Les Sourds accordent une grande importance à l'histoire de leur culture spécifique, et un certain nombre (dont des universitaires) ont donc fait des recherches sur l'histoire des Sourds.
En cherchant un peu sur la Toile, on trouve donc des sites où quelques indications, bien que résumées, peuvent donner des bases…
http://guaskenn.free.fr/LSF/Histoire-sourds.html
Au Moyen Âge
Aux IVe et Ve siècles on reconnaît la présence, chez les sourds, d’une gestualité qui peut s’élever au statut de langue, et permettre, par conséquent, de les mener à la foi.
Au VIe siècle à Rome, le Code Justinien (531) classe les sourds suivant leur aptitude à parler. Le sourd de naissance est donc, dans la grande majorité des cas, destitué de tout droit civique et placé sous tutelle à vie.
Du Xe Au XVe siècle, les moines qui respectent le silence font des gestes pour communiquer. Leurs communautés accueillent des enfants sourds. Les sourds sont autorisés à utiliser les signes pour le baptême, pour se marier et pour prononcer les vœux monastiques.
En gros, le rapport entre les Sourds et les communautés religieuses est essentiellement une histoire de silence. Les
communautés ayant fait voeu de silence sont donc relativement accessibles aux Sourds. Logique. Mais après, il faudrait voir si des textes d'époque sont un peu plus développés concernant ce sujet précis.
Autre approche (et, ô miracle, au moins une référence bibliographique…)
http://mapage.noos.fr/magnin.florence/c ... part1.html
(…) Une condition sociale changeante
a) Moyen-Age
Les sourds, ainsi que leur mode de communication visuo-gestuel, ont toujours existés. Célèbres ou méconnus, ils ont laissé des traces abondantes mais dispersées. C'est au Moyen Age que certaines de ces traces commencent à permettre de considérer leur statut au sein de notre société occidentale.
En effet, si le Moyen Age semble avoir hérité des comportements les plus négatifs de l'Antiquité à l'égard des infirmes ou des handicapés, le statut des sourds à cette époque n'en paraît pas moins singulier. La distinction n'a pas toujours été faite entre les handicapés physiques, sensoriels et mentaux ; ils étaient le plus souvent assimilés aux marginaux. En outre, les sourds semblaient être considérés comme " marginaux parmi les marginaux " [1] puisque l'historiographie et les sources à leur sujet sont quasi inexistantes. Ceci s'explique par le fait que, ce handicap physique étant invisible pour autrui, la guérison d'un sourd paraissait nécessssairement moins spectaculaire que celle d'un paralytique ou d'un aveugle, qui pouvait alors prouver l'accomplissement d'un miracle.
Pourtant, certains documents permettent de souligner que les sourds au Moyen-Age " étaient certainement mieux intégrés dans la société médiévale que les autres handicapés et [peut-être] mieux également qu'ils ne le sont aujourd'hui " [2] . La principale raison en est qu'une personne sourde était considérée comme physiquement et socialement autonome. Le travail au Moyen-Age relevait plus d'un savoir-faire et n'imposait donc pas, comme les professions d'aujourd'hui, les obstacles de la communication verbale et écrite. Il s'en suit qu'une personne sourde trouvait facilement sa place au sein de la société. La mendicité n'était donc pas pour elle, l'unique condition de survie, elle pouvait travailler.
Par ailleurs, le Moyen-Age instaure (mais non définitivement) une certaine reconnaissance de l'expression gestuelle en lui accordant une incontestable valeur expressive. Ce phénomène se justifie par l'importance de la religion à cette époque et notamment de l'idée que Dieu a donné la parole aux Hommes et non aux animaux afin de se faire connaître, mais que ceux-là n'en usent pas toujours à bon escient. Les péchés de la langue, dont le pire est le blasphème, sont donc condamnés par les textes, les enluminures et les œuvres peintes. Le thème de la Tour de Babel est l'un des plus fameux exemples de ces représentations d'avertissement contre l'abus de la parole. Ainsi, par un effet contraire, le geste gagne en reconnaissance et bénéficie d'éloges. Nombre de sourds se retrouvent alors dans les monastères de moines bénédictins ayant fait vœu de silence.
Ainsi que la suite de l'Histoire le confirmera encore pendant quelques siècles, les religieux semblent avoir été plus ouverts aux sourds que la société laïque, et c'est par eux que les signes ont acquis un premier statut de validité. Le plus grand exemple de l'apport des religieux aux personnes sourdes est celui de l'abbé de l'Epée ainsi que des abbés qui héritèrent des idées qu'il développa. (…)
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Note: 1. Aude de SAINT-LOUP, Les sourds au Moyen-Age, mille ans de signes oubliés, dans l'ouvrage collectif Le pouvoir des signes, Paris, 1989, p14
Note: 2. Ibid. , p14
(Le mémoire de maîtrise d'Arts Plastiques de Florence Magnin est disponible en téléchargement)
Et puis encore un fil à tirer :
http://encyclopedie.snyke.com/articles/surdite.html
Histoire de la surdité
Moyen Âge, une période où les sourds et leurs signes semblent bien acceptés
Aude de Saint-Loup a retrouvé la trace de cent vingt sourds de l'époque médiévale. Seuls quatre étaient mendiants, tous les autres travaillent : ils sont ouvrier, drapier, boucher, laboureur, servante, portier et même religieux. Au Moyen Âge les sourds ont vraisemblablement été mieux intégrés au monde entendant que ce ne fut le cas au XXe siècle. Le contexte culturel était favorable à l'expression gestuelle au point que parfois on parle du Moyen Âge comme civilisation de geste, même si elle reste dominée par le primat de la parole. De plus il faut savoir que le monastère de l'ordre cistercien, fondé en 1098, oblige ses moines à la règle du silence. Ils communiquent donc entre eux par signes. Leur langue des signes monastique n'a pas de signes en commun avec la LSF.
Des communautés religieuses accueillent des enfants sourds. Les sourds sont autorisés à utiliser leurs signes pour le baptême, pour se marier et pour prononcer les vœux monastiques. Après qu'au Ve siècle Saint Jérôme eut reconnu que « par les signes et par la conversation quotidienne, par les gestes éloquents de tout le corps, les sourds peuvent comprendre l'Évangile », au XIIIe siècle Thomas d'Aquin dans la Somme théologique, les invite à se confesser par signes.
[petit supplément…]
Au XVIe siècle
Dans son Traité de la peinture, Léonard de Vinci écrit que ceux là seraient bien enseignés qui imiteraient les mouvements des muets qui parlent avec des mains et des yeux et des sourcils et de toute personne, dans leur volonté d'exprimer le concept de leur âme.
Il y a donc du pour et du contre, le tout étant de retrouver le livre dont il est question…