[culture et élevage] De l'usage de la faux

[beraud de mercoeur]

on voit sans cesse des faucilles, mais il semblerait que l'on utilisait aussi la faux.
petite enluminure extraite du Brévièred'amour de Matfré Ermengaud de Béziers écrit entre 1288 et 1292 La copie conservée à St Petersbourg est du début du XIV°...
a noter l'outre qui est pendue à l'arbre pour ceux qui se posent des questions sur les gourdes



qu'en pensez-vous ?

[jacou de chanturgues]

Je crois que personne ne remet en cause l'usage de la faux. Pour apporter de l'eau au moulin de Snorri voici une enluminure du 9° siècle du nord de la France (Oui je sais le 9 éme c'est pas l'antiquité, mais s'en n'est pas loin ! dans une série TV il y aurait des rires)
Ok, la faux est stylisée mais c'est bien une faux.






Plus récent, vers 1230, extrait d'un carnet de dessins de villard de honnecourt.

[Per Braz]

Béraud, pour tous les outils agricoles et leur utilisation, je te conseille de trouver : Pascal Reigniez, L'outil agricole en France au Moyen Age, Paris : Edition Errance, 2002.
Tu y trouveras une longue analyse sur faux, faucilles, formes et emplois. Une vraie mine d'or !

[beraud de mercoeur]

je n'étais pas revenu par là depuis quelques jours, merci Per Braz pour le bouquin

[garin trousseboeuf]

Effectivement, il est trés bien. Sinon, faux et faucilles s'utilisent conjointement, une petite étude des calendriers te montre, et c'est valable quasiment jusqu'au 18ème siècle, qu'on fauche le foin à la faux, et le blé à la faucille.
Deux outils pour deux types de travaux.

[beraud de mercoeur]

j'ai une question, que fait-on de la paille dans le cas de l'utilisation de la faucille ?
quelqu'un connait-il l'origine des sortes de griffes utilisées sur les faux pour faire des andains parfaits et faciliter la rammassage du blé afin de faire gerbes ?

[Le Goupil]

Garin Trousseboeuf a dit : Effectivement, il est trés bien. Sinon, faux et faucilles s'utilisent conjointement, une petite étude des calendriers te montre, et c'est valable quasiment jusqu'au 18ème siècle, qu'on fauche le foin à la faux, et le blé à la faucille.
Deux outils pour deux types de travaux.

Exact : à des époques où le rendement était relativement faible, on cherchait à éviter au maximum la perte des grains. Le mouvement violent de la faux en fait chuter beaucoup des épis, tandis que la faucille permet de mieux maîtriser la chose : on tient d'une main la gerbe qu'on coupe, et de l'autre, on scie les tiges, on ne tranche pas.
D'ailleurs, de nombreuses faucilles (faux-scies) retrouvées en fouilles (j'ai pas dit "toutes", hein ?) présentent de petites dents sur le tranchant de la lame.

[Per Braz]

Le bouquin dont j'ai parlé fait un excellente analyse des différents types d'outils et de leur utilisation respective. Je pense que tu y trouveras tout ce donc tu a besoin, Béraud, y compris l'utilité des griffes dont tu parles.
Quant à l'utilisation de la paille, tu en as de multiples emplois, selon la variété de céréale, depuis des paniers jusqu'à des toitures. Tu dois trouver des idées dans des écomusées et ensuite recouper avec des sources médiévale pour en attester l'emploi.

[garin trousseboeuf]

Par contre, et contrairement à l'usage contemporain, il n'est pas forcément évident que la paille serve systématiquement de litière pour les bêtes. En Bretagne au XVIIIème, on utilisait des "landes", c'est à dire genêts, ajoncs etc... On pile d'ailleurs le genêt pour le donner en alimentation aux chevaux.
C'est pas forcément le cas au Moyen-Âge, mais ce sont des pistes pour éclairer la (maigre) documentation à ce sujet. Ne pas projeter nos habitudes.

[hengist]

Le Goupil a dit :
Exact : à des époques où le rendement était relativement faible, on cherchait à éviter au maximum la perte des grains. Le mouvement violent de la faux en fait chuter beaucoup des épis, tandis que la faucille permet de mieux maîtriser la chose : on tient d'une main la gerbe qu'on coupe, et de l'autre, on scie les tiges, on ne tranche pas.

D'après Annie Moulin, l'usage de la Faux était carrement interdit sous l'Ancien Régime pour une autre raison: cela privait les pauvres de chaume (in Les paysans dans la sté française)

[yrwanel]

Dans le cas du grain scié, donc le chaume restant en place, on laissait les bêtes aller paître sur le champ, ce qui assurait, au passage, un engraissage naturel avec leux déjections...