[sciences] Vie difficile

Vie, coutumes, institutions, pouvoir et organisation de la société au Moyen-Age

Modérateur : L'équipe des gentils modos

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kalima
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mer. mars 26, 2008 6:09 am

Pour apporter quelques éléments à la discussion d’origine, il faut tout d’abord préciser que, même aujourd’hui, on ne connaît pas PARFAITEMENT les plantes et surtout pas TOUTES les plantes (je reprends la 1ère question de joeykitten), même en se limitant aux seules plantes « de chez nous ».

Reste que de nombreuses plantes étaient connues et leurs propriétés également (au moins en partie) au MA.
Pour illustrer, on peut par exemple citer le « capitulaire de villis vel curtis imperialibus ». Il s’agit d’une ordonnance de Charlemagne (même si c’est probable qu’elle a été élaborée par d’autres et juste « signée » par Charlemagne) qui date de 812.
Les capitules (= articles) 43, 62 et surtout 70 listent 94 plantes (73 herbes, 16 arbres, 5 plantes textiles et tinctoriales), que les domaines royaux se doivent de cultiver. Il s’agit de plantes qui étaient déjà bien connues et d’usage plutôt courant (avec des variations selon les régions bien sûr). Presque toutes ont des propriétés médicinales (parfois dans différentes parties de la plante) qui étaient également déjà connues et dont beaucoup sont encore utilisées de nos jours en phytothérapie.
Pour la liste des 73 « herbes » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_ ... _De_Villis
NB : le seul exemplaire encore existant du « capitulaire de villis » est conservé à la Bibliothèque de Wolfenbüttel, en Allemagne

Donc, oui, au MA, la connaissance des plantes médicinales existait et pas qu’un peu et on peut même considérer qu’au moins certaines (celles poussant aisément dans chaque région) étaient d’usage très courant et d’accès aisé, y compris pour le « vulgum pecum ».

La médecine n’est pas une découverte récente même si la médecine du moyen-âge est fort éloignée de celle du XXIème.

A noter : au MA, la médecine arabe est très réputée. Citons à ce sujet Avicenne (de son vrai nom Abū ‘Alī al-Husayn ibn ‘Abd Allāh ibn Sīnā ) LE médecin dont les travaux ont servi de base à la médecine occidentale jusqu’à la Renaissance. Le support le plus connu est le Qanûn ou Canon d’Avicenne (Xème siècle), encyclopédie médicale dont la tradition dit qu’elle regroupait toutes les connaissances médicales de l’époque complétées par les travaux d’Avicenne. Probable, en tous cas, que ce Qanûn regroupait beaucoup de connaissances, à défaut de toutes.
Le Qanûn a été traduit en latin dès le XIIème siècle et était utilisée pour l’enseignement de la médecine, notamment dans les « facultés de médecine » françaises les plus prestigieuses (au MA) comme Montpellier.

Pour ceux qui penseraient « qu’il n’y avait pas de médecine au MA et qu’on ne savait rien », voici dans les grandes lignes, ce que contient le Qanûn, qui est divisé en cinq « livres » :
- Livre I : traite de généralités sur l'anatomie humaine, la santé, la maladie, les effets du mode de vie (dont ceux du régime alimentaire)
- Livre II : regroupe environ 800 « monographies » sur des éléments minéraux, végétaux et animaux utilisés dans les médicaments ainsi que de différentes méthodes d’analyses
- Livre III : liste les pathologies, rassemblées par « lieu » du corps, y compris certains problèmes psychiatriques
- Livre IV : traite des symptômes, des diagnostics et pronostics mais aussi des fièvres, des tumeurs, blessures, fractures, morsures, poisons et de la chirurgie.
- Livre V : rassemble les connaissances sur les médicaments complexes : pommades, onguents, suppositoires, cataplasmes, sirops, …, dont 600 formules de préparation.

On est quand même loin du néant même si, effectivement, cette médecine-là était surtout réservée aux riches.
Joieuse Aguille
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enguerrand le baille
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mer. mars 26, 2008 11:00 am

Ah en effet pour recentrer le débat (hors du débat poujadiste sur la vengeance, et non pas sur la justice....), la médecine existe bien entendu au moyen age, de même que la chirurgie, celles-ci évoluent d'ailleurs entre les XI et XVe siècles par ex, avec différentes écoles, comme celle de Salerne bien connue...

certains chirurgiens par exemple ont laissé des textes, rassemblés en volumes conséquents, tels Guy de Chauliac au XIVe
ou Brunschwig à la fin du XVe du côté de Strasbourg, certaines méthodes furent abandonnées, reprises, décriées, défendues, etc (comme le débat portant sur le bénéfice de la suppuration de la plaie ou pas....)

donc il faut voir par ex que cette médecine médiévale, avec ce qu'elle avait sous la main en terme de matériel ou de connaissance a parfois mis en place des méthodes qui ont été utilisé jusqu'au XIX voir XXe siècle (en étant améliorées bien sur, mais la base était là, comme les mèches insérées dans les plaies pour enlever l'excédent de sang, certaines formes de suture également)

ce sont des éléments à garder à l'esprit en tout cas
à dieu
Enguerrand
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kalima
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mer. mars 26, 2008 11:40 am

Parmi les chirurgiens, Ambroise Paré est considéré comme le précurseur de la chirurgie moderne mais il est "date" déjà du début de la Renaissance : XVIème.

A noter : chirurgiens et médecins constituaient 2 classes distinctes. Les chirurgiens étaient souvent méprisés par les médecins qui, eux, travaillaient en latin.
Ce n'est certainement pas la seule différence mais celle-là tenait à coeur de certains médecins (les mauvais ?).
Joieuse Aguille
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enguerrand le baille
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jeu. mars 27, 2008 5:00 am

Oui Ambroise Paré n'est pas arrivé tout seul, il est le continuateur d'une longue lignée de chirurgiens...notamment les 2 que j'ai cité plus haut

En effet les médecins dédaignaient les chirurgiens, car ceux-ci pour soigner, devaient fouiller à l'intérieur du corps, travailler dans les sang et les viscères (importance du tabou du sang et de l'impureté au moyen age), alors que les médecins soignaient les maladies sans toucher au corps, voire devaient faire en sorte que le patient ne tombe pas malade, justement!

voilà voilàààà
à dieu
Enguerrand
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Hermelind
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jeu. mars 27, 2008 8:17 am

Y a quelques années de ça, j'avais suivi une série de docu présentés par Terry Jones (des Monty Python, des fois que... NI !). C'était une vision totalement à l'opposée des stéréotypes, et le tout était vachement marrant (c'est Terry Jones, hein, y a forcément des restes). Il avait bien expliqué qu'en fait, les médecins médiévaux n'étaient pas SI nuls que ça... Et que finalement, il semblerait bien que les infections et tout le toutim n'étaient pas pires que maintenant (on se chope des infections à l'hôpital, je vous le rappelle, sans parler de plein d'autres accidents sur lesquels on ne s'étend pas trop... Quoique... sang contaminé, hormones de croissance, irradiés, etc... la liste est longue, et on peut toujours mourir en couches). Bref, le taux de mortalité dans les hôpitaux devait être sensiblement le même, ou à peine plus élevé, que de nos jours.
C'est sûr qu'il fallait pas trop compter sur une anesthésie générale (au sens actuel) ou sur des antibiotiques, mais, visiblement, leurs méthodes étaient quand même efficaces dans nombre de cas.
Lady Palace Canada Dry.
Floodito ergo sum
Reporter de guerre 1214
Rhum ! Rhum ! Rhum !
ENLUMINURE ! PAS ICONO ! SCROGNEUGNEU !
Grande Machine Ahurie, adoratrice servile de Prez Tagada.
La Prez a TOUJOURS raison !

CQHB !!!
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yrwanel
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jeu. mars 27, 2008 9:28 am

euh....

Hildegarde von Bingen a rassemblé pas mal de truc que on estime que c'est la "patronne" de la phytothérapie....
Elle a juste collationné sur papier des vieux trucs connus....

Méro: on a etrouvé deux ou 3 mecs ayant survécus à une amputation et avec une prothèse pas ma faite, en plus...

Actu, je reste sciée du nombre invraisemblable de personnes munies d'allergies de tout poil, que, des fois, cela devient un casse-tête que de faire un menu rassemblant plusieurs allergiques!
Et cela démarre dès le plus jeune âge....

OK: les opérations à coeur ouvert, greffes, etc...La chirurgie, techniquement a fait des progrès...
On planche sur les salles d'op entièrement technologiques....

Et même temps: les maladies nosocomiales infestent les hôpitaux...et font claquer les sujets des interventions chir les plus réussies...

Suite à deux "tests" d'hospitalisation: merci... plus jamais. Pas de commentaires sur le suivi des patients en salle....
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