u/f49/11/39/95/77/photo_32.jpg

Les participants auraient-ils d'autres photos à mettre en ligne ?

J'espère aussi que tout le monde a pu rentrer à bon port sans trop de problèmes...Pour notre part, le voyage fut assez périlleux...Pluie de tempête sur l'autoroute à hauteur de Cambrai . Résultat des courses : moteur noyé ! On a du se faire aider pour pousser la voiture sur le bas côté le moins inondé. Nous avons rendu la pareille aux voisins français qui nous avaient prêté main forte...Certains ont eu moins de chance que d'autres...Pour notre part, après ce magnifique bain de pied rafraichissant sur le termac français du cambraisi, nous avons réussi à repartir après environ 45 min...alors que d'autres restaient sur le carreau....Quelle traversée !

Merci à tous et toutes !

enguerrand le baille · lun. août 04, 2008 8:09 am

En effet un week-end fort sympathique et enrichissant par le biais des échanges avec les universitaires (à priori ce fut le cas aussi pour eux), pour ma part j'ai bcp aimé ce rassemblement, et j'attens donc d'avoir un compte-rendu "scientifique" de ces journées

retour sans aucun souci pour notre part! nous étions déjà arrivés lors des trombes d'eau, qui sont aussi tombées sur la normandie!

j'ai des photos mais il faudra attendre un peu, mon appareil étant parti en vacances...et je n'ai pas eu le temps de mettre les photos sur l'ordi, donc patience!

à dieu

Enguerrand

vinczenty · mar. août 05, 2008 12:45 am

Enguerrand le Baille a dit : En effet un week-end fort sympathique et enrichissant par le biais des échanges avec les universitaires (à priori ce fut le cas aussi pour eux), pour ma part j'ai bcp aimé ce rassemblement, et j'attens donc d'avoir un compte-rendu "scientifique" de ces journées

Ces journées furent en effet très enrichissantes pour l'équipe universitaires qui était présente. Je vais avant la fin du mois faire un bilan avec eux et j'inviterai les responsables des compagnies présentes au centre Malher à Paris pour présenter de façon plus ordonnée les pistes de recherche que ces journées nous ont permis d'ouvrir.

Un grand merci à tous ceux qui se sont joints à nous sur ces deux jours. Notre pôle de recherche sera amener à vous refaire signe pour la suite des travaux en raison de la grande qualité que vous avez manifesté.

Pour ce qui est des questions posées par Ysengrijn, les tireurs qui ont fait mouche avec les projectiles en fonte appartennaient à la Mesnie des Leus du Val de Loyre. Et pour ce qui est des photos j'en transfererai bientôt sur ces pages, dès que j'aurai réussi à faire le tri dans une masse iconographique de plus de 700 clichés.

A très vite.

vinczenty · mer. août 06, 2008 1:56 am

En attendant la suite, un petit point photographique proposé par Emile sur

http://picasaweb.google.com/emile.lhomm ... PKEZYXYY2g

bilbaron · mer. août 06, 2008 4:29 pm

sur que c'était de la fonte.....?

vinczenty · jeu. août 07, 2008 1:30 am

Oui. Aucune ambiguïté à cet égard. Cependant, le thème de ces premières journées ciblait principalement les questions relatives aux gestes techniques de l'artillerie (maniement, déploiement, intégration aux autres corps présents en bataille).

Il faudra attendre l'année prochaine et la seconde édition pour envisager les questions relatives à la fabrication des pièces, poudres et projectiles.

enguerrand le baille · jeu. août 07, 2008 2:16 am

Oui là les tirs à projectiles réels étaient un "galop d'essai" je pense, pour l'année prochaine sans doute les principes des tests seront plus précis

mais c'était sympa à faire en tout cas, on a pas tous les jours l'occasion de pouvoir tirer avec projectiles

par Emile a mis certaines photos du dimanche qui...comment dire...enfin je crois qu'Ambract a trouvé son nouvel avatar!

à dieu

Enguerrand

olivier de graharz · jeu. août 07, 2008 1:29 pm

Un weekend aussi sympathique qu'enrichissant. Et l'initiative d'entamer des échanges entre reconstituteurs et professionnels de l'histoire (archéologues, universitaires) devrait contribuer à chasser l'image négative de notre passion auprès des spécialistes.

Un grand merci à Vinczenty pour son très bon accueil.

bilbaron · jeu. août 07, 2008 2:21 pm

si vos balles étaient en fontes (j'aime pas, danger....!) vous tiriez à "boulets roulants" ?

bilbaron · jeu. août 07, 2008 2:32 pm

Aller, je vais faire mon Zondrezelle....

vu la période représentée, c'est le tout début de la fonte et de l'utilisation en artillerie. De plus, utilisée en premier pour les canons. Ensuite, les Haquebutes utilisées sont également fort tardives pour la période??? (système à platine, donc environ 1475) enfin, dans ce type d'armes, on tire a balles de plomb calepinées forcées....(moins de poudre et plus précis). Autre chose, j'ai dans l'idée de mettre sur pied un "parcours de chasse" pour couleuvriniers. si y'en a que ça tente.....

Mais je regrette de na pas avoir pu venir.....

enguerrand le baille · jeu. août 07, 2008 5:19 pm

Concernant nos hacquebutes, oui elles sont plutôt de la période que tu cites et non ce n'est pas un système à platine que nous avons mais une "bête" mèche lente

je pense que nous étions pile poil dans le cadre historique étudié

maintenant concernant les balles de fontes, ce ne sont pas les notres, si mes souvenirs sont bons ce sont deux tireurs de la mesnie des leus du val de loyre qui les ont tiré (par contre ils ont réussi à les tirer au même endroit ou presque, ce qui est pas mal), mais leurs traits seraient plutôt 1ere moitié du XVe....ceci dit ces projectiles n'étaient pas prévus au départ, ils ont voulu tester car ils les avaient sous la main...

comme je l'ai dit je pense que l'année prochaine les protocoles de tirs (et surtout les projectiles) seront plus au coeur du débat....et donc je pense que les projectiles utilisés seront plus ciblés (ha ha ha) là c'était surtout les gestes qui étaient étudiés...enfin Vincent pourrait mieux l'expliquer que moi je pense!

à dieu

Enguerrand

bilbaron · jeu. août 07, 2008 11:36 pm

http://i49.servimg.com/u/f49/11/39/95/77/photo_29.jpg

?????là, c'est quand même bien une platine (système de mise à feu mécanique avec transfert de mouvement, à mèche ou autre monté sur une arme à feu) je vois montée sur l'haquebute.....En fait, ce n'est pas une serpentine, "un S" en métal pourvu d'un axe et portant la mèche, mais un système plus complexe monté sur une plaque métalique et encastré dans le fut de l'arme.

vinczenty · ven. août 08, 2008 1:24 am

bilbaron a dit : vu la période représentée, c'est le tout début de la fonte et de l'utilisation en artillerie. De plus, utilisée en premier pour les canons. Ensuite, les Haquebutes utilisées sont également fort tardives pour la période??? (système à platine, donc environ 1475) enfin, dans ce type d'armes, on tire a balles de plomb calepinées forcées....(moins de poudre et plus précis). Mais je regrette de na pas avoir pu venir.....

Pour ce qui est de la période, nous nous interessions justement à la fin du XVe (1460-1500), ce qui tombe très bien vu que les armes employées, comme tu le fait fort justement remarquer remontent à cette époque. Pour ce qui des projectiles, une fois de plus, ce sera l'objet des études de la seconde édition (voir quelques post plus haut. devrai-je le dire une troisième fois)

Ceci étant, les projectiles en fonte se développent à l'initiative des frères Bureau dès le règne de Charles VII et sont utilisés de façon notable à Castillon. Si ceux-ci sont d'abord effectivement employés sur les pièces collectives, il passent progressivement également vers les pièces individuelles où ils cohabitent avec des projectiles plomb. Les travaux menés autour des campagnes d'Italie au sein de l'Université Paris IV nous éclairent à ce propos.