Pomander : pommes de senteur

Vie, coutumes, institutions, pouvoir et organisation de la société au Moyen-Age

Modérateur : L'équipe des gentils modos

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yrwanel
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jeu. mars 25, 2010 2:44 pm

pour info tout de même...

celtes, germains, scandinaves étaient des obsédés de la propreté (cela a d'ailleurs étonné les romains...);
Le MA était très loin d'être "crade", sauf vers la fin où les clercs ont tempêté sur les étuves publiques, parce que "lieux de stupre et de luxure".
La propreté de l'âme passe par la saleté du corps (et l'odeur de sainteté?) [img]images/icones/icon15.gif[/img]
Est-il, dès lors correct de déclarer que les parfums étaient "lourds" pour masquer l'odeur de "crasse"?
OU que on préférait des odeurs "lourdes" associées, peut-être, au coût de ce type de parfum?

Actu, prenez un transport en commun... souvent cela tient de la bétaillère.. Je préfère la bétaillère (bien tenue) à l'humain compacté pas frais. [img]images/icones/icon17.gif[/img]

Les odeurs (donc parfum) sont des phéromones, avant tout.
Et un odorat, cela "s'éduque": on apprend, très tôt, que "cela" pue.. ou pas.
Là, c'est une convention sociétale.
Exemple: actuellement on "désodorise" TOUT => on ôte une odeur naturelle (qualifiée de "sale, puante"...) pour y substituer une odeur "synthétique" tirée à des millions d'exemplaires.
Y compris les déo "intimes"; (j'arrive à pas faire de commentaires...)

Autre: une odeur peut effectivement "accompagner".
Les parfums "tournent" sur une peau, pas sur une autre...
Là où cela craint, c'est la "mode" (actuelle) où si c'est "Suivez-moi" de chez Jeunhomme, il est de bon ton de s'en asperger.
(on revient à une odeur sociétalement uniforme.. voir les déo), mais quand cela tourne...c'est assez épouvantable.
Quand c'est un "parfum lourd" cela vire à l'apocalypse olfactive. [img]images/icones/icon15.gif[/img]

L'odorat est le sens le plus "primitif" (c'est à ça qu'un nouveau-né reconnait sa mère).
Les notions de parfum sont intimement liées, aussi, à des notions d'anthropologie (et même "animale) et d'hygiène;

Faudrait que je relise "Le propre et le sale"...
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cassetrogne
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ven. mars 26, 2010 2:19 am

L'eau de la reine de hongrie est connue mi XIV° et les eaux florales ainsi que les huiles essencielles sont connues dès que l'alambic a été rapporté des croisades.
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Hermelind
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ven. mars 26, 2010 4:37 am

Donc, si Arweniah est intéressée par le Haut Moyen Age (c'est peut être pour son roman ;)), on oublie huiles essentielles, et eaux florales.

Quant aux parfums lourds, comme toujours, tout dépend de la dose utilisée :lol: (Beurk, l'overdose de Poison de D..R)
En plus, on n'est plus trop habitués.
Sans parler du fait qu'on n'utilise pas 1 seul et unique parfum dans l'année... Parfum d'hiver, parfum d'été... Parfum de grand froid (amorti, le Shalimar, cette année :D). Même chose avec les trucs plus lourds. Mauvais usage d'un parfum = parfum qui pue, qui tourne... C'est tout un art ;)

(Bon, moi, je me plains pas, j'ai une peau à parfums... Ca tourne pas, mais y a des marques plus "solides" que d'autres. Pas la peine de s'en remettre.)
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yrwanel
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ven. mars 26, 2010 11:53 am

les "huiles essentielles" égyptiennes (soit un distillat) étaient exportées...depuis les gentils pharaons.

faire une "eau florale" est à la portée de n'importe quelle "bille"..

faire une huile parfumée, soit: décoction de plantes et/ou fleurs dans le l'huile (ou du gras): on le faisait pour les "potions thérapeutiques" et depuis un bail. (et certaines sentent très bon)

Idem dans du vinaigre.

Des fois, c'est une question de concentration. Il est vrai, aussi, que l'utilisation de substances "fixatrices" des senteurs assure une plus grande "permanence" de l'odeur sur la peau.
C'est ce qui fait le "prix" entre un parfum pas cher et un parfum coûteux, encore actuellement.
L'eau de muguet (faite soi-même) est éphémère, et il faut s'en remettre plusieurs fois si on veut "puer" toute la journée.
Un parfum (cher) à base de muguet aura, en plus, ce fameux bidule qui "fixe".

Une recette d'eau florale?
faire infuser 20 à 30gr de plantes entières de violette dans 1 L d'eau bouillante pendant 2 à 3h. Filtrez et conserver au frais dans un flacon opaque à la lumière. (recommandée pour les problèmes de peau: acné et boutons de fièvre.. Cela sent bon et cela soigne!) [img]images/icones/icon15.gif[/img]

Sinon, pour les irréductibles: on peut aussi se frotter avec une plante odorante.. essayez avec la lavande par exemple...
arweniah_

ven. mars 26, 2010 12:03 pm

C'est vrai que, dans les transports en commun, ou dans les magasins où c'est encore plus violent (la personne passe à côté de toi, tu meurs sur-le-champ !), certains sentent vraiment une odeur de bête crevée. Je me demande comment on peut en arriver à puer autant et surtout, comment certains parviennent à supporter leur propre odeur...
Mais c'est vrai que, quand on n'a pas une peau à parfums, c'est la galère. Perso, je ne parfume que mes habits : j'ai remarqué que ça tient plus longtemps, d'une part, et d'autre part, les parfums me donnent toujours des rougeurs et me grattent... L'odeur ne vire pas, mais ça me fout des plaques.
Exemple: actuellement on "désodorise" TOUT => on ôte une odeur naturelle (qualifiée de "sale, puante"...) pour y substituer une odeur "synthétique" tirée à des millions d'exemplaires.
Moi je ne désodorise pas ma maison : j'aère et je nettoie (les sols à l'aspi et à la javel ou au Mir, les meubles au dépoussiérant, les salles d'eau à la javel). Je ne supporte pas les parfums de synthèse, ils m'étouffent (oui, je suis très allergique aux parfums de synthèse, quels qu'ils soient). Et je trouve que les gens qui pulvérisent trop souvent chez eux sont des gens qui ne soignent pas trop leur intérieur niveau ménage... :no: (enfin, c'est un avis perso, après il y en a sûrement qui sont dingues des odeurs proposées...)
L'odorat est le sens le plus "primitif" (c'est à ça qu'un nouveau-né reconnait sa mère).
Oui, ça je le savais. Quand j'ai eu mes bébés, je ne me parfumais plus (mais ça ne veut pas dire que je laissais aller jusqu'à l'odeur animale ! :lol: )

Pour en revenir aux parfums du Haut Moyen-Age, j'ai commandé "La Femme romaine" de François Gilbert et Danielle Chastenet. On verra bien ce que ça en dit... J'espère que ça parle aussi des crèmes pour la peau, parce que ça aussi je voudrais savoir si les femmes en utilisaient déjà à l'époque.

Coprolithe de Bonne atoufer, je note ta recette à la violette. Je me demande si on peut l'utiliser pour n'importe quelle fleur. Ça doit pouvoir se faire, non ?
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yrwanel
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ven. mars 26, 2010 3:22 pm

je ne suis pas certaine que ce qui marche pour la violette sera adéquat pour d'autres plantes.. La, c'est une question de molécules.
=> eau de rose, cela ne marche que avec les pétales (cela j'ai essayé).
Il doit y avoir certaines où ce sera le fruit (genévrier), ou la racine (iris, je pense), ou l'écorce.

On ajoute que les "plantes à huiles essentielles" contiennent elle-même des molécules (aromatiques) solubles dans l'huile et pas dans l'eau.
Idem (comme la voilette): solubles dans l'eau.

En crême cosmétique (donc qui 'soignent' => embellissent...), tu peux filer dans toutes les "dermato" (soucis, camomille, plantain, rose, etc..), vérifier si elles sont d'actualités pour la période qui t'intéresse (et l'endroit...).
Excipients gras: les huiles végétales (olive, noix, noisette, ...), les gras animaux (saindoux par ex), cire d'abeille (très bon plan, les produits de la ruche).
Pour les émulsions (corps gras + eau): jaune d'oeuf, le lait (vache, ânesse, jument..), crême fraîche...
J'avoue bricoler mes "ch'tites crêmes" et autres moi-même (si possible avec des plantes que je récolte): au moins je sais ce qu'il y a dedans...

En échange: faites attention SI vous reproduisez des recettes "antiques- anciennes..".
Des fois, il vaut mieux se méfier: présence de plomb, mercure, ou "plantes interdites" (celles qui ne sont pas sans innocuité).
arweniah_

ven. mars 26, 2010 5:07 pm

Merci !
En fait, je voulais en effet essayer moi-même la reproduction de la senteur à base de violettes ou de roses. Juste faire une petite expérience maison pour voir ce que ça donne. Je crois que ça va me faire une excellente occasion pour un petite virée dans un magasin de fleurs, tout ça... :D
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yrwanel
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sam. mars 27, 2010 4:26 am

Pour les roses, l'tdéal est la rose musquée ou la rose de Damas.

J'ai fait des essais intéressants avec des rosiers issus de ces souches (donc parfumés), mais il n'en reste pas moins que les musqués et Damas sont plus capiteux. [img]images/icones/icon15.gif[/img]
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kalima
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mar. mars 30, 2010 3:51 am

une tisane de romarin bien infusée, utilisée en dernier rinçage (quand c'est un peu refroidi) donne du nerf aux cheveux ET les parfument (encore faut-il aimer le romarin, on est d'accord).
Je ne peux pas dire si la recette est historique mais le romarin pousse partout ou presque et il figure dans le capitulaire de Villis (812, règne de Charlemagne).
Joieuse Aguille
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yrwanel
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mar. mars 30, 2010 7:16 am

La sauge est excellente aussi, de même que l'ortie et le buis(qui ne "parfume pas").
L'infusion de lavande parfume et explique aux poux d'aller se faire voir ailleurs. [img]images/icones/icon15.gif[/img]
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perlinelatisserande
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jeu. avr. 01, 2010 3:34 am

Si je me souviens bien dans "sacré moyen age" (un particle sur les préjugés sur le moyen age) ou l'esthétique au moyen age (article sur persée je crois) j'ai lu les deux en même temps je sais plus dans lequel c'est, on utilise un "semblant d'hypocras" en tant que déodorant cad : macération d'épices sans le miel ou sucre dans du vin.
-> antiseptique (alcool et épices) + odeur.

D'ailleur personne n'a parlé d'épice pour les parfums?

(gamine je me parfumais à la mélisse du jardin, trois feuille arrache, une odeur citronnée pour la journée et pas de probleme de moustique. Et maman nous frictionnait à la lavande contre les poux)

edit sacré moyen age : http://classiques.uqac.ca/contemporains ... re_MA.html
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jeu. avr. 01, 2010 4:05 am

petite biblio : http://www.biblioparfum.net/index.php?cat=histoire

source de produits parfumants "anciens", même si seule l'eau de la Reine de Hongrie est méd (et il y a la recette) : http://historicalperfumes.chez-alice.fr/FJBBperson.html

et la partie "historique" de l'article wiki donne des axes (à prendre avec distance, off course mais bon...) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Parfum#His ... _l.27Homme

article vulgarisé d'un blog mais qui donne quelques sources à creuser : http://lartdesmets.e-monsite.com/rubriq ... 89332.html
"Deux traités sur les plantes paraissent pendant cette période : en France, le De Viribus Herbarum (Du pouvoir des herbes) d'Odo de Meung, et en Allemagne le Causae et Curae (Causes et traitements), par l'abbesse Hildegarde de Bingen (1098-1179), qui fait l'éloge de la lavande."
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jeu. avr. 01, 2010 4:58 am

[citer]Se laver la tête ne pose pas plus de problème. Un herbier du 13e siècle conseille le jus de bette pour
éliminer les pellicules et les feuilles de noyer ou de chêne pour obtenir une belle chevelure. Dans ce même
herbier, on préconise, pour éviter la « puanteur » de s'arracher les poils et de laver les aisselles avec du vin,
associé à de l'eau de rose et à du jus d'une plante appelée casseligne. Pour se blanchir les dents, il faut se les
frotter avec du corail en poudre ou de l'os de seiche écrasé.[/citer]
M. Closson, le bain au moyen age
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tripat3
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dim. avr. 04, 2010 12:53 am

ArweniaH a dit : Les parfums, maintenant.

Les dames de la cour au Moyen-Age se parfumaient comment ?
J'ai trouvé quelques informations sur les "pommes de senteur", mais aucune image (je vais encore chercher).
Quels parfums étaient les plus prisés, les plus répandus, les plus chers, les moins coûteux ?

Merci d'avance pour vos réponses.
Je viens de tomber sur ce sujet, et pour répondre à ta question, un Pomander c'est ça.
Cela permettait de faire des mariages de senteurs tout à fait personnels.
Objet tout à fait inutile, donc indispensable pour une dame de qualité.

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D'ailleurs j'en ai commencé un sur l'instigation de Cassetrogne, mais je dois avouer que les travaux n'ont pas avancés faute de temps.

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Par pari refertur
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dim. avr. 04, 2010 2:32 am

(C'est ce que je décrivais en début de sujet, les pomanders XVIème, donc pas méds... Et loin d'être inutile si on ne veut pas être incomodé -e- par les mauvaises odeurs... ;))
Lady Palace Canada Dry.
Floodito ergo sum
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