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Vie, coutumes, institutions, pouvoir et organisation de la société au Moyen-Age

Modérateur : L'équipe des gentils modos

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cornelia
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ven. sept. 10, 2010 6:33 pm

percheval a écrit :A travailler sur les lettres de rémission on peut supposer que dans les villes beaucoup de gens ne mangent pas chez eux ou du moins ne font jamais la cuisine. Si le midi il mange sur leur lieu de travail, Le soir ils se retrouvent dans des tavernes qui sont avant tous des hôtels tenus par une famille qui comprennent des chambres plus isolées et des tables appelées "escots" dans une salle principale. On y boit, on y mange et parfois on se tape dessus. A l'époque les prix sont raisonables, on ne va pas dans les hôtels pour bien manger, mais pour manger des plats chauds plus élaborés et boir un coup.

A creuser donc...
Tout à fait d'accord ! On peut même aller jusqu'à penser que le monde urbain fonctionnait sur le même modèle que la Chine d'aujourd'hui : des tas de petits vendeurs de rues qui vendent des plats préparés à la sauvette, cuisinés à même la chaussée pour des travailleurs pressés. On retrouve ça dans les cris de Paris. Il me semble même que les tripières étaient une corporation à part entière (très peu de tripiers apparemment).
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yrwanel
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ven. sept. 10, 2010 11:25 pm

Dans les études sur le Londres du MA, les "fast food" existent déjà, que ce soit petite "gargottes", ou vente dans la rue de "plats cuisinés"ou "casse croutes" (tourtes, etc.). Pas mal d'auberges, les "pâtissers" vendent pour emporter mais aussi consommer sur place, etc.
L'exiguïté des locaux d'habitation, l'entassement des gens venus à la ville pour travailler, ne permettait pas que tous les "logis" (chambres..) aient leur propre cuisine attenante.
En outre (pour Londres en tout cas) les "feux, fours" étaient pas mal règlementés pour des question de sécurité.
(bon, il faut que je retrouve le bouquin à ce sujet...)
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cornelia
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sam. sept. 11, 2010 9:46 am

yrwanel a écrit : (bon, il faut que je retrouve le bouquin à ce sujet...)
Ah oui, oui, oui [img]images/icones/icon15.gif[/img], ça à l'air drôlement interressant comme bouquin !
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kalima
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mar. sept. 14, 2010 8:31 am

cornelia a écrit :Tout à fait d'accord ! On peut même aller jusqu'à penser que le monde urbain fonctionnait sur le même modèle que la Chine d'aujourd'hui : des tas de petits vendeurs de rues qui vendent des plats préparés à la sauvette, cuisinés à même la chaussée pour des travailleurs pressés. On retrouve ça dans les cris de Paris. Il me semble même que les tripières étaient une corporation à part entière (très peu de tripiers apparemment).
D'accord également, l'alimentation dans les villes est très "fast food" :lol: :
Lien vers un article vulgarisé sympathique sur "manger dans la rue au Moyen-Age" : http://www.fureurdesvivres.com/news/man ... -moyen-age
Je pense que certaines données peuvent être plutôt Renaissance mais il y a une base intéressante.

Quelques noms et définitions des "hamburgers" de l'époque :
Rissoles : chaussons à la viande ou à la moelle frits.
Talmousses : préparation au fromage dans une croute de pâte en forme de tricorne
Oublies : Gâteaux de pâte légère cuits entre deux fers plats chauffés au rouge, sorte de gaufres
Echaudés : cercles ou morceaux de pâte bouillis puis rôtis au four.
Darioles : petits flans en croûte
Fouace : pâte à pain amélioré cuite sous la cendre.
Nieules ou nioles : ruban torsadé de pâte non levée, bouilli dans une eau additionnée de cendres de sarments, découpé en morceaux qui sont et séchés au four.

Et un petit extrait :
Les crieurs des rues
«Chaudes oublés renforcies» criait l’oublieur «galètes ou chaudes eschaudez» le boulanger et «Chaus pastéz i a et chaus gastiaux» le pâtissier.
Les employés des artisans étaient envoyés dans les rues vendre aux passants les nourritures qui pouvaient se manger à la va vite. Chacun attirait l’attention des badauds par un cri bien spécifiques, on imagine assez aisément la cacophonie des certaines rues.
On pouvait ainsi se sustenter de petits pâtés chauds qui étaient des pâtés en croûte, de flans, de tartelettes, de gaufres, de fouaces, de nieules, de brioches. Sans oublier les marchands des quatre saisons qui vendaient à la pièce des fruits et des légumes et les porteurs d’eau qui servaient au gobelet et les laitières qui offraient du lait au détail. Pour ceux qui désiraient du vin, il suffisait d’aller avec son pot chez le tavernier qui vendait, lui aussi «à huis coupé et pot renversé»
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cornelia
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mar. sept. 14, 2010 1:29 pm

Ah oui, cette scène de Cyrano est géniale. J'adorerais embarquer mes choux à la crème emballés dans un sonnet ^^! Je trouve que c'est une évocation assez réaliste.
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Sagiterra
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mer. sept. 15, 2010 10:33 pm

= kalima : Quelques noms et définitions des "hamburgers" de l'époque :
Rissoles : chaussons à la viande ou à la moelle frits.
Talmousses : préparation au fromage dans une croute de pâte en forme de tricorne
Oublies : Gâteaux de pâte légère cuits entre deux fers plats chauffés au rouge, sorte de gaufres
Echaudés : cercles ou morceaux de pâte bouillis puis rôtis au four.
Darioles : petits flans en croûte
Fouace : pâte à pain amélioré cuite sous la cendre.
Nieules ou nioles : ruban torsadé de pâte non levée, bouilli dans une eau additionnée de cendres de sarments, découpé en morceaux qui sont et séchés au four.
[img]smile/thumb.gif[/img]
"Chacun attirait l’attention des badauds par un cri bien spécifiques, on imagine assez aisément la cacophonie des certaines rues."
Pas pire qu'au marché, à mon avis... Nos auteurs bourgeois ne mettent jamais les pieds dans la "vraie" vie, hein... :D

(édit pour cohérence de la présentation ;) )
Modifié en dernier par Sagiterra le dim. nov. 14, 2010 12:20 pm, modifié 1 fois.
Conte, enluminure, calligraphie, où donc s'arrêtera-t-elle ?
Ahem... batterie jazz... euh... tir à l'arc dans une vie antérieure... :oD
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yrwanel
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jeu. sept. 16, 2010 9:48 pm

XIXème et début XXème, plein de "petits métiers" dont dit "de bouche" parsemaient les rues.
Pas forcément dans les quartiers nantis (qui avaient leur cuisine, cuisinières et autres), mais dans les quartiers plus populaires à très populaires (ou on louait une chambre.. sans possibilité de se restaurer).

Mode belgitude et TRES "vieille": années 50 et début 60, dans un quartier très "middle class", passaient brasseurs (avec des chevaux!) et leur"bruit", charbonniers (idem), livreur de glace (là c'était à la commande), marchand de glace (celles à manger, avec une sonnette-carillon, plus sympa que ces musiques de m** actuelles), etc.
Des "petites bouffes" se trouvaient près des parcs: marchands de glace, de bonbons, viennoiseries, chacun avec leur "sonnette" ou leur "cri".
Les rues plus commerçantes, quartiers populaires: marchandes de caricoles (escargots), de frites, etc (bon, aussi les marchands de 4 saisons). En saison: les marrons chauds.

Il y avait aussi les odeurs (nostalgie des marrons chauds, là tout d'un coup).

Actuellement: marchandes de caricoles, difficile d'encore en trouver. les "kot à frites" se font rares (prière d'être dans du "dur"), etc.
Par contre, en "dur" pitta et hamburger (beurk).
Paraît que cela fait désordre, les marchands ambulants... :sarcastic:
thierry de binch
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sam. oct. 09, 2010 6:11 pm

pour résumer j'en reviens à ma 1ère question : prenait on son repas assis à table comme maintenant ou sur le pouce ?
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kalima
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mar. oct. 12, 2010 8:17 am

pour résumer, il semblerait d'après les réponses que "ça dépend", de l'époque, du lieu, du statut social et financier, ...
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Sagiterra
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mer. oct. 13, 2010 10:28 pm

Pas mieux ! ;)

Euh, les Vikings sont bien les ancêtres des Normands ?
Et les Vikings ont pas mal essaimé en royaume de France, hein ?
Ben, DONC... ptet' ben qu'oui, ptet' ben qu'non... :D
Ça dépend, quoi... si y'a du vent, si y pleut... :lol:
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kalima
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jeu. oct. 14, 2010 9:50 am

Je vais faire une chose affreuse et anti-historique au possible : appel au bon sens.
Quand tu te crèves le c.. toute la sainte journée à bosser, tu as envie (besoin ?) de te poser un peu, ne serait-ce que le soir et quel meilleur moment pour se poser que celui où tu manges. Te voilà donc assis (même sur un tabouret tout bête en bois fait par toi-même). Bon, maintenant, poser ta marmite de bouillie, de soupe ou de que sais-je par terre et ta gamelle sur tes genoux, ce n'est pas pratique donc tu as probablement un support. Certains appelleraient ça une table. Sans aller forcément jusqu'à un meuble dédié, il me semble raisonnable de penser qu'on a au moins un bout de planche, même petite et modeste, posée sur quelque chose : des trétaux, un bout de lit, un tabouret, ...
Quant aux riches, pour faire étalage de ses belles possessions, couverts & co, linge, ... on n'a quand même pas trouvé mieux que la table ou assimilé.
En conclusion, je pense (et ça n'engage que mon avis) que les gens, chez eux, mangent à table ou à quelque chose qui en tient lieu tellement c'est malpratique de manger quotidiennement autrement. Idem dans une auberge, même archi miteuse.
Restent ensuite les repas/ collations pris aux champs ou dans la rue, qui semblent fort courant.
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Sagiterra
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jeu. oct. 14, 2010 10:13 pm

Pas mieux ! (bis) :D

Euh, Kalima, tu te souviens de ce qui est arrivé aux Cathares ? :/
Fais gaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaafffffffffffffffeeeeeeeeeee!!!!!!!!!!!! :no:


De même, je pense qu'il serait bon de remettre les choses en perspective, par rapport à ce que l'on sait maintenant de la vie sociale et familiale.
Il me semble aussi assez logique que si TOUTE la famille se retrouve le soir, il va y avoir quelque chose qui relève du rituel (n'oublions pas que c'est une époque où la religion a une certaine importance, apparemment...)
Et en effet, on trouve dans la tradition orale de nombreux exemple où dans la journée on mange plus ou moins sur ou près du lieu de travail, mais le soir par exemple à la campagne, un maître qui, pour manger, n'attend pas les autres ouvriers qui travaillent sur sa propriété, est considéré comme un mauvais maître.
(références? non, j'ai pas ça sur mon ordinateur, et j'ai 300 bouquins que je ne compulse pas tous les jours, mais une très bonne mémoire. :) Sagi / Yrwa = même combat!!! ;) )
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yrwanel
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ven. oct. 15, 2010 12:17 am

Pas mieux....

Ici, ailleurs et "autre temps", il y a le "fast food", qu'on avale sur le pouce, debout, fesse posée sur un appui de fenêtre, une butte, autre...
Il y a le "repas", moment convivial avec, effectivement, une forme de "rituel", d'usages de politesse: familial (quelquefois élargi à très élargi): le moment où tout le monde se rassemble.
Il y a LE repas: naissance, fêtes, communion, mariage, enterrement, etc.. Là, suivant le cas, on convie le ban et l'arrière-ban.

Ce n'est qu'un phénomène TRES récent que chaque personne d'une "unité familiale" rentre chacun à son heure à lui, ramasse un truc "tout fait" dans le frigo et se planque dans sa chambre pour regarder son émission sur sa TV (écroulé sur un divan, un lit, autre...). :crazy:
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cassetrogne
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Contact :

ven. oct. 15, 2010 7:22 am

Les termes de "banquet" (on mange assis sur un banc) et "assiette" (service assis à table) indiquent bien qu'il y a des situations où on précise que l'on mange "assis" ce qui sous-entend qu'il doit y en avoir d'autres où l'on mange debout ?
Cassetrogne, Ménestrier aux Coquillards de Villon
http://www.coquillards-de-villon.com
http://coquillards.leforum.eu
Si sibi pilosus est, legitimus !
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kalima
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ven. oct. 15, 2010 8:38 am

cassetrogne a écrit :Les termes de "banquet" (on mange assis sur un banc) et "assiette" (service assis à table) indiquent bien qu'il y a des situations où on précise que l'on mange "assis" ce qui sous-entend qu'il doit y en avoir d'autres où l'on mange debout ?
ça semble parfaitement, effectivement mais c'est cohérent avec ce qui nous disons, me semble-t-il : des repas/ collations prises sur le pouce, au champs, dans la rue, ... quand tu bosses ou assimilé et un repas plus structuré, chez soi quand tu ne bosses plus (le soir, les fêtes, ...).
PS : je n'avais jamais fait le lien banquet/ banc, assiette/ assis. et hop, une nouvelle info. Merci.

Sagi
T'inquiètes, je suis ignifugée ! :lol:
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