Porteurs d'eau

Vie, coutumes, institutions, pouvoir et organisation de la société au Moyen-Age

Modérateur : L'équipe des gentils modos

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Turgon Malwesul
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lun. juin 27, 2011 10:34 pm

Bien que souvent demandés et importants lors des reconstitutions de batailles médiévales, je m'intéresse aujourd'hui au métier de porteurs d'eau dans la cité, dans la ville, au XIIIème siècle.

J'ai déjà effectué quelques recherches sur le ouéb, où j'ai pu trouver quelques brides d'informations que je dispose ici:

-
"Un manuscrit français du 14e siècle nous montre déjà un porteur d’eau avec deux seaux. Mais il est une représentation encore plus ancienne (vers 1230), qui revêt un caractère symbolique. Parmi les quarante-deux vitraux offerts à la cathédrale de Chartres par les corps de métiers de la ville, figurent celui donné par les porteurs d’eau, à la partie basse du vitrail de sainte Marie-Madeleine. Trois scènes les montrent versant l’eau de leur cruche, rappelant le geste de la sainte versant du parfum sur les pieds du Christ."
source:http://www.editionsquartmonde.org/rqm/d ... 818#tocto4

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/c ... Potier.jpg

Si la date n'est pas précise, il me semble que les vitraux de la cathédrale date du XIIIème siècle.

Il me semble qu'il s'agit de cette image ? Si oui, que porte le personnage, qui semble pauvrement vêtu ?

La pauvreté du costume corroborerait cette citation:
"Les porteurs d’eau sont un des exemples de ces « petits métiers » des grandes villes".
http://www.editionsquartmonde.org/rqm/d ... 818#tocto4

Je me demande alors s'il n'y a porteurs d'eau que dans les grandes villes ? J'ai lu quelques part, sans indication de date hélas, que les pauvres gens devaient aller chercher leur eau eux-même, tandis que des hommes plus riches la faisaient livrés chez-eux, par ces porteurs d'eaux. Aussi, ce métier est-il peu répandu? Se restreint-il aux grandes cités, où le nombre de personnes riches est suffisant pour fournir assez de travail à ces porteurs, ou bien en trouve-t-on dans des villes de taille moyenne? Je suis toujours à la recherche du prix du seau d'eau, histoire de me faire une idée.


Encore une autre information intéressante:
"Au Moyen-âge, de nombreuses villes sont apparues. Dans ces villes des installations en bois furent utilisées. L'eau était extraite des rivières ou des puits, ou depuis l'extérieur des villes. Rapidement, les conditions sont devenues non-hygiéniques, puisque les déchets et les excréments étaient déversés dans l'eau. Les personnes qui buvaient cette eau devenaient malades ou mourraient. Pour résoudre ce problème, les hommes ont commencé à boire de l'eau provenant de l'extérieur de la ville, ou les rivières n'étaient pas polluées. Cette eau était transportée dans la ville par les porteurs d'eau."
Source : http://www.lenntech.fr/procedes/desinfe ... otable.htm

Cette citation, qui encore une fois ne donne ni source, ni date, permettrait d'expliquer l'apparition du métier de porteur d'eau (date?).



Voilà où j'en suis pour les toutes-premières-recherches-non-sourcées-non-datées. Si je poste toutes ces informations un peu douteuses, c'est pour avoir votre avis, premièrement, concernant leur fiabilité, si vous avez lu quelques choses à ce sujet. Deuxièmement, j'aimerais savoir si vous connaissez des auteurs susceptibles de m'intéresser dans mes recherches, s'il vous plait.


J'espère que, malgré tout, vous trouvez un intérêt à ce sujet.

Merci d'avoir lu !
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kalima
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mar. juin 28, 2011 8:53 am

C'est plaisant de trouver une recherche sur un sujet aussi peu courant, on découvre, on découvre, on n'en finit jamais de découvrir... et c'est bien. Merci de partager. Si je croise quelque chose, je penserai à ce sujet.
Denis
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jeu. juin 30, 2011 6:24 am

Aussi, ce métier est-il peu répandu? Se restreint-il aux grandes cités, où le nombre de personnes riches est suffisant pour fournir assez de travail à ces porteurs, ou bien en trouve-t-on dans des villes de taille moyenne?
Une supposition : l'activité humaine, à cette époque n'était sans doute pas aussi partitionnée qu'elle l'est aujourd'hui, et qui portait de l'eau n'en faisait peut-être pas son unique métier.
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Turgon Malwesul
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jeu. juin 30, 2011 10:07 am

Cela doit dépendre de la taille de la ville. Je vais essayer de faire plus de recherches sur ce sujet.
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yrwanel
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jeu. juin 30, 2011 10:58 am

"normalement" il existait aussi des puits, sans doute pas tous "publics" (donc intéressants plus les "belles demeures"), ce qui n'empêche que le puits n'est pas l'eau au robinet et que il fallait la puiser et la porter là où, dans ces maisons, on en avait besoin...

Possible aussi que la densification de l'habitat urbain a conduit à des "puits publics", ce qui assez inévitable. Idem les "fontaines publiques".
A défaut du Moyen Age, et les habitudes humaines (et les besoins) changeant peu au cours du temps, ne peux-tu trouver quelques "idées" dans les petits métiers du XVIIIème, sur les "usage de l'eau" et les petits métiers y afférents?
Pour Bruxelles, en 1898, on commence à collecter l'eau pour faire des amenées dans la ville (http://www.irismonument.be/fr.Saint-Gil ... riere.html). Ce métier existe donc encore fin XIXème.
NB: la demoiselle qui a servi de modèle à cette statue s'est éteinte quasi centenaire. ;)

Souvent l'habitat rural et villes de campagne sont construits suivant les courants d'eau, qu'ils soient en surface (rivière) ou sur un courant d'eau souterrain => creusement de puits.


Très intéressante démarche et recherche, en tout cas! Bravo!
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Turgon Malwesul
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jeu. juin 30, 2011 6:14 pm

ne peux-tu trouver quelques "idées" dans les petits métiers du XVIIIème, sur les "usage de l'eau" et les petits métiers y afférents?
XVIIIème siècle? Je me concentrais sur le XIIème siècle. :/ Cela dit, le reste de tes remarques est intéressant.

Il est vrai que si une cité possède des puits, ou des fontaines publiques, l'intérêt pour cette ville d'avoir des porteurs d'eau parait limité. De même, je me dis que si une personne riche souhaite avoir de l'eau chez lui, il peut envoyer un serviteur en chercher, ce qui augmente les chances qu'un porteur d'eau ait un autre métier à côté.

Cependant, j'ai lu autre part (ici: http://www.histoire-eau-hyeres.fr/100-h ... ot_fr.html ), qu'avec l'augmentation du nombre d'habitants, les populations durent chercher plus loin leur eau, tandis que celle des puits était souillés par les ordures, excréments d'animaux, qui s'infiltrent dans les sous-sols et les nappes phréatiques (du moins c'est ce que je comprends...). L'eau la plus propre provient alors des rivières extérieures, mais il faut aller la chercher, d'où le rôle des porteurs d'eau.

Je vais faire des petites recherches sur les autres métiers de l'eau, savoir quelle eau ils utilisent, ou s'ils employaient du personnel chargé d'aller récupérer cette eau qui leur est nécessaire.

EDIT: ajout d'autres recherches
Au Moyen Âge, Paris se dote d'une première fontaine, la fontaine Maubuée. Au fil du temps, la Ville s'équipe de nouvelles fontaines auxquelles les porteurs d'eau viennent s'approvisionner en même temps que les habitants qui n'ont pas les moyens de s'offrir leur service. Parfois, des bagarres éclatent, les porteurs d'eau monopolisant les points d'eau.
http://www.eaudeparis.fr/jsp/site/Porta ... age_id=303

Voilà qui prouve que les puits n'empêche pas, au contraire, le métier de porteur d'eau. Il semblerait que ce n'est pas parce que l'eau est plus proche que les gens se déplacent. Cependant, il semble qu'il faut toujours assez de personnes riches pour faire vivre un porteur d'eau, ou bien que la ville soit assez grande tout en étant dépourvu d'assez de puits pour que ceux dont les métiers nécessitent de l'eau ne puissent pas prendre le temps d'aller en chercher. Retour au recherche... J'aimerais bien trouver le nombre de porteur d'eau pour le nombre d'habitant. J'ai trouvé un nombre, mais pour 1780:
Comme l'approvisionnement en eau est une corvée, les habitants des villesont recours à des porteurs d'eau Porteur d'eau Petit métier.
(Il y a 20.000 porteurs d'eau à Paris en 1780).
tiré d'ici: http://147842.aceboard.fr/147842-2127-5 ... -Moyen.htm

Tandis que ce site:

http://www.conso.net/galerie/galimages/ ... nitive.pdf

donne 2.000 porteurs d'eau pour Paris en 1750. Un autre site: http://www.eau-poitou-charentes.org/Ges ... n-eau.html donne 2.000 porteurs d'eau au XIXème siècle. Donc je pencherais pour 2.000 porteurs d'eau pour... environ 550 000 habitants environ en 1800, d'après ce que j'ai lu. Ce qui donne un rapport de... 3,6 porteurs d'eau pour 1000 habitants, pour une ville de la taille de Paris... Est-ce que cela vous parait être un rapport envisageable pour la période médiévale et pour d'autres villes?



Quelqu'un aurait-il, par hasard, ce livre?
LAFAY (P.), Fontaines et aqueducs parisiens à la fin du Moyen Age, Mémoire de maîtrise d’Histoire,
Université Paris 1, 1991

J'essaierais de le trouver, il y a peut-être des choses intéressantes...
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yrwanel
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jeu. juin 30, 2011 10:22 pm

Les chiffres peuvent être parfaitement probables...
On oublie assez souvent que la population du MA AVANT la Grande peste est égale à celle de la France à 1/2 XIXème!

On peut estimer que pour la période qui t'intéresse, en pleine explosion démographique avec, en parallèle, l’expansion citadine, devait demander les mêmes besoins en eau que plus tardivement.
Là-dessus, il faut voir aussi les proportions d'eau "potable" (ou pas TROP polluée) et les besoins en eaux "non potables" (celle que actuellement encore on utilise pour lessive, entretien des lieux, bains) On peut (éventuellement et encore) mettre à part l'eau et les abreuvoirs à animaux: même en ville, il y a les animaux de trait).

N'oublies pas aussi que le MA ne boit quasi jamais son eau "pure" (voir la punition du pain sec et de l'eau!): elle était souvent coupée par du vin, du vinaigre (désinfectants) ou sous forme d'eau chaude (soupe, tisanes...)
Quant au parallèle avec le XIXème: rares sont les villes où l'eau (potable) arrive dans chaque maison et à chaque étage. ;)
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Turgon Malwesul
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ven. juil. 01, 2011 3:44 pm

Effectivement, tous ces paramètres sont à prendre en compte...

Mais... L'information qui me manque encore... Et que je trouve assez importante... C'est par rapport au salaire du porteur d'eau, afin de déterminer, en comparant le "prix de la vie" au XIIIème siècle, si on peut en vivre, où si le porteur possède un métier à côté. Des idées de pistes?

EDIT: ajouts:

Trouvés ici: http://medieval.mrugala.net/Commerce%20 ... ogique.htm , puis, devant ma méfiance, confirmé ici: http://medieval.mrugala.net/Bains/Bains.htm .

Dans ce dernier lien, l'auteur du site dit que:
"Au 13e siècle, on se contentait de s'immerger dans de grandes cuves remplies d'eau chaude. A la fin de ce siècle seulement, semble-t-il, apparaissent les premiers bains saturés de vapeur d'eau. En 1258, Etienne Boileau, prévôt de Paris sous Saint Louis et auteur du Livre des métiers, qui codifie les usages corporatifs, fait déjà la différence entre les bains et les étuves dites sèches et humides. Il y avait deux manières pour créer de la vapeur dans un lieu clos : chauffer celui-ci soit par l'extérieur, en envoyant un courant d'air chaud (étuve sèche), soit en y faisant pénétrer la vapeur d'eau (étuve humide). Les prix des bains d'eau chaude et des étuves n'étaient pas les mêmes. A Paris, nous savons, par l'ordonnance des métiers de 1380, que le prix du bain de vapeur est de deux deniers, celui du bain d'eau tiède de quatre deniers ; mais s'estuver et se baigner coûte huit deniers. Si deux personnes vont ensemble au bain, elles paieront douze deniers pour s'estuver et se baigner, donc moins cher. Le bain de vapeur est économique parce qu'il ne nécessite que quelques pierres placées et un seau d'eau. A cela, il faut ajouter un denier pour un drap. A titre comparatif, rappelons que, à la même époque, une grosse miche de pain se vendait un denier."
Certes on parle des bains, certes, en 1380, mais le texte nous dit que le bain de vapeur coûte 2 deniers, pour des pierres et un seau d'eau. Cela permet d'en déduire, premièrement, que le seau d'eau vaut moins que deux deniers :top: Mais je trouve l'information assez importante (en plus, c'est la seule que j'ai pour le moment :lol: )
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yrwanel
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ven. juil. 01, 2011 8:48 pm

Super intéressanes tes informations!

Entre autres sur ces différents bains; Les bains "secs" sont presque des saunas, en fait. [img]images/icones/icon15.gif[/img]
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Turgon Malwesul
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jeu. juil. 07, 2011 12:17 pm

Alors, me voilà de retour pour ajouter quelques éléments tirés de sources d'époque.

Pour commencer:

Le livre des métiers, d'Etienne Boileau, qui dit:
Item, chacun porteur d'eaue portant eaue parmy la foire en gaignant argent doit, pour une fois, xij den. par.
Tout cela étant dû au prévôt de Paris durant la foire Saint-Ladre.

Il est précisé aussi qu'il est fait mention des porteurs d'eau dans "Le rôle de la taille de 1313", mais ... je n'ai encore trouvé.

Est-ce que quelqu'un pourrait m'aider, je ne comprends ce que signifie le "xij den. par." Merci d'avance !
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cassetrogne
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jeu. juil. 07, 2011 2:32 pm

12 deniers parisii ?
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jeu. juil. 07, 2011 2:36 pm

Effectivement... :/

Reste plus qu'à trouver une équivalence, cela me permetterait d'avoir une vague idée du salaire d'un porteur d'eau un jour de foire...

En cherchant dans le Livre des métiers, on peut voir qu'un marchand de vin doit autant pour une charreté de vin que le porteurs d'eau doit en tout, à savoir 12 deniers parisii...

Mais peut-on vraiment comparer une journée de salaire d'un porteur d'eau à la valeur d'une charreté de vin. Qu'en pensez-vous?
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jeu. juil. 07, 2011 2:53 pm

A mon avis, les 12 deniers doivent représenter un octroi pour la charette et non sa valeur (voir à "crieur de vin")
Modifié en dernier par cassetrogne le mer. juil. 13, 2011 8:41 am, modifié 1 fois.
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mer. juil. 13, 2011 8:10 am

J'ai trouvé cette équivalence sur le net, est-elle correcte?

12 deniers = 1 sol; 20 sols = 1 livre tournoi

Je pose la question pour le XIIIème siècle...

EDIT: Réponse trouvée sur ce post: viewtopic.php?f=18&t=5870&hilit=denier&start=15

Le réponse de vuillem m'intéresse, quand il dit que le salaire de base d'un ouvrier spécialisé est d'entre 10 et 12 deniers. Je vérifierais, mais si cela se confirme, et sachant que le prix d'un bain de vapeur, constitué d'eau et de pierre coûte 2 deniers, sachant qu'on peut supposer qu'un porteurs d'eau s'occupait d'amener l'eau au bain, mais aussi d'amener de l'eau potable etc... pour un prix que, par simple supposition non sourcée, je fixerais à 1 denier pour l'eau du bain, je pense qu'on peut en conclure qu'un porteur d'eau pouvait, s'il disposait d'assez de client, vivre de son métier.

Par manque de source, je fais des suppositions... Les conclusions de ce dernier paragraphe peuvent être critiquée sans problème...
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Curiosolite22
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mer. juil. 20, 2011 5:33 pm

Bonjour,

C'est dommage que sur mrugala (dont je me sert assez régulièrement) ils ne précisent pas de quel système monétaire il est question lorsqu'il annoncent les prix.

Rappelons que 1 denier parisis = 1.25 denier tournois.
http://www.historicalfabrics.fr/

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