noble et chevalier

Vie, coutumes, institutions, pouvoir et organisation de la société au Moyen-Age

Modérateur : L'équipe des gentils modos

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bohemond
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dim. sept. 02, 2007 11:21 am

J'ais posé la question ailleurs, mais ici ca serait plus a sa place.

Question : a quel moment le chevalier cesse d'etre juste un soldat "d'elite" a cheval comme aux temps normands, pour devenir un "noble".

Dans la meme veine je cherche des references sur le statut et tout ce qui concerne la position du sergent d'arme au XIIeme et debut XIIIeme siecle.
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hellin
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dim. sept. 02, 2007 3:50 pm

Si ça peut t'aider, pour ce que j'en ai retenu, et si d'autres veulent compléter...
Le titre de Chevalier, exprimé en latin par celui de Miles, commença à paraître sous les derniers Mérovingiens, et fut donné, comme une espèce de dignité, à quelques seigneurs, dans certains actes. Mais ce ne fut que sous les premiers rois capétiens que ces Chevaliers commencèrent à former un second Corps dans l'Etat et les armées. Alors il y eut une espèce de jurisprudence qui réglait leur rang, leurs droits, leurs prérogatives, l'âge, les qualités et autres conditions nécessaires pour parvenir à cette dignité. Celui que l'on appelait Miles, sous Philippe Auguste, était un homme qui avait fait preuve de Noblesse par de bon titres, et de valeur par de belles actions, et à qui la Chevalerie avait été conférée avec les cérémonies d'usage en pareil cas.
Mais ce n'était pas assez de la naissance pour parvenir à la Chevalerie, c'est à dire des preuves de Noblesse, de nom et d'armes, car il fallait encore avoir l'âge de la majorité, c'est à dire 21 ans, parce que le titre de Chevalier supportait le service, et que celui à qui on le donnait, devait déjà avoir fait preuve de son courage. On trouvait donc une quantité de seigneurs de première qualité (c'est à dire nobles), qui n'avaient que le titre d'Ecuyer. Guillaume le Breton, parlant du Seigneur de la Tourelle (je ne suis plus tout a fait sûr de ce nom, faudrait vérifier), qui s'était distingué à la bataille de Bouvines, dit de lui que bien qu'ayant combattu comme un chevalier et étant d'une grande naissance, il n'était pas chevalier.
Il y avait deux sortes d'Ecuyers, ceux qui portaient ce nom à cause de la qualité de leurs fiefs (les plus nombreux), et les autres, généralement des gentilshommes, qui faisaient service auprès des Chevaliers. Ceux qui n'étaient pas nobles de naissance ne pouvaient être annoblis que par le Roi, soit par lettres de noblesse accordées à des personnes distinguées par leurs services ou par leurs talents extraordinaires ( les soldats, ou milites donc, à la bataille), soit en leur accordant une charge qui annoblit (charges de la couronne, secrétaire du Roi, conseiller à la cour...). Pour que cette noblesse soit héréditaire, il fallait posséder cette charge pendant 20 ans ou en être revêtue lors de sa mort (à la bataille par exemple).

Sur l'institution et l'évolution des corps de sergents d'armes, je te remets le raccourci posté dans la salle des pas perdus :
http://mont-tilleul.fr/Maison%20militai ... France.htm
von krieglitz
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mar. sept. 04, 2007 5:02 am

Au Haut Moyen-Age, par exemple sous Charlemagne, la cavalerie lourde devient l'élite guerrière. On assiste à un glissement sémantique, de equites à miles, qui va désigner tous les combattants à cheval, et ce quelque soit leur rang de noblesse : les rois et princes sont également considérés comme des miles, chevaliers. A cette époque, et jusqu'au XI-XIIème siècle, le miles-chevalier désigne un guerrier à cheval. Il n'est pas forcément noble, mais le prix nécessaire pour s'équiper de la sorte (chevaux, haubert, épée...) et qui correspond au XIIème siècle aux revenus d'un fief de 150 hectares, va faire que bientôt seul des nobles ont accés à cette "fonction".

Un ouvrage que je conseillerai : Chevaliers et chevalerie au Moyen Age de Jean Flori

A partir de cette époque, on a également, par l'intermédiaire de l'Eglise, mais aussi des romans de chevalerie et des chansons de geste, une idéalisation de la chevalerie. De même les coutumes de la guerre chevaleresque vont codifier les conflits et conduire à une éthique chevaleresque. La chevalerie devient un honneur. L'adoubement se codifie, se sacralise. Bientot il devient nécessaire d'être noble pour être adoubé, sauf dérogation royale.
Au XII et XIIIème siècles, l'âge d'or de la chevalerie, tous les nobles sont chevaliers, et tous les chevaliers sont nobles. C'est là qu'on a l'éducation typique des jeunes nobles qui sont pages, puis écuyers, et enfin chevaliers.

Mais le coût de l'équipement progresse (l'équivalent des revenus d'un fief de 500 ha au XVème siècle)et de plus en plus de nobles restent simples damoiseaux ou écuyer en raison du coup du cérémonial de l'adoubement. Ainsi lors du fameux combat des Trente, la moitié des combattants (tous nobles, la plupart "stipendiés", c'est à dire mercenaires) sont des écuyers, alors qu'ils sont parmis les meilleurs combattants.
Donc à cette époque, tous les chevaliers sont nobles, mais tous les nobles ne sont plus systématiquement chevaliers.
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lou teignou
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mer. sept. 05, 2007 6:53 am

Von Krieglitz a dit : Au Haut Moyen-Age, par exemple sous Charlemagne, la cavalerie lourde devient l'élite guerrière. On assiste à un glissement sémantique, de equites à milites, puis à miles, qui va désigner tous les comabttants à cheval, et ce quelque soit leur rang de noblesse : les rois et princes sont également considérés comme des miles, chevaliers. A cette époque, et jusqu'au XI-XIIème siècle, le miles-chevalier désigne un guerrier à cheval. Il n'est pas forcément noble, mais le prix nécessaire pour s'équiper de la sorte (chevaux, haubert, épée...) et qui correspond au XIIème siècle aux revenus d'un fief de 150 hectares, va faire que bientôt seul des nobles ont accés à cette "fonction".

Un ouvrage que je conseillerai : Chevaliers et chevalerie au Moyen Age de Jean Flori

A partir de cette époque, on a également, par l'intermédiaire de l'Eglise, mais aussi des romans de chevalerie et des chansons de geste, une idéalisation de la chevalerie. De même les coutumes de la guerre chevaleresque vont codifier les conflits et conduire à une éthique chevaleresque. La chevalerie devient un honneur. L'adoubement se codifie, se sacralise. Bientot il devient nécessaire d'être noble pour être adoubé, sauf dérogation royale.
Au XII et XIIIème siècles, l'âge d'or de la chevalerie, tous les nobles sont chevaliers, et tous les chevaliers sont nobles. C'est là qu'on a l'éducation typique des jeunes nobles qui sont pages, puis écuyers, et enfin chevaliers.

Pour info:

UN miles, DES milites
Semper Aquitanie et XII°s. similiter
von krieglitz
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mer. sept. 05, 2007 7:18 am

Oooups! édité! merci!
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hellin
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mer. sept. 05, 2007 1:08 pm

Autant je pense que la pluralisation latine de miles soit effectivement milites, autant je ne pense pas que Von K. se soit complètement trompé lorsqu’il a écrit son post, même s’il l’a édité pour le rectifier suite à l’intervention de Lou qui sait certainement mieux que beaucoup que le latin usité entre le IXème et le XIIIème était largement corrompu faute d’avoir été longtemps pratiqué sérieusement avant cette période.
Et depuis, à moins d’être un latiniste compétent et accompli, et bien je trouve que le premier quidam qui tente de déchiffrer moult chroniques, chartes ou autres cartulaires, n’est pas sorti de l’auberge… (j’en profite d’ailleurs pour dire bravo à Lou et à ses compères pour le travail accompli et mis en ligne sur le site de l’Ost…).
Pareillement, on prend moult documents ou ouvrages d’historiens (anciens ou contemporains)ou d’universitaires, etc, traitant des textes originaux, on arrive difficilement à trouver la vérité sémantique que les auteurs ont voulu exprimer.
Pour moi, il m’a fallu des mois avant de comprendre (en allant bêtement dans un dico de latin pour savoir qu'un mot terminé par –ites pouvait être le pluriel d’un mot terminé par –es) que milites est le pluriel de miles.
Pourtant, à compulser des archives ou à lire les analyses qui en ont été faites, on se retrouve avec moult nuances dans la signification des mots employés : lieux (nord – sud), époques (Xème ? XIème ? …), différences de droit féodal (France, angleterre, Allemagne,…)font que l'on s'y perd.
Maintenant, je sais qu’en latin pur, milites est le pluriel de miles… Malgré tout, j’ai encore du mal à accepter(*) que des milites = plusieurs miles (inconsciemment Von K. n’avait pas fait d’erreur)… Mais bon, peut-être que si quand même…

(*) pas taper svou plé
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