[JUSTTICE] Le duel judiciare

Vie, coutumes, institutions, pouvoir et organisation de la société au Moyen-Age

Modérateur : L'équipe des gentils modos

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dramalech
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jeu. août 14, 2008 1:42 am

Bonjour,

Auriez vous des liens, sources , ou autres documents traitant des duel judiciaire.
Attention je ne parle pas de technique de combat, mais de l'aspect protocolaire de la chose.

J'ai déjà une "source" qui est un bouqui de chez Budo édition et qui est déjà bien intéressant :
http://www.priceminister.com/offer/buy/ ... Livre.html

Mais plus j'ai de sources et mieux ca sera
Dramalech


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eodhel
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jeu. août 14, 2008 2:26 am

Titre du document / Document title
Le duel judiciaire au Moyen Age dans le comté de Bourgogne = The judicial duel in the Middle Ages
Auteur(s) / Author(s)
Association d'historiens de l'Est, FRANCE (Commanditaire)
GAY J. (1) ;
Affiliation(s) du ou des auteurs / Author(s) Affiliation(s)
(1) Université de Paris 5, FRANCE
Résumé / Abstract
Cet article se penche sur la pratique du duel comme administration judiciaire de la preuve dans le Comté de Bourgogne, la future Franche-Comté. Après avoir décrit les péripéties de la dévolution du titre comtal et celles des élites locales, l'A. s'attache à la situation du duel judiciaire dans le droit à travers les actes officiels et les chartes d'affranchissement de localités, véritables actes réglementaires émanant de l'autorité seigneuriale. L'A. recherche ensuite les expressions de la pratique face aux dispositions ou au silence des chartes. Développement du recours au témoignage et référence au droit écrit peuvent expliquer la raréfaction du duel, mais la coexistence de la recherche de preuves irrationnelles et de preuves rationnelles a existé.
http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=2013391

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A propos de la loi Gombette
http://www.universalis.fr/encyclopedie/ ... DE_LOI.htm

La loi Gombette
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111330n

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Dictionnaire historique des institutions, mœurs et coutumes de la France Pierre Adolphe Chéruel
---> URL à rallonge du livre sur google, clic <---
téléchargement :
http://books.google.fr/books/pdf/Dictio ... ilWRO3s8fw

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Et une thèse de 2000 à trouver
Marc Plessier : La Loi des Burgondes, la Loi de Gondebaud
<span style="color: #0000ff;">Mediaephile  </span><a href="http://mediaephile.com" target="_blank">http://mediaephile.com   </a> Si ceux qui disent du mal de moi savaient ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage. S.Guitry
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dramalech
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jeu. août 14, 2008 3:26 am

wow ... un très grnad merci.
JE connaissait le premier lien, je viens de le commander; le reste n'est que du complément.
Je vous en remercie
Dramalech


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barisart
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lun. août 18, 2008 9:20 am

Tu peux aussi regarder dans les capitulaires de Charlemagne normalement trouvable dans les ressources médiévales sinon MP et je te dis quoi.

Ce qui te sort des Burgondes (géographiquement plus logique pour toi!)
Ainsi pour moi, pour d'autres autrement, pour tous, de toutes façons...
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dramalech
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jeu. août 21, 2008 6:45 am

Oui .. sus aux bourguignons et vive valeque !!!
Désolé si je vexe quelqu'un

Alors si en plus il faut trouver les docs sur la justice à leodium .... c'est encore moin gagné ...
Dramalech


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jeu. août 21, 2008 6:50 am

On a la chance que les Princes de Liège estoient aussi évèques donc les choses furent toutes écrites même si certaines sont perdues, je serais toi, j'irais voir au fond documentaire de l'Ulg (je ne sais pas trop ce qu'ils ont en ligne) ou un coup de fil à la faculté d'Histoire pour t'orienter.
Ainsi pour moi, pour d'autres autrement, pour tous, de toutes façons...
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dramalech
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jeu. août 21, 2008 8:41 am

Très bonne suggestion mon cher je t'en remercie ...
Dramalech


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pierre al
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ven. août 22, 2008 3:55 pm

Je remets le petit topo que j'avais mis

Si l'on veut affirmer qu'une large partie des livres d'armes est dédiée au duel, il nous suffit de lire l’un des titres de ces manuscrits: « Fior di bataglia ». Mis à part l’utilisation du mot « Fior », qui a ici la signification de florilège, et est peut être un jeu de mots avec le nom de l’auteur, « Fiore », l’emploi de « battaglia » est particulièrement intéressant. En effet, le mot est un faux ami et ne signifie aucunement bataille . Dans les sources italiennes, c’est le terme le plus communément répandu pour définir le duel. Même le titre latin du Novati, « Flos duellatorum », ou le florilège du duel, ne nous laisse aucun doute.

Mais comment est considéré le duel au Moyen Age ?

Dans les textes d’époque, on trouve de nombreux termes pour désigner cette pratique: duellum, pugna, monomachia, singulare certamen, campus, bellum, trial by battle, desafio, singular batalla etc. Dans les lois germaniques, apparaissent aussi des termes comme wehadinc et chamfwich .
Des analyses et une définition extrêmement claire du concept de duel sont réalisées par Giovanni de Legnano, remarquable juriste Bolognais de la fin du Trecento. Il écrit à propos du combat normé nommé duel : « j'affirme que le duel est un combat volontaire entre deux individus pour la gloire ou pour un excès de haine. »
La manière dont Giovanni conçoit les différentes typologies du duel est très significative. Il explique en effet qu’une motivation simplement basée sur l’honneur entraîne un duel mais n’en est pas l’unique cause. Le désir de renommée ou la haine naturelle sont des composantes tout aussi importantes de cette pratique normée de la violence. En établissant cette définition, large et relativisant énormément la vision figée que nous pourrions avoir, nous devons garder à l’esprit que G. de Legnano reprend dans ses travaux les argumentations de Roffredo Berieventano, juriste du XIIIème siècle et réalise par conséquent un report d’une partie des opinions des siècles antérieurs. Ce décalage provoque sans aucun doute un manque d’appréhension des enjeux et des changements du duel contemporain de Legnano mais son analyse reste néanmoins l’une des plus pertinentes qui soit, traitant de manière organisée les différents types de duels. Ainsi, le duel par désir de gloire (duellum propter gloriam) est, pour le juriste bolonais, le moment où l’on combat pour montrer sa force et son habileté en public, et cela correspond de manière assez claire aux tournois et autres joutes martiales. Toutefois 1'apparente ludicité de ces jeux ne doit pas laisser dupe, vu que Giovanni considère le duellum propter gloriam contraire aussi bien au droit canonique qu'au droit civil . De la même manière le duel pour excès de haine (duellum propter odii exaggerationem) est considéré comme méprisable et contraire aux droits divins et humains. Le pugna propter gloriam, en revanche, n'a pas comme fin 1'anéantissement (exterminationem) de l’autre, mais la seule victoire. La volonté d’homicide n’en fait donc pas partie, contrairement au duellum propter des odii exaggerationem. L’intuition de l’existence d’un duel d’honneur médiéval semble se confirmer.
Enfin, il existe le duel judiciaire (duellum a purgationem), dans lequel l’accusé doit se battre pour prouver son innocence s’il n’y a pas de témoins ou de épreuves claires et crédibles. Cette pratique est considérée, selon le juriste, comme contraire à toute forme de droit, sauf dans les quelques de cas où le droit lombard admet le recours d’une telle épreuve. Il respecte ainsi la tradition germanique et témoigne de la présence de zones encore réglées par les lois lombardes, qui possède ainsi une légitimité . En tout cas « n'importe quel type de duel implique une motivation puissante, comme une faute à réparer, ou une injustice à faire payer. Souvent le prix est une effusion de sang, pour que la justice soit rendue. L'évènement doit être public et normé par une série de règles formelles qui permettent de contenir et de ritualiser les forces destructives qu’il déchaîne. »
Une brève analyse de toutes les formes de combat rituel nous aidera donc à mieux comprendre le monde dans lequel sont produits les traités d'arts martiaux.

Le duel judiciaire

On considère généralement que la pratique du duel judiciaire est une coutume importée des terres germaniques, lors des grandes migrations qui se font à la fin de l’Antiquité. Tacite mettait déjà en avant dans son œuvre le « caractère belliqueux et fier » des Germains, ainsi que l'appartenance privilégiée à une tribu ou à une famille plutôt qu’à une collectivité: cette mentalité était probablement, toujours selon Tacite, la cause de faide sanglantes. Un des usage décrit nous frappe particulièrement : lorsque les germains viennent à hésiter sur les raisons ou l’issue d’un conflit, ils organisent un combat entre un prisonnier ennemi et un champion de leur peuple. L’issue de ce combat détermine la poursuite ou l’abandon de la guerre . Un des éléments fondamentaux de ce duel est de croire que lors de l’épreuve survient une intervention divine qui modifie le cours des évènements et qui montre la vérité.
Cet acte de foi est typique d’une civilisation pénétrée par un profond sentiment religieux, où l’invocation du nom de Dieu est une source de certitude et une garantie incontestable. Tite Live remarque une coutume semblable chez les Celtibères mais cette fois, elle sert à faire cesser la discorde entre deux parties grâce à un combat accepté et organisé par celles-ci. . Les lois germaniques de chaque peuple (Burgondes, Angles, Alemans, Lombards) traitent toutes de cette coutume et laissent ainsi entendre que la pratique du duel judiciaire est ancienne et qu’elle résiste farouchement à la christianisation. Il n’est pas étonnant alors que l’exhortation de Cassiodore, écrite pour les Germains au nom de Théodoric, les invitant à abandonner leurs pratiques judiciaires, n’ait eue que peu d’effet. .
Il serait cependant absurde de comparer le duel judiciaire avec nos idéaux juridique. Cette pratique n’est pas la norme dans la société féodale, surtout dans ses débuts, lorsque la justice est une pratique détenue soit par la noblesse soit par le pouvoir ecclésiastique mais on s’aperçoit que la menace de son emploi sert souvent à évacuer et à régler des querelles.
En même temps cette pratique fait diminuer les parjures et surtout les faide et les guerres privées . Toutefois les aspects négatifs se voient très vite : les lois lombardes doutent très vite du bien fondé d’une pratique du duel judiciaire, malgré le fait qu’il s’agisse d’un trait culturel. « Nous avons des sérieux doutes sur la bonté du duel judiciaire et avons su que beaucoup, à cause de ce combat ont perdu leur cause sans aucune raison. Mais en conformité à la tradition de notre peuple Lombard nous ne pouvons pas défendre une loi injuste » . Déjà au début du VIIIème siècle on commence à mettre en évidence une nette incompatibilité entre la justice divine et la justice humaine. Pourtant, pendant le règne ottonien et après le premier millénaire, le recours au duel judiciaire est une pratique reconnue et rien ne semble modifier cet usage qui se consolide peu à peu . Ceci montre que le pouvoir central se contente souvent à prendre acte des usages locaux et fait en sorte qu’ils soient respectés. En effet, on ne peut pas vraiment dire que dans ce domaine il y a des changements substantiels dans les nations sujettes aux empereurs d'Allemagne et à leurs lois. En Italie survit la loi lombarde qui reste en service plus longtemps qu’aucun autre droit germanique, et ce malgré les actions des souverains carolingiens, ottoniens et postérieurs. Ces essais de prise de position sont exprimés par Frederic II dans la Constitution de Melfi, dans laquelle il condamne le duel comme « iure commun deviat », contraire à la justice et portant en lui plus de divination païenne que de prétention juridiques. Le texte de Frédéric n’accepte que deux cas de duels judiciaires : Ce sont deux cas d’insulte à l’honneur, qui sont de toute façon réprimée durement par les coutumes médiévales : la suspicion de lèse majesté et le régicide (ainsi que certains cas de régicide) . À partir du siècle XIIIème siècle, nous assistons alors en Italie à un graduel abandon de ces pratiques, qui est à mettre en parallèle avec la fin de la féodalité, lorsque le pouvoir seigneurial respectueux des anciens usages laisse place aux conseils urbains. Certaines villes font compiler ou rédiger les anciennes coutumes, et sont vite suivies par les grands centres urbains de l’Italie du nord. Les statuts citadins se mettent à revoir leur héritage juridique, certains le repoussant, certains le conservant, certains enfin revoyant les cas de recours aux armes . Dans les villes où la pensée bourgeoise prend peu à peu le dessus sur le féodalisme, la pratique du duel est drastiquement réduite et contrairement aux dispositions des lois germaniques, on commence à concéder à tous les duellistes l’usage de champions.
À partir du trecento, on assiste à une disparition progressive du jugement de dieu dans les statuts communaux italiens, surtout grâce à l’activité des juristes universitaires, à leurs études sur le droit romain et à la ridiculisation systématique du droit germanique. Même si dans quelques statuts on lit encore certaines formes de l’ancienne justice, qui est transcrite des anciens coutumiers, ces dispositions ne sont plus vraiment suivies . En France un phénomène semblable se déroule presque en même temps, et qui a pour effet d'émanciper les centres urbains des évêques . Ceci se fait grâce aux concessions des rois français, qui concèdent des privilèges et plus d’autonomie aux villes. En Allemagne et en Angleterre le combat judiciaire est employé plus longtemps et disparaît beaucoup plus lentement, notamment parce que le pouvoir féodal reste longtemps en place.

Le tournoi


Examinons maintenant les aspects principaux du tournoi et des divers jeux martiaux qui sont liés étroitement avec le duel et qui en ont peu à peu modifié les rituels. Il est important de montrer combien, aux XIVème et XVème siècles, la ligne de démarcation entre le jeu et le duel à outrance est mince et subtile. En effet, la notion même de jeu martial, qu'aujourd'hui nous associerions immédiatement à la pratique des sports de combat, est à l’époque étroitement liée au monde des chavaliers et vu avant toute chose comme un exercice pratique au maniement efficace des armes, et pas forcément comme une compétition amicale.
Un des éléments les plus évidents est l’emploi du cheval et de la lance placée sous 1'aisselle, avec laquelle on va frapper la cible au galop. L'invention est attribuée d’ailleurs à la cavalerie normande du XIème siècle . On imagine sans peine les dangers qu’il y a à s’amuser avec des techniques de guerres conçues sur les champs de batailles .
Ce qui différencie fondamentalement le tournoi des jeux martiaux, c’est que le premier est une activité de groupe alors que les seconds sont généralement (mais pas forcément) des activités ou l’on est seul. A ses débuts, le tournoi est beaucoup plus populaire que les jeux martiaux, car il implique une grande quantité de combattants, et simule avec plus ou moins de réalisme tous les instants d’une bataille. Dans la mêlée même, il était autorisé d’aller attaquer un homme seul, ce qui engendrait de violents combats à l’arme blanche et qui rendait l’activité très proche d’un véritable champ de bataille.
Même 1a surface limitée pouvait être brusquement étendue: On rencontre même certains tournois (rares cependant) où la zone comprend plusieurs kilomètres carrés, avec des rivières, des villages, des vignobles et des fermes. Souvent des maisons ou des villages servaiennt de forteresses improvisées dans lesquelles les adversaires se réfugiaient, comme dans une reconstitution grandeur nature d’une guerre.
Les jeux martiaux, déjà bien connus, sont quand à eux considérés comme des épreuves préliminaires destinées à mettre en relief les qualités individuelles, surtout celles des jeunes.
Nous pouvons idéalement diviser l’histoire du tournoi et des jeux martiaux en deux périodes: la premiere va des origines jusqu’à la fin du Trecento, la suivente des débuts du XVème siècle à la fin du XVIème.
Ce qui caractérise nettement la première période ce sont avant tout les risques auquel se soumettent les tournoyeurs. Mis à part l’ardeur de la chevalerie, ce qui les pousse à risquer ainsi leur vie, c’est surtout l’inadéquation des protections alliée à la présence d’armes véritables qui rendent ces pratiques si dangereuses. Le heaubert et les heaumes sont parfois même interdits et rien ne peut alors réellement se mettre entre l’énorme masse d’un destrier chargeant et la victime.
Les assauts avec des massues de bois et des épées neutralisées sont également létaux, malgré la volonté de neutralisation des armes. Les affrontements « amicaux » dégénèrent souvent en mêlées. Certains combattants profitent même parfois de ces dérapages pour régler de vieilles rancunes.
Les incidents, 1’âpreté de certaines disputes, les tournois qui dégénèrent en combats mortels, tout ceci finit par attirer l’attention de l’église, qui cherchait déjà depuis le XIIème siècle à limiter ces jeux dangereux.
Ainsi le concile de Clermont en 1130 stipule que quiconque meurt en tournoi ne peut être enterré en terre consacrée, avec les sacrements correspondants. Cette prise de position est réaffirmée quelques décennies plus tard lors du concile de Latran en 1179. Mais ces mesures ne dissuadent pas complètement. Les résultats ne sont que peu probants, notamment parce que même l’institution ecclésiastique n’a pas le pouvoir nécessaire pour faire cesser les fêtes martiales, ancrée dans les coutumes locales . Une partie des désordres peut s’incarner en véritables batailles, comme à Neuss (Cologne) en 1240 ou à Chalon en 1274 En outre, les morts sont presque toujours celles d’hommes illustres et peuvent laisser un vide politique ou dynastique considérable.
Le concile de Latran en 1215 réaffirme sa condamnation du tournoi qui continue pourtant d’enthousiasmer les hommes d'armes. Il continue encore à se développer, malgré certaines allocutions comme celles de Jacques de Vitry , qui attribue aux tournoyeurs les sept péchés capitaux de l'Église. Les fêtes en armes sont alors un lieu où se développe colère, luxure, avarice et encore beaucoup de vices. Ce qui est surtout reproché aux tournoyeurs c’est qu’ils gaspillent leurs forces dans des combats futiles, alors qu’ils pourraient mettre ces forces au service de la chrétienté.
Cet argument est repris par Ramon Llull: « Cavaller deu correr caval, bornar, lansar a taulat, anar ab armes, torneis, fer taules radones, esgremir, cassar cers, orses, senglars, leans e les altres coses semblants a aquestes que son offici de cavaller; car per totes aquestes coses se acustumen los cavallers a fets d'armes e a mantenir lorde de cavalleria » . Ainsi, il renverse les concepts de Vitry et de l'Église en faisant des activités du chevalier, même les plus ludiques comme la chasse et les fêtes martiales, la fondation même de la survie de la chevalerie au service de Dieu. Dans le décret de 1316 du Pape Jean XXII, l’Eglise semble s’accorder avec les mots de Llull plutôt que de continuer avec le rejet de Jacques de Vitry, en soutenant que beaucoup d'hommes, s’ils cessent les exercices comme les tournois, risquent de ne plus être aussi habile que nécessaire en cas de conflit religieux.
En tout cas, comme cela est déjà souligné , à partir du trecento le tournoi et les jeux se font moins violents. Cette modification se fait de manière assez curieuse en parallèle avec l’ouverture de ces évènements à des catégories sociales moins estimées que la chevalerie. À partir du trecento le nombre d'incidents diminue donc graduellement et cela est probablement du à l'introduction de règles mais surtout à l'emploi toujours plus généralisé de l'armure métallique. Aux débuts du quattrocento, le bouclier tend également à être abandonné au profit de cette armure toujours plus efficace .
C’est également à cette période que l’on commence à clairement préférer les jeux martiaux aux tournois, surtout grâce à la possibilité qu’ils offrent, c'est-à-dire de se concentrer sur les combattants individuels et ainsi mieux apprécier le spectacle. Une certaine volonté de mise en scène caractérise ainsi les tournois des XVIème et XVème siècles. Certains de ces évènements sont de véritables pièces de théâtre, avec des costumes étincelants, des armures finement ouvragées, et même des décors enchanteurs, comme le château de bois que fait construire Ruggero de Lauria en 1302, château pleinement fonctionnel destiné à simuler des assauts . Les loges ornées de fleurs, les étendards peints par des artistes célèbres, des cohortes de valets vêtus avec les couleurs de leurs maîtres, de la musique. Ces manifestations se caractérisent en fait surtout par leur coût colossal , qui témoigne publiquement de la richesse des organisateurs.
La littérature courtoise de la fin du XIIème siècle joue un rôle non négligeable dans la mise en scène de ces fêtes martiales, inspirant les épreuves et les jeux, et constitue même le principal élément d’inspiration de la chevalerie, qui prennent en exemple les héros de Chrétien de Troyes, et tentent de faire revivre leurs exploits.
Lors du XVIème siècle, mais surtout au XVème siècle, les jeux équestres changent eux aussi de rôle. Il perdent peu à peu leur vocation d’entraînement et deviennent eux aussi un moyen de faire vivre au public la geste de héros comme Lancelot, Perceval et Yvain. Des épreuves comme les pas d'armes, dans lesquelles un chevalier tient ses adversaires éloignés d'un pont ou d'une porte, ne font que mettre en scène des récits courtois des auteurs comme chrétien de Troyes et Malory, créant ainsi une espèce d’utopie littéraire qui n'a pas de précédents dans la culture médiévale. J. HUIZINGA juge assez finement cette métamorphose: «Le Bas Moyen âge est une de ces périodes où la vie sociale des classes supérieures est presque entièrement devenue un jeu de société. La réalité demeurant violente et cruelle, les élites se reportent sur une contemplation du beau et le rêve de l’idéal chevaleresque s’inscrit peu à peu dans la vie quotidienne. Tous récitent leur existence en portant le masque de Lancelot. Il se met alors en place un grand jeu de dupe dont tous sont conscients, et ce jeu permet de supporter l’insécurité ambiante, rendant ainsi la société légèrement démente ».
Pour évoquer la splendeur des fêtes d'armes de cette période il suffit d’en citer certaines comme celle de Bourg en Bresse en 1352 dans laquelle le comte Amédée VI de Savoie fait son apparition avec un splendide habit de velours vert et une armure d'argent, monté sur un vigoureux cheval de bataille, bardé de vert et d’argent. Avec lui montent onze des plus nobles chevaliers accompagnés de dames et liés à elles par une chaîne d'or, symbole du lien de l’amour. Les habits de tout ce cortège prestigieux sont confectionnés sur mesure. Lors de cette fête sont réunis mille quatre cent chevaux, parmi les plus beaux d’Occident. Un autre splendide tournoi est tenu à Venise en 1364 et il est décrit par Pétrarque. Le faste et la magnificence frappent d’ailleurs le poète, au point qu’il en écrit un poème.
Parfois pour apprêter le terrain, on doit faire appel à une organisation coûteuse et difficile à mettre en place, comme cela fut le cas pour le tournoi de Saint Denis de 1389 pour le couronnement de la reine Isabelle et de Charles VI. Pour ce rassemblement, on employa plus de deux cent chariots remplis d’eau pour laver le terrain trop poussiéreux. Les frais pour une telle préparation créèrent un grave mécontentement parmi la population, même si celle-ci fut enthousiaste lors du couronnement .
Le XVème siècle voit une accentuation de ce faste et de la complexité scénographique, incluant les tournois dans des évènements comme des mariages ou des fêtes populaires. La Bourgogne est probablement la région qui voit s’organiser les plus belles fêtes d'armes du siècle. Ces dernières sont décrites avec précisions dans les chroniques de l’ordre de la toison d’or. Parmi les tournois les plus illustres de ce texte figure celui qui se tient à Bruges le 3 Juillet 1468 à l’occasion du mariage entre Charles le Téméraire et Marguerite d’York. Le tournoi dure plusieurs jours et clôture chaque affrontement par des entractes avec des tableaux vivants et des animaux exotiques comme des chameaux, des léopards des lions ou même des chevaux grimés en licornes .. Cependant, nous ne devons pas trop insister sur le luxe, la richesse et le spectaculaire de ces fêtes dispendieuses, car elles ne perdent pas complètement leur relation avec le monde de la guerre et du duel.
Tous les chroniqueurs qui virent et décrivirent ces évènements ne manquent pas de faire référence aux prestations athlétiques et martiales de haut niveau qui arrachent des applaudissements et offrent la gloire à tous les combattants, qu’ils soient morts ou vivants.
Il faut rappeler ainsi le célèbre pas d'armes tenu prés de Dijon le 11 Juillet 1444 et décrit en détails par Olivier de la Marche qui était présent. Le défi parle de l’arbre de Charlemagne (référence claire à la chanson de geste) auxquels sont accrochés deux boucliers, un noir avec des armes d'or, et l’autre violent des armes noires. En frappant le premier on obtenait le droit d'accomplir onze assauts avec des armes de guerre. Frapper le second autorisait un duel à la hache et à l’épée. La journée commence par une rencontre entre Charny et un espagnol : Pedro de Savedra. Le premier combat se fait à la hache, autorisant quinze coups par duelliste. Suit alors un duel équestre sans blessures mentionnées. Le combat suivant se déroule entre Jean de Copays et Antoine de Vaudray qui s’affrontent avec des armes effilées et qui se donnent des coups au visage. O. de la Marche stipule qu’à la fin, leurs cottes d’armes sont déchirées et les visières des heaumes broyées. Décidés à continuer le combat, qui devient de fait un véritable duel sous le couvert d’une compétition amicale, ils sont séparés par des gardes sur ordre du juge.
Une autre prestation exceptionnelle est la rencontre de Saint Inglevert (Calais) en Mars 1390 où trois défenseurs : les chevaliers de Saint Py, Boudcaut et Regnant de Roye s’engagent à soutenir seuls pendant trente jours les assauts successifs de tous les adversaires qui se présenteront. Les cartels sont rédigés en novembre et sont accueillis avec beaucoup d'enthousiasme par les chevaliers anglais.
Cent trente chevaliers et écuyers répondent à l'appel mais seulement trente-cinq prennent réellement part au combat. Dans la lettre de défi les trois chevaliers s’engagent à subir cinq assauts avec des lances de guerre ou courtoisie contre n'importe qui. En frappant un des deux boucliers exposés on signalait ainsi 1'intention de combattre à outrance ou à plaisance. Tous choisirent le combat à outrance avec des lances acérées. Même si il y eut seulement des blessures légères, beaucoup tombèrent durement à terre et Boudcaut perdit son heaume et fut blessé à la tête. La durée de la rencontre, étant donné le nombre limité de participants, fut de quatre jours mais les chevaliers français avaient tenu leur promesse et rentrèrent couverts de gloire. La dureté et le risque d’une telle démonstration de force témoigne de la formation exceptionnelle de certains combattants, mais met aussi en évidente l’absence relative de frontière entre la bataille réelle et le jeu.

Le duel d’honneur, ou duel chevaleresque.


Comme nous l’avons dit précédemment, à partir du XIVème siècle on trouve de fréquentes références à un autre type de rencontre, qui présuppose comme motivation une offense à l'honneur. Le terme, pas toujours exact, de duello d'onore est cependant meilleur que duello cavalleresco, car il évite la confusion avec le tournoi
On peut cependant dire que le duel d’honneur est une évolution naturelle de deux phénomènes concomitant : l’évolution du duel judiciaire et la multiplication des duels à outrance.
Le duel d’honneur est lié ou dérivé du duel judiciaire, lorsque ce dernier commence à décliner et perd progressivement sa fonction. Les accusations d’ordre juridique deviennent alors de simples paroles et deviennent des insultes à l’honneur.
Qu’est ce qui différencie un duel d'honneur d'un combat judiciaire ? Avant tout le fait que le résultat de ce dernier à une valeur de verdict. Cet élément décroît pourtant dès la fin du XIVème siècle. Ceci est du au fait que les autorités craignent que le duel dégénère c’est pourquoi ils séparent souvent très vite les protagonistes.
Il est évident que ces pratiques ne recherchent plus la révélation du coupable, mais une conciliation forcée. Le caractère juridique disparaît au profit d’une volonté de pacification. Ceci est probablement du au fait que les autorités et le monde médiéval commencent à avoir foi dans le droit et développent la conviction que 1’accusation doit être confirmée avec des enquêtes.
Le duel de 1398 entre Henry Lancaster, duc d’Hereford et Thomas Mowbraie, duc de Norfolk, chacun accusant l’autre de trahison, est très révélateur. Le combat est interrompu au début par le roi Richard. Les deux combattants sont alors exilés pour avoir choisi la violence en remplacement des lois.
Un autre duel se déroulant à Arras, lui aussi sur une accusation de trahison, voit s’affronter Maillotin de Bours et Hector de Flavy. Le duel se fait en la présence du duc de Bourgogne et se termine de manière spéciale. En effet, après une confrontation avec une lance une épée et une dague, le duc jette son bâton entre les deux duellistes, les empêchant de continuer. Plus tard le duc invite les combattants à sa table et les réconcilie, en suivant ainsi le vieil usage de la réconciliation chevaleresque. . Si nous prenons en considération l’œuvre d’un des plus grands juristes de l’époque, Paride dal Pozzo (Paris de Puteo, mort en 1493) nous pouvons tirer quelques intéressantes conclusions.
Avant tout, en publiant son oeuvre en 1473, Pozzo expose pleinement la pensée et les usages du Moyen âge tardif, avec toutes les règles qui se sont consolidées à partir d’une tradition antique du duel. Pozzo est pleinement conscient que les pratiques de son temps sont issues de traditions plus anciennes. C’est dans son œuvre qu’est mentionnée pour la première fois 1’honneur comme motivation au duel, chose qui est totalement absente de Giovani de Legnano, qui écrit en 1365. On peut en conclure qu’entre 1365 et le 1473 le duel d'honneur à su se diffuser et fixer des traditions.
Les mécanismes qui poussent au duel d'honneur sont, selon Pozzo, les mêmes de ceux du duel judiciaire. Il met cependant en relief la notion de mentita. Alors que dans le duel judiciaire ceci n’est qu'une phase de la procédure, un acte de défense avec lequel 1’accusé niait, chez Pozzo, il devient la première cause du duel puisqu'il réplique à l'accusation et force ainsi 1’accusateur à demander réparation.
Si nous lisons encore Pozzo, nous nous apercevons que d’autres liens existent entre le duel médiéval et le duel d’honneur. L’attribution du champ, par exemple, à des origines médiévales. En effet, dans le duel judiciaire, c’était à la justice d’assigner un lieu pour la rencontre.
Une fois que l’institution du jugement de Dieu s’affaiblit, le lieu de la rencontre devient caché, se met en marge de la justice. Les protagonistes font alors appel à un puissant, comme un conte ou un marquis, qui en tant qu’homme d’armes concède un terrain.
Ainsi, on remarque que le pouvoir nobiliaire cherche à se substituer de nouveau aux lois citadines, en rétablissant 1’ancienne tradition féodale du duel.

Le duel à outrance.


Ce terme est généralement employé pour désigner des combats de différentes natures mais qui ont comme point commun la volonté de vaincre l’adversaire par tous les moyens, y compris des moyens létaux. Même si le terme est parfois employé pour désigner le duel judiciaire ou le duel d’honneur nous le trouvons plus précisément dans les descrïptions de tournois pour désigner une rencontre entre deux adversaires armés d’armes réelles et aiguisées, en contradiction directe avec le combat à armes neutralisées, que l’on dit à plaisance.
Fiore dei Liberi nous informe ainsi dans ses manuscrits qu'on se combattait alors avec une lance de fer tendre et nous trouvons des confirmations dans d’autres sources. Monstrelet se rappelle ainsi du combat à outrance entre Siniscalco di Haynu et le chevaliere Anglais Jehan de Cornovaille . Cette pratique, qui est souvent préférée par les chevaliers et les écuyers impatients de livrer un « vrai » combat, ne doit pas être sous estimée. Au contraire, on observe très souvent que de véritables duels sont livrés pendant les tournois sans attirer 1’attention des autorités ecclésiastiques et civiles.
On peut légitimement se demander si les défis à outrance ne sont pas en réalité une rencontre semblable au duel sur le champ, dans lequel se produisent des accidents, et non pas des homicides.
Certes 1’existence d'une forme toujours plus développée d'armure, qui empêche de plus en plus les accidents fatals, permet aux chevaliers et aux écuyers de se battre avec de vraies armes sans prendre de réel risque. Fiore en témoigne d’ailleurs clairement dans son prologue: « Et celui qui se bat dans les barrières avec une armure peut recevoir de nombreux coups, et encore gagner le combat…Je dis donc qu’il vaut mieux se battre trois fois dans les barrière qu’une seule fois nu et avec une épée aiguisée. »
Par ces mots, on comprend évidemment que l’armure de la fin du XVème siècle protège extrêmement bien les combattants, même lors de duels à outrance.
Je termine cette brève analyse par la citation d’une chronique narrant un célèbre duel qui a lieu à Padoue en 1395 entre un français et un italien. Ce combat, décrit avec précision par les Gatari , des historiens de la cour, est particulièrement intéressant d’abord parce que les motivations qui poussent les adversaires à se battre le placent dans la catégorie du duel d'honneur, et en deuxième lieu parce que les adversaires sont 1’illustre Jean le Maingre dit Boucicaut et Galeazzo Cattani del Grumello, un des plus célèbres chevaliers italiens.
Le maître d'armes qui enseigne à Galeazzo est Fiore dei Liberi et il rappelle ce célèbre événement dans le prologue du Fior di battaglia. Les chroniques des Gatari en font aussi une narration en utilisant comme fil conducteur la traditionelle opposition entre les français et les italiens . La motivation:qui est exposée (ognuno volendo mantenere lo suo honore) est claire. La préparation scénique, le public sont identiques à ceux d’un tournoi, et arborent des tissus précieux, de nombreux chevaux, et des vêtements élégants. Ceci laisse penser que l’arrivée de nombreuses personnes de haut rang est une occasion de s’enrichir (nous rappelons à ce propos des loges louées contre trois ducats). Beaucoup viennent de loin pour pouvoir se mesurer à de tels combattants. Le cortège des duellistes qui est décrit est vraiment somptueux et met en évidence les possibilités économiques de la commune. Tout ceci est une magnifique fête et un splendide tournoi, qui n’a que peu de rapport avec le caractère austère d’une défense de l’honneur national. Le rituel, serment compris, est encore celui du duel judiciaire mais le tapage, la confusion et 1a fête sont représentatifs d’un tournoi. Et le vacarme semble vraiment empêcher les protagonistes de se comprendre. Nous ne saurons jamais comment se serait terminé le combat si le combat n’avait pas été interrompu. La journée continue alors avec des réjouissances fastueuses.
L'homme médiéval fait une nette distinction entre le combat amical et celui à oltranza. Soit on se bat pour la détente, ou le plaisir, ou alors on le fait sérieusement. Lorsque ce dernier cas se présente, avec de vraies armes, les distinctions entre le jugement de Dieu, le duel d’honneur ou le tournoi semblent s’effacer. Ce qui compte vraiment, en fin de compte, ce sont les motivations du combat. Nous revenons ainsi directement à l’œuvre de Giovanni da Legnano et nous comprenons maintenant pourquoi les actuelles distinctions, construites à posteriori par les historiens modernes pour établir une typologie, ne correspondent pas vraiment à la réalité. Ce qui compte, comme l’explique Giovanni, est la motivation de départ : haine, désir de renommée, réparation d’une insulte ou d'une accusation. Chacun d’eux peut engendrer un duel.
Pouvons-nous donc dire que le duel d'honneur naît au Seizième siècle ? Le rituel est médiéval, la terminologie et les règles aussi. L’armement des premières descrïptions correspond aussi à l’ère médiévale. Nous trouvons encore des modalités et des mentalités entièrement médiévales comme dans le duel de Sienne en 1508 entre deux italiens, Tiracossa da Castello et Giulian Rotnano, et deux espagnols Giovan Comes (Juan Gomez) e Francesco Montagnese . La tenue et semblable à cette de beaucoup d’illustrations du Fior di battaglia mais les armes sont celles du nouveau siècle :
« Spade e cappe combatter fu d'accordi Solo in giuppone con un pugnaletto »
Comme dans le duel médiéval les possesions appartiennent au vainqueur :

« Poi de robbe, persone e de la vita Possino i vincitor far de perdenti Quel che li place senza altra impedita »

Les adversaires sont comparés à des animaux, comme cela est souvent rappelé dans les manuels d’escrime:

« Chi parea orso irato e chi un cinghiale
...a land a salti come leopardi
Se girno incontro e horribil colpi fenno
Perche al menar le man non eran tardi. L'occhio e ilpensier or qua or la n'andava; tutti prompti parean tutti gagliardi... »
Le combat continue avec impétuosité :
E mentre ch'ognun mostra forze prompte
Essendo gia feriti dascheduno
Chi de mandritti, rover si chi di ponte
Tiracossa con volto oscuro e bruno
Colpir volendo, alfin cadde per terra
Per sfortunato caso et importuno.
Francesco presto adosso se li serra
Delli a la gamba unaferita strana
Crese per lui finita sia la guerra:
E il roman presto al soccorso se spiana.
Tiracossa levato con piu stizza
Che irata tigre per la selva yrcana
E il bon romano a questi e quel si drizza
E I'un I'altro feri, tanta havta rabbia
Ch 'ogni occhio fuor de corpo par li schizza
Ne creder Tiracossa el cor perso habbia;
ma via ne venne franco et animoso
battendo e'denti e mordendo le labbia
e dette un colpo molto ruinoso
su la spalla a Francesco e indietro el spinse:
e luliano accorto e generoso
con tanta furia el suo nimico strinse
che elfe' cader tre volte e piu d'n colpo
gli die che mai di sangue el terren tinse:
Che venisse de piatto certo incolpo
Che come giu calava el braccio crudo
Pareva che dicesse: el snervo e spolpo.
E Tiracossa con el brando nudo
Condutto havea Francesco alle corde;
I'altro che Ytalia glorioso drudo
el suo rinchalza e tuttavia el remorde
e quel menava mandritti e reversi
ch'ancora la sua spada taglia e morde.
Erano colpi st fieri e diversi
Che ben non si vedeano li primi e li poi
Ma ognun convien che molto sangue versi.
Che virilmente li spagnoli dot
Menavano le man, ne se restavano,
de adoprar leforze e ingegni soi.
E spesse volte li nostri impiagavano;
e quei come leon caldi e feroci
mugghiando, virilmente piu li urtavano.
Li orribil colpi e le tremende voci
Credo che ferno a la paura tema e sen fuggisse
Ne le infernal foci.

A la fin les espagnols se rendent et tous sont couverts de sang et de blessures :

Cost restor prigionieri e d'una pece Tutti amachiati per gran sangue rossi Cost ciascuna parte el dover fece. Che ancora I'Ytalian la came e gli ossi Havea tagliati e perho mertar gloria Perche col proprio sangue son rescossi.

Même si on peut critiquer la médiocrité des vers et l'emphase poétique, ces extraits donnent la mesure de la mesure de la férocité de ce duel, qui est d’ailleurs en tout point semblable à celui qui vit combattre à Florence deux couples d’hommes d’armes: Ludovico Martetti et Dante Castiglione contre Giovanni Bandini et Bertino Aldobrandini.
Ce duel est provoqué, comme le raconte Varchi, par l’intervention de Martetti dans le conflit mené par Bandini, qui l’accuse ainsi de trahison envers la patrie. . Les passages décrivent minutieusement le cortège formé de vingt et un mulets, qui partent de Florence pour venir au champ de duel, en apportant les pavillons, le matériel et les vivres nécessaires à l’évènement. Chaque couple de duelliste combat séparément dans un espace bien délimité par une corde:
Il ne faut pas oublier d’ajouter la descrïption d'un autre duel entre deux espagnols et deux italiens, un Vénitien et un Padouan. Le combat finit même dans le sang avec la victoire des italiens et la décapitation d'un des espagnols . Ce genre d’épisode est présent dans beaucoup d’œuvres littéraires, comme par exemple dans le récit de la mort de Méléagant chez Chrétien de Troyes:


« Les chevaliers tombés se relèvent aussi vite qu’ils peuvent et tirent leurs épées sur lesquelles sont gravées des inscrïptions. Ils soulèvent les écus pour se protéger le visage, et recherchent la meilleure façon de se frapper de leurs armes d'acier tranchant. Lancelot n'éprouve pas la moindre craine; il sait jouer de l'épée deux fois mieux de Méléagant, puisque qu’Yvain lui enseignait depuis l’enfance. Les deux frappent si bien les boucliers accrochés au cou qu’ils les cabossent et les brisent. Mais lancelot presse son adversaire : il lui donne un coup puissant sur le bras droit, couvert de fer, que l’autre avait porté à découvert devant son bouclier, et le tranche net. La colère et la douleur sont telles qu’il s’en faut de peu pour que Méléagant ne devienne fou. Perdant toute estime pour lui-même il n’hésite plus à donner à Lancelot de mauvais coups. Il court vers lui en comptant le surprendre, mais l’autre se tient en garde : avec l'épée coupante il lui inflige dans le ventre une blessure telle qu'il se serait passé avril et mai avant que Meleagant réussisse à en guérir ! Lancelot le frappe ensuite sur le nasal, qui heurte les dents en en cassant trois à l'intérieur de la bouche. Méléagant est pris d’une telle fureur qu’il ne peut plus prononcer un mot. Il ne cherche même pas à demander merci, car son cœur furieux le tient enchaîné. Lancelot s'approche, lui ôte son heaume et lui coupe la tête. Maintenant Méléagant ne se jouera plus d’autrui. Il est mort et la mort pour lui sera infinie»


Pourtant lors du premier tiers du cinquecento, le duel commence à changer et à se diversifier, en se séparant peu à peu de certaines de ses formes médiévales. Cependant, ce ne sont pas des différences nettes et totalement coupées du monde médiéval. Les motivations restent souvent les mêmes, c’est la forme qui change. En premier lieu, la perception du danger, après l’abandon progressif de l’armure, provoque de nouvelles manières d’appréhender le combat, qui se fait désormais en chemise légère :

« ... e massimamente che i soldati moderni sifanno fahamente a credere che I'usare nei duelli armi difensive sia cosa che non dimostm audacia e come gravemente hiasimevole, come se dove va, oltra la vita, I'onore si potessero tante cautele pensare che non fussero poche."

Les tenues légères telles que les zuponi e zuparelli ne furent certainement pas étrangères aux duels médiévaux mais l’absence totale de protection décuple la violence et la létalité du duel.
Durant le Trecento, un écuyer pouvait défier un chevalier même si sa noblesse était modeste. Certainement il le fait en conscient du danger auquel l’expose son inexpérience. On compte ainsi de nombreux épisodes où des écuyers défient d’illustres chevaliers et y laissent la vie.
Au XVème siècle, selon certains spécialistes modernes, il est même possible de participer à ces duels sans être noble
Lors du Cinquecento (surtout en Italie), le noble ne peut pas toujours s'identifier à 1'homme d'armes et même s’il mène quelques campagnes militaires dans lesquelles il peut prendre partie à quelques échauffourées, il passe une majeure partie de son temps en plaisirs littéraires, tout en jouissant de son patrimoine ancestral. S'affirmer comme issu d'un patriciat urbain maniant les armes pourrait remettre en cause en un seul duel le prestige d'une famille. C’est pour cette rainson qu’est exercé sur le duel un strict contrôle hiérarchique, de manière à ce qu’un Molto Magnifico (un marchand) ne puisse jamais combattre un Signoria Illustrissima (un comte), cet affrontement troublant profondément l’ordre social comme le dit Possevino :"sarebbe un turbare e confondere I'ordine di una citta."

Le noble médiéval lutte avec les armes qui sont traditionnellement siennes: les lances, la hache, épées diverses, dagues, hallebardes, boucliers multiples dont nous pouvons avoir un aperçu dans le traité de Marozzo de 1536. Le gentilhomme des temps qui suivent pratique le duel avec une seule épée, conçue pour le combat civil et interrompt souvent ses activités habituelles au profit d’un entraînement dans l’art de l’escrime (en théorie), tout ceci pour affronter un seul et unique adversaire à pied et sans armure.
Au moment de l'édition du traité de Camillo Agrippa (1553) le monde guerrier classique disparaît peu à peu ; et l’escrimeur illustré par Lovino ou Viggiani est tout aussi bien un combattant redoutable qu’un courtisan éduqué. Ceci est peut être la réelle vraie modification de la fin du XVème siècle et marque à mon sens la fin de ce que fut le duel médiéval.

Rituels et procédures du duel.


Les accusations que nous avons vu énumérées devaient être des révoltes face à l'autorité, représentée d'un missus regis, d'un conte ou évêque (l'état théocratique d'Aquilée prévoyait la présence du Patriarche ou ses déléguées). Ensuite, lorsque les villes se sont soustraites à l'autorité du Saint Empire Germanique, en s’assurant une large autonomie, cette fonction est reprise par le conseil . L'accusation doit alors être écrite dans un cartel et confirmée par un serment écrit de l'accusateur celui-ci appelé « attore, actor, appellans, appellant »
On soutenait dans ce document d’être certain de l’accusation et que l’on se tenait prêt à y répondre physiquement. Le contenu, relu par les juges, est alors transmis à l'accusé qui a un nombre déterminé de jours pour se présenter (en général quarante). Ce délai passé, il est considéré comme coupable et passible de sanction. Si le juge décide de prendre le cas en considération, il fait appeler les différentes parties pour que 1’accusé entende 1'accusation et puisse y répondre. Si ce dernier, comme on peut le penser, nie sa faute et qu’aucun témoin ne peut lui venir en aide, il réitère son serment et s’engage à défendre la vérité physiquement (ou au moyen d’un champion). En prononçant son serment le il appelle à témoin Dieu, la Vierge Marie ou les saints locaux . Au début de la formulation de son accusation, l’autre duelliste devait jeter à terre un wadium c'est-à-dire un gage en argent ou un objet de valeur qui servait de caution pour le paiement du procès. La même chose doit être faite par1'accusé s'il accepte la procédure. Par la suite le wadium est remplacé par un gant jeté et ramassé en cas d’acceptation du déjà.. Le symbole du gant est probablement une marque issue du monde militaire .
Pendant cette audience on fixe également les termes du combat, qui est intrinsèquement liée à la classe sociale des combattants. Les chevaliers, qui combattent avec les armes de leur rang, choisissent même les modalités de la rencontre. Le choix des armes est par contre toujours laissé à l’accusé. Les duellistes s’engagent alors à se présenter dans le lieu précisé. Chacune des ses choses est écrite sur le cartel, qui est alors cacheté.
Les chevaliers comme les simples citoyens devaient entendre une messe la veille ou le matin même de la rencontre. Les armes, posées devant l'autel, les bâtons comme l'épée du chevalier, sont alors bénies . Ensuite les chevaliers sont autorisés à partir de leur demeure, à cheval, en armure et avec les armes que le cartel autorise. Leur suite les accompagne et les assiste durant tout le temps qui précède la rencontre. L'accusateur est obligé de se présenter en premier pendant que 1’accusé doit arriver avant l’expiration. S’il est en retard, il est automatiquement considéré comme coupable. Les participants s'arrêtent devant la tribune des juges et se font identifier en relevant la visière de leurs heaumes. L'accusateur armé arrivait souvent en premier et se rangeait sur le côté droit de la tribune. La motivation de sa présence était de nouveau demandée par les juges, et il réaffirmait donc son accusation. Ensuite, il rentrait dans la lice et se plaçait à droite, là ou se tenait son pavillon.
Une procédure analogue suivait pour 1’accusé qui entrait dans le champ en s'arrêtant sur le côté gauche. Les pavillons placés aux extrémités étaient ôtés avant le combat .Le héraut annonce alors par trois fois les noms des combattants à haute voix. Le serment qui précédait le combat est un instant fondamental puisqu'il appelle Dieu à témoin. Les deux combattants devaient s'agenouiller devant une table. Sur celle-ci est posé un missel et un crucifix. Un prêtre met alors en garde les duellistes pendant que le roi d'armes enlève leurs gants droits et il les accroche aux bras de la croix. Ensuite il posait leurs mains sur l'Évangile et il les faisait jurer . Il devait aussi leur demander s’ils avaient sur eux des incantations ou des artifices déloyaux. C’est seulement après cette procédure que les combattants peuvent entrer dans le champ qui était fermé. Le héraut demandait alors au public un silence absolu qui devait durer pour tout le duel. Les contrevenants risquent de graves amendes. Personne ne pouvait se présenter à cheval exception faite du service d’ordre. Un signal de trompette donne le signal tandis que le Roi d’armes crie pour signaler le début du combat.
Comme l’armement est établi dans le cartel et contrôlé par les rois d’armes, il existe des règles de pitié pour ne pas continuer le combat si l’un des deux protagonistes perd ses armes. Si 1’accusateur ne remporte pas la victoire sur l’accusé, selon le droit lombard le combat devait reprendre le lendemain. . D’autres cas mentionnent que le combat doit s’achever dans la journée . Dans ce cas, si l’accusé est indemne, il est proclamé innocent. La victoire complète, qui prévoit la totale réhabilitation de l'accusé, ne peut s’obtenir que par la mort, la blessure ou un aveu sur le champ. Le perdant, mort ou vif, est remis au juge par le maréchal de champ. Son épée est brisée et les pièces de son armure exposées, tandis que son cheval devient propriété du maréchal. Le combattant victorieux sort du champ à cheval avec tous les honneurs .
En Allemagne au moins au XIVème et XVème siècle les femmes commencent à avoir la possibilité de soutenir les duels personnellement. Le manuscrit de 1467 de Hans Talhoffer est un témoignage précieux car on y observe une femme, probablement d’extraction humble, dans un vêtement fermée par une attache métallique. Elle affronte un homme, armée d'une pierre enfermée dans un linge, l’outil tournoyant autour d’elle comme un fléau. Son adversaire est vêtu de manière identique mais se trouve dans une fosse et est armé d'une massue de bois
Le but de ce dispositif est probablement de diminuer la prédominance physique de l’homme et de rendre le combat plus équitable. Une situation analogue est illustrée un manuscrit plus ancien (1400) du maître d'armes Paulus Kal, qui est probablement lié aux œuvres de Talhoffer .

L’accusation


Même dans des aires éloignée de la racine des lois germaniques, on trouve encore une homogénéité des procédures qui fixent les traits essentiels du duel judiciaire ainsi que les mobiles, les rituels et les aspects pratiques, qui ont ainsi des caractéristiques très semblables dans toute 1’Europe. Le droit lombard établit avec précision les chefs d'accusation pour lesquels on pouvait exercer cet ancien usage. Les autorités tentaient le plus possible de l’éviter, en cherchant à mener des enquêtes, mais aussi par la recherche de témoins ou encore en réclamant un serment de l'accusé pour satisfaire 1’accusateur et obtenir ainsi un règlement pacifique du conflit. Roffredo énumère ainsi vingt-six cas d'accusations qui peuvent être purgé par un duel, tout en suivant l'ancienne loi lombarde encore en service XIIIème siècle. Ces cas sont:
-Accusation de lèse majesté
-Accuser une femme d’avoir tué son mari
-Si quelqu'un appelle cucurbita ( ?) un autre
-Accusation d’homicide pendant une trêve
-Accusation de homicide
-Parricide pour héritage
-Si on nie que son esclave ait commis un vol
-Accusation d'adultère avec la femme d'autrui
-Si quelqu'un dit que la femme d'un autre est adultère
-Si après un serment on ne reconnaît plus sa validité
-Accusation de posséder illicitement des biens mobiliers et immobiliers
-Si on accuse un aldio (esclave à moitié libre) d'un crime qui nécessite un duel (auquel ses propriétaires doivent combattre pour lui)
-Si quelqu'un ne reconnaît pas une dette paternelle
-Accusation d’incendie
-Si un mari accuse sa femme d’adultère
-Accusation d'avoir traité une femme mariée de manière honteuse
-Accusation de parjure
-Si un contrat est déclaré faux
-Si une église a une controverse avec une autre église ou un laïc
-Accusation d'avoir usurpé un titre
-Accusation de refus de restitution d’objets
-Accusation d'extorsion de document
-Accusation de vol
-Pour demander la liberté d'un esclave

On peut faire remarquer que certaines de ces accusations nous paraissent moins graves que d’autres, et l’on peut s’étonner d’un traitement similaire pour l’incendiaire, l’auteur de lèse majesté ou l’assassin. Mais comme on le comprend facilement, les conséquences de ces actes ne sont pas identiques à celles d’aujourd’hui. Par exemple, dans une ville comme Bologne, un incendie a des conséquentes terribles, et risque d’anéantir une partie entière de la cité.
Il est intéressant de remarquer qu'au début du XIVème siècle Giovanni de Legnano réduit à vingt les cas de Roffredo, supprimant de la liste les accusations d'infidélité, le vol, l’irrespect d'un contrat, les controverses entre des églises, 1’accusation de l’aldio ou encore le manque au serment.
On peut donc remarquer que le droit des XIIIème et XIVème siècles tend à transférer sur le plan purement juridique les délits communs comme le vol, la falsification de contrats, alors que les accusations qui souillent l’honneur de telle ou telle partie continue à relever du système du duel. Même dans la France des débuts du XIVème siècle, les accusations qui peuvent être rêglées avec un duel sont 1’homicide et la trahison, tandis que sont exclus les cas de vol .

Le roi d’armes

Pour s’assurer que tout est régulier, chaque duelliste est surveillé par deux personnes choisies par le magistrat, que l’on peut considérer comme les prototypes des témoins du duel moderne. Ils appelés dans les textes « reges armorum » mais également « faeciales, praecones, heroldos, Wappen Herren, constabulare mareschalcos, directores pugnae ». C’est à eux que revenait le rôle de contrôler les armes, de faire entrer les combattants et d’empêcher toute irrégularité

Le champ

La taille du champ dépend des règlements établis par la ville, qui peut assigner donc des tailles et des formes différentes. En général pourtant, la tradition commune de toutes ces villes fait que les tailles ne varient pas énormément.
Le lieu utilisé pour ces combats est généralement toujours le même, à savoir une place centrale, comme à Udine, Pavie, Florence ou Vérone. Cette localisation fixe des duels nous laisse d’ailleurs des traces archéologiques, comme c’est le cas du champ fermé d’Udine, ou encore de la Place des duels de Padoue.
Même le type de séparation pouvait énormément varier de formes et de support. Giovanni da Legnano parle ainsi d'une corde tendue autour du champ, lui même entouré de nombreuses peintures, hautes comme un homme et représentant des évènements illustres. Cependant, plus on avance dans le XVème siècle, plus les délimitations deviennent rigides, pour se rapprocher probablement des palissades que Fiore imagine quand il parle du « combat dans les barrières »
Nous devons enfin rappeler que dans beaucoup de duels, les combattants sont considérés comme vaincus s’ils sortent de l’espace délimité par la palissade. Un espace plus vaste et plus solide est réservé aux duels équestres et avait couvent une forme rectangulaire, de quarante pas sur quatre vingt. Ces mesures continuent à être employées pour tous les combats en champ clos, même pendant les siècles qui suivent

Les armes du duel


La loi lombarde donne des règles précises sur les outils du duel : elle préconise un bouclier de bois, revêtu de cuir et un bâton comme arme offensive . L’emploi du bâton, qui est moins létal qu’une épée, est probablement dicté par la volonté de ne pas faire de mort
Dans d’autres cas, comme dans la Florence du XIIIème siècle, le duel est en fait un combat de lutte sans armes. Dans ce cas également le but est sans doute de permettre à deux personnes de vider une querelle sans risque d’homicide.
Le terme pugiles, qui est souvent employé dans les textes comme un synonyme de dimicatores un maigre indice pour confirmer l’ancienneté de cette pratique du pugilat au sein des duels. Mais la réalité du combat normé est peut être très différente de celle que préconise les lois. Ainsi, un vitrail de l'abbaye de Chersey (XIIIème siècle) illustre un combat entre deux hommes, chacun armés d’un bouclier carré et brandissant une massue se terminant par deux pointes, ce qui les rendent semblables à des marteaux, et donc très peu inoffensifs
Cependant, on doit rappeler que le duel avec le bâton est attesté d’emploi parmi des combattants d'extraction humble, nobles ou non nobles.
Les sources distinguent en effet le duel à pied et celui des milites. Les premiers se battent avec un bouclier et une épée, pendant que les milites, ou chevaliers, descendent dans le champ à cheval, en armure ou, s'ils le décident, à pied, mais en employant toujours des armes typiques de leur classe, généralement des armes de guerre comme la lance d’arçon ou la masse d’armes
Comme en témoignent de nombreux historiens de l'époque, les armes employées aux XIVème et XVème siècles ne pouvaient varier après les accords, c’est, pour cette raison que le choix des armes revenait toujours au défié. "Piu retta parmi la commune consuetudine de tutti che si possi fare elezzione di quella sorte d'armi che piu piaccia, usata dai giusti soldati su la guerra quali sono coltelli, spade, pugnali, mazze diferro, ronche, corsesche, partegiane, lance spiedi. »
L’armement choisi était enregistré dans le cartel de manière à informer les juges sur ce qui était admis. Naturellement l’armement défensif était également inscrit.
Les lances, épées et dagues sont des armes autorisées en France aux débuts du trecento. Les duels judiciaires sont en général livrés à cheval avec la lance et l’épée ou bien à pied avec une lance, une hache, une épée et une dague. Même avec ces variations, le choix est toujours déterminé auparavant par les parties qui pouvaient, en imitant les jeux martiaux, alterner diverses armes ou continuer avec une seule d'entre elles. "Questa e commune openione che ad uomo nobile e generoso piu si convenga combattere a cavallo ed armato che a guisa di private, fante o mercenario, sendo la milizia equestre, secondo le nostre consuetudini, piu degna ed in piu frequento uso de'nobili. »
Un document de l'époque de Richard II, Roi d’Angleterre (13771399), transcrit par Thomas duc de Gloucester, énumère régulièrement, comme beaucoup d’autres documents du même type, toutes les règles et des modalités du duel judiciaire. Parmi les armes autorisées figurent des lances, des épées courtes, des épées longues, et des dagues. La présence de la hache se renforce au cours du XIVème et du XVème siècle, probablement à cause de l’emploi de plus en plus fréquent de l’armure d’acier.
En juin 1380, devant le palais royal de Westmister se déroule un duel entre un chevalier, John Anneslie et un écuyer, Thomas Katrigton. Le jeune écuyer est accusé de trahison. Le duel est livré avec des lances, avec des épées puis enfin avec des dagues. Le chevalier l’emporte avec toutes les armes et le jeune écuyer meurt peu après, victime de ses blessures.
Cette volonté d’alterner les différents types d’armes est probablement due au désir de démontrer son habileté et sa supériorité technique, et donc d’affirmer son courage devant ses pairs. Le duel, en fusionnant peu à peu avec les tournois, acquiert peu à peu cette mise en scène du courage et du pouvoir, et les démonstrations techniques martiales avec plusieurs armes sont sans doute liées à cette évolution.


L’équipement défensif


Même 1’armement défensif est réglé par des dispositions juridiques précises il varie souvent selon les lieux où se déroule le duel, 1’âge ou encore la classe sociale des combattants. Des dispositions remontant à la loi lombarde établissent que celui qui combat avec un bouclier et un bâton doit simplement porter une simple tunique et avoir la tête rasée et découverte. Les Consuetudini de Milan concèdent quand à elles une protection pour la jambe gauche, qui est généralement la principale cible que l’on vise chez un homme portant un bouclier .Les champions décrits par Dante se battent par contre sans vêtements mais recouverts d’huile pour échapper aux prises. Les règlements concèdent par contre aux chevaliers, qui combattent avec des armes de guerre, des protections bien plus complètes: heaumes, hauberts de maille, gantelets métalliques et dès la fin du trecento une cuirasse d’acier. Certains choisissent cependant, dès la fin du quatrocento, de combattre avec un simple zupone ou zuparello , la tête recouverte d'un casque métallique ou de cuir. En tout cas le choix était dicté de la volonté de combattre armés légèrement ou plus probablement du désir de rendre plus risquée l'épreuve pour montrer son courage.
C’est donc probablement une caractéristique de la fin du XVème siècle que de voir les combattants abandonner progressivement les protections, pour arriver finalement au duel en chemise du XVIème siècle.
Le privilège du choix est énorme. En effet, il permet de choisir les armes que l’on maîtrise, y compris l’armure, et donc assure une meilleure sécurité.
On peut opposer au port de l’armure les représentations de Talhoffer, qui montre des hommes s’affrontant avec les épées et des haches sans aucune protections. Ceci peut cependant témoigner d’un usage commun, qui ressemble à la tenue que Fiore adopte dans ses combats contre les « maîtres », à savoir un simple gambison et une paire de gants en peau de chamoix. On peut néanmoins imaginer que l’illustrateur choisit les vêtements civils pour la clarté qu’ils offrent, ainsi qu’à cause de la complexité du dessin de l’armure articulée. En comparaison, nous rappellerons que les miniatures du Morgan ou du Getty représentent parfois des adversaires en armure complète.


Le licite et l’illicite


Pour chercher à éviter les fraudes et les irrégularités, des règles furent établies pour rendre les rencontres plus loyales et surtout plus contrôlables par les autorités .
Toutefois dans le duel à outrance les choses sont bien différentes et peut-être moins létales et hypocrites. Paride dal Pozzo précise par exemple qu’il ne faut pas accepter le combat contre celui qui descend dans le champ sans armure ou protection parce que ceci est « .piu conveniente a vilissimi beccari che a valorosi cavallieri. » Toutefois, Pozzo rappelle juste après qu’un guerrier doit pouvoir affronter tous les imprévus:« ... quantunche in battaglia de tutta oltranza sia licito usare ogni astutia et ognifraude per vincere non pero e permesso d'usare falsita de corrompere il campione.. »
A l’intérieur du champ, le combat devient cependant libre. Chacun peut employer les armes qui sont autorisées « Non v'essendo altra convenzione non lece porgere al combattente altr'armi ma tutto devesi attribuire al giudizio divino qual'ha voluto che simile caso intravenga. Pur se gl'ha portato ne lo stecato altr'arme, po' gire a pigliare, se'l suo nemico non gli lo vieti. »
Certaines armes, qui auraient choquées le duelliste du XVIème siècle, sont utilisées avec succès dans les lices médiévales.: « ... E permesso che si possi combattere con sassi ancora perche ne gl'eserciti de gl'antichi v'erano fiondatori e balearici e sotto questa voce "telo" istimano i giuriconsulti che sieno compresi i sassi ancora... »
C’est dans cette optique que Fiore suggère de crocheter les jambes de son adversaire avec la dragonne de la hache ou encore d’aveugler l’ennemi avec une poussière volatile insérée dans un creux de la même arme. Dal Pozzo confirme cette pratique: « ..I'uno porta la sua mazza f errata concava nela quale era una polvere pestifera che dando sopra la visera de lo inimico subito stordito lo privo de lo lume in modo che luifuforzato de trasmortire. »
Comme l’enseigne Fiore on peut même blesser le cheval: « Blesser le cheval n’est pas contre les règles, au contraire, cela est licite parce que cela sert au combat » En harmonie avec cette recommandation du maître, même dal Pozzo accepte que l’on puisse désarconner l'ennemi en entraînant sont cheval à terre :" il provocatore smonta a piedi e piglia il freno del cavallo a fin che caschi il cavalliero in terra. "
Sur le duel collectif par contre Paride dal Pozzo dit: "Se sono in quattro due possono attaccame uno. ..se responde de si per ragione del caso che v'e oltranza do' e permesso comhattere con ogni avantagio... " Comme cela est souvent stipulé dans les sources, la rédaction du cartello est capitale, notamment parce qu’il expose les accorts, ainsi que les règles exposant ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas.
Il est donc capital d’établir dans ce document tous les détails, afin de ne pas avoir de surprise comme celle des français qui défient des italiens à Barletta en 1503. Poussés par une morgue peu habituelle, ils acceptent le duel sans établir de convention, et sans s’informer sur l’armement adverse. Leur négligence permit aux italiens de descendre sur le champ avec des lances plus longues que les leurs. Ils furent ainsi désarçonnés facilement. Après, les anglais utilisèrent de lourdes haches d’armes (encore une fois non prévues par les français) qui leur permirent d’éventrer les armures adverses. Ce fut une grande victoire face à un ennemi sûr de lui et peu avisé.


Lettres de défi


L’usage de missives pour communiquer la demande de défi est une pratique commune dès le XIIème siècle. Une lettre ou un cartel de défi est même soumis à quelques règles de rédactions, comme les noms des duellistes, les motivations du défi, les accusations qui sont formulées et enfin les armes qui sont proposées. Généralement, cette lettre est suivie de la réponse, qui donner son accord au duel, ou encore poser ses conditions. Le plus souvent, ces échanges épistolaires sont longs, car l’arrangement à l’amiable est toujours préféré au combat, risqué et dangereux. Des lettres de défi pratiquement identiques à celles demandant réparation d’une offense grave sont également envoyées pour des demandes de duels amicales, et elles sont donc dépourvues du ton injurieux et agressif des cartels de duels sérieux.
La correspondance rapportée par Monstrelet à l’occasion du défi lancé par Michel D’oris, un écuyer aragonais, à tous les anglais qui seraient intéressés d’éprouver leur courage, est très intéressante, même si ce cartel n’a finalement abouti à aucun combat.
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pierre al
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ven. août 22, 2008 3:56 pm

Le Champion


Si le personnage défié (reo, défendant, tenant) n’est pas en mesure de combattre, il peut, en suivant des dispositions présentes dans la plupart des règles urbaines, se faire remplacer par un champion ou campione. Les lois lombardes, qui restent en vigueur jusqu'au XVIème, considèrent que la présence d’un champion est possible dans les huit cas suivants :
Si le combattant et trop jeune, s’il est trop vieux, si une maladie ou une infirmité ne lui, permet pas de se battre, si on demande un duel contre un esclave réclamant sa liberté, si on doit faire un duel contre un ecclésiastique ou un comte, si c’est une femme qu’on accuse d’adultère, si les témoins de l’accusateur et du coupable demandent explicitement l’usage d’un campione, et enfin si un esclave accusé de vol ou de meurtre s’est enfui, et doit donc etre représenté par un campione.
On remarque la volonté de protéger les hommes plus faibles d'une défaite évidente, tout comme on cherche à épargner les détenteurs de hautes charges civiles et ecclésiastiques en leur épargnant la poussière du champ de duel. On leur substitue donc une personne cappable de soutenir leur cause.
Le cas le plus exemplaire est celui du vieux Fulcher de Waldegrave (XIème siècle) qui est appelé en jugement en Angleterre. Il est remplacé par son fils, alors mineur . Le jeune homme obtient, après avoir vaincu son adversaire, 1’héritage paternel pendant que le fils majeur se suicide de honte (il avait en effet refusé d’assister son père en tant que champion.)
La permissivité avec laquelle les autorités autorisent l’emploi des champions dénote une volonté d’indulgence de leur part pour épargner les humiliations physiques à un certains groupe de privilégiés. Roffredo à la fin du XIIIème siècle conclut ainsi le chapitre relatif au champions: " Tuttavia oggi per consuetudine si permette a tutti di mandare al proprio posto un campione. "
Mais 1’institution d’un campioni ne s’appuie pas toujours sur la générosité d’un individu. Il existe de véritables campioni professionels, parfois vus avec suspicion (leur travail s’apparente un peu à celui d’un tueur professionnel), qui prêtent leurs services pour les causes d'autrui. Ils sont des pravas personas que le conseil de Milan distingue clairement du campione occasionnel.
Ainsi même dans les Statuti di Padova, on s’apperçoit que sont fixées des payes différentes, selon que le champion est un campio approbatus ou un bravus campio Déjà les lois lombarde, pour éviter que ces « bons » ou pravas personas ne simulent le combat, prévoient des dures sanctions qui sont maintenues jusqu'à la fin du XVème siècle : le champion qui ne se comporte pas comme il le doit est considéré comme un véritable parjure et voit sa main droite coupée. .
Anciennement le champion perdant était puni de mort, mais les autorités se limitent très vite à des peines certes dures, mais moins radicales (comme couper une main, ou des peines pécuniaires très hautes), sauvant ainsi la vie du duelliste et le décourageant à réessayer. Pour éviter également une éventuelle disparité parmi les champions (en particulier entre un combattant entraîné et un non combattant) les juges procèdent dans la plupart des cas à un coaequatio dans lequel il évalue leurs capacités à défendre les parties, et cherche en cas d’inégalité à rétablir un équilibre.
Les Statuts de la ville de Bologne résolvent le problème en assignant les champions par tirage au sort. Malheureusement cette règle qui semble à la fois simple et ingénieuse n’empêche absolument pas les capacités de fraude . Une forme de coaequatio est déjà citée à propos du duel entre un homme et une femme illustré chez Tahloffer et Paulus Kal.
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pierre al
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ven. août 22, 2008 4:07 pm

Je précise enfin que le bouquin d'O. Gaurin sur le duel est a FUIR a toute jambes. Du point de vue historique, c'est surtout un rassemblement de tous les poncifs sur le moyen age, assaisonnés avec une dose d'ésotérisme moderne pseudo-orientalisant.

Pour une oeuvre sérieuse, voir les références d'Eohdel.

Je rajouterais

Couderc, Barraud Hélène. « Le duel judiciaire en Gascogne d’après les cartulaires » in Le règlement des conflits au Moyen Age , publications de la Sorbonne, Paris, 2001

Gilli, Patrick. « Guerre, paix, alliance, duel : le disciplinement de la violence dans les traités juridiques sur la guerre en Italie au XVème siècle », in Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Age, mélanges en l’honneur de P. Contamine. Presses de l’université de Paris Sorbonne, 2000

Lemesle, Bruno. « La pratique du duel judiciaire au XIème siècle, à partir de quelques notices de l’abbaye St aubin d’Angers » in Le règlement des conflits au Moyen Age, publications de la Sorbonne, Paris, 2001

Giorgio Enrico LEVI, II duello giudiziario, Firenze 1932

L'oeuvre de Giovani da Legnano

P. VENTRONE, A.ZORZI, Guerra e duello come gioco rituale, Todi 1986
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barisart
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sam. août 23, 2008 3:28 am

Fort interessant mais qu'en est-il de la survivance (éventuelle) des lois germaniques en terre Liégeoise?
Ainsi pour moi, pour d'autres autrement, pour tous, de toutes façons...
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pierre al
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sam. août 23, 2008 4:01 am

Difficile de le dire. Les lois germaniques ont eu tendance a se faire ratiboiser la gueule très tot. Le sud a été en avance là dessus, même si on a observé des zones de résistance.

Dans le nord, on a observé (pour le peu que j'en sais) plus de survivances, plus de maintiens coutumiers, notamment du droit germanique. Mais ne nous leurrons pas, ce sont des lambeaux législatifs, souvent rattachés a des pratiques culturelles. Le duel en fait quelquefois partie.
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barisart
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sam. août 23, 2008 5:24 am

Nico et Pierre, voici un document qui concerne le XII° siècle
« [..] La séance de ce tribunal était fixée aux samedis, dans l’église de Notre-Dame-aux-Fonts à Liège. L’évéque devait y présider lui-même, revêtu de ses habits pontificaux ; à côté de lui un magistrat, prœtor, armé , se tenait debout avec quelques vassaux de l’église de Liège. Ils jugeaient entre autres des causes de rapt, de violence , de vol public, d’incendie, de contravention à la trêve et de destruction d’arbres fruitiers.

Tous les diocésains, quand ils avaient été cités, étaient obligés de comparaître en personne devant ce tribunal. Les ecclésiastiques n’étaient cependant pas soumis à sa juridiction , ni les princes qui avaient concouru à l’établir. Ces derniers conservaient par conséquent le droit de se faire mutuellement la guerre au détriment des peuples. Les accusés qui, cités sept fois, ne se présentaient point, ou ne légitimaient pas leur absence par des motifs valables , étaient déclarés infâmes au son de la cloche de l’église de Notre-Dame , et ensuite bannis de tout le diocèse après avoir été excommuniés.

Un absent ne pouvait y faire citer personne ; mais il était permis au clergé et aux femmes, ainsi qu’aux impubères, d’y porter leurs plaintes par des fondés de pouvoir. Quand il s’était présenté des causes , l’évêque tenait le lendemain (le dimanche) une séance dans son palais pour les examiner.

Mais il était au choix de l’accusé de tenter les voies de droit, et alors son affaire était remise au jugement de deux vassaux de l’église de Liège, pour en décider selon les lois ou vider la querelle par le duel. Dans ce dernier cas il recevait une épée du mayeur, prœtor, et avant les six premières semaines écoulées, les deux champions, couverts d’une armure peinte en rouge, armis tecti miniatis, devaient se battre dans un champ de vingt pieds carré. Celui qui terrassait son adversaire était réputé innocent ; car, par une persuasion téméraire , l’issue de ces combats était regardée comme un témoignage de la divinité en faveur de l’innocence, d’où leur est venu le nom de jugement de Dieu.»


Godefroid de Bouillon, chroniques et légendes, 1095-1180, J. Collin de Plancy, Bruxelles, 1842



Droit et justice à Liège
Liège au 12 ème siècle


Cet article a été publié sur 10 mars 2008 à 1:19 et est classé dans Liège, Notre-Dame-aux-Fonts, banni, duel, excommunication, histoire, justice, magistrat, tribunal, évêque.

http://liegecitations.wordpress.com/200 ... nts_liege/
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dramalech
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mer. août 27, 2008 6:09 am

Waw ... je glanais quelques documents, et voici que je me retrouve innondé.
De quoi occuper mes nuits à venir.

Merci à tous les 2 pour vos bonnes informations
Dramalech


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