Autel "portatifs"

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Modérateur : L'équipe des gentils modos

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fra michel
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lun. janv. 31, 2011 2:19 pm

Bonjour

j'ai cru comprendre qu'au XIIIe siècle des Autels portatifs existaient. Si c'est bien le cas j'aimerais avoir des sources et/ou exemples de réalisation afin de m'en inspirer..

Merci à Vous!
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kalima
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lun. janv. 31, 2011 2:37 pm

en attendant le bon siècle

autel portatif émaillé 1150-1175 : http://www.kmkg-mrah.be/newfr/index.asp?id=740

Autel portatif de sainte Foy
Cet objet ne porte pas le nom de Bégon, mais il est depuis toujours attribué à son atelier (vers 1100). Il s'agit très probablement du plat de l'évangéliaire que Bégon III avait fait faire pour Conques, transformé tardivement en autel portatif (plaque d'albâtre et bande d'orfèvrerie au repoussé, du XIVe siècle). Il est orné de dix figures en médaillons d'émail cloisonné sur cuivre, selon une technique originale et nouvelle de découpe des plaques placées l'une sur l'autre ; le style des visages et des nimbes est très proche de l'art aquitain du XIe siècle.

Image
http://www.tourisme-conques.fr/fr/histo ... vrerie.php
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kalima
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lun. janv. 31, 2011 2:43 pm

Autel portatif de Jacques de Vitry (début du XIIIe siècle)
Couvent de Notre-Dame de Namur, trésor d'Hugo d'Oignies
Image
http://expedito.univ-paris1.fr/baudin/i ... _vitry.htm
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kalima
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lun. janv. 31, 2011 2:47 pm

Des informations sur ce qu'est un "autel portatif" (site du Ministère de la Culture), article de Joël Perrin (Conservateur en chef du patrimoine, Inspecteur de l'Inventaire, Direction de l'Architecture et du Patrimoine)

AUTEL PORTATIF, g. n. m.
termes latins : altare biaricium (91), altare gestatorium (92), altare itinerarium (93), altare paratum (94), altare portatile (95), altare viaticum (96), altare viaticum portatile (97), antimensium (98), lapis itinerarium (99), lapis portalis (100), lapidem sacratum tabula itineraria (101), tabula itineraris (102).
autres appellations : plénot (103), autel portiez (104).

Pierre consacrée, de dimensions réduites, qui permet au prêtre de célébrer la messe en tout lieu (105) on la pose horizontalement sur un support quelconque ou à l’intérieur d’une église sur un autel votif.

Au Moyen Age et jusqu’à la fin du XVIe siècle, ces pierres ne présentent ni croix ni sépulcre visible et sont enchâssées dans un cadre de bois recouvert ou non de métal (106). Ces pierres peuvent encore être placées dans la partie supérieure d’une petite caisse portée par des pieds, en forme d’autel miniature. L’autel portatif peut alors être surmonté d’un baldaquin ou ciborium miniature (107).
A partir de la fin du XVIe siècle, l’autel portatif est généralement remplacé à l’intérieur de l’église pour les autels non consacrés par une pierre d’autel* enchâssée dans la table. Dans les autres lieux, pour pouvoir célébrer la messe, le prêtre transporte avec lui un autel portatif, simple pierre consacrée présentant les mêmes caractéristiques qu’une pierre d’autel.
L’autel portatif est conservé dans un sac ou dans un étui.
N.B. Ne pas appeler autel portatif un reliquaire qui a la même forme qu’un autel portatif mais ne possède pas de pierre consacrée (108).


ça vient de là : http://www.culture.gouv.fr/culture/inve ... jp001.html
et il y a des liens dans l'article d'origine donc ça peut valoir le coup d'aller voir
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cassetrogne
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lun. janv. 31, 2011 3:34 pm

Cluny : Fulda ou Bamberg (?), XIe s

http://www.musee-moyenage.fr/pages/page ... 5_u1l2.htm
Cassetrogne, Ménestrier aux Coquillards de Villon
http://www.coquillards-de-villon.com
http://coquillards.leforum.eu
Si sibi pilosus est, legitimus !
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fra michel
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mar. févr. 01, 2011 8:57 pm

merci! merci! merci! :hello:
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le furet
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mar. févr. 01, 2011 11:08 pm

Amusant, au début du Moyen-Âge, l'emploi de ces autels portatif vaut des remontrances à deux moines évangélisateurs probablement Breton-Gallois ou Irlandais de la part de l'évêque de Rennes, Saint-Mélaine, tenant du clergé dynastique Gallo-Romain.

Lettre écrite autour de 510,

Ceci se passe vers 510

Traduction d'origine inconnue (de moi) de la lettre de remontrance de Mélaine à Lovocat et Catihern :

« Par un rapport du vénérable prêtre Spararus, nous avons appris que vous ne cessez point de transporter certaines tables de-ci, de-là, dans les cabanes de divers concitoyens, et que vous osez célébrer des messes, en ayant recours, pendant le service divin, à des femmes que vous appelez “conhospitae”. Pendant que vous distribuez l’Eucharistie, elles tiennent le calice vous étant présent, et elles ont l’audace de donner au peuple le sang du calice.

C’est là une nouveauté, une superstition inouïe. Nous avons été profondément contristés de voir réapparaître, de notre temps, une secte abominable qui n’avait jamais été introduite dans les Gaules. Les pères ont décidé que les partisans de cette erreur doivent être exclus de la communauté ecclésiastique.

Aussi avons-nous cru devoir vous avertir et vous supplier, pour l’amour du Christ, au nom de l’unité de l’Eglise et de notre commune foi, de renoncer, aussitôt que la présente lettre vous sera parvenue, à ces abus de tables en questions, que nous ne doutons pas, sur votre parole, avoir été consacrées par les prêtres, et de ces femmes que vous appelez “conhospitae”, d’un nom qu’on n’entend ni ne prononce sans un certain tremblement, d’un nom propre à diffamer le clergé et à jeter la honte et le discrédit sur notre sainte religion.

C’est pourquoi, selon les règles des Pères, nous ordonnons à votre charité, d’empêcher ces femmelettes de souiller les sacrements divins en les administrant illicitement ».


Je peux me tromper, mais pour moi, ces tables ce sont des autels portatifs. Entre letavi, on plaisante en disant que c'était l'époque des "messes au cul du chariot". En fait, ces pratiques témoignent assez bien je trouve de la situation :
L'effondrement du grand empire romain chrétien d'occident a fait disparaître tous les "services publics". Les anciennes provinces sont aux mains de rois barbares (païens ou pire, chrétiens aryens) avec qui l'aristocratie gallo-romaine doit composer pour aboutir au futur ordre féodal. En (petite) Bretagne/Armorique, le territoire demeure libre de domination barbare mais divisé en petites principautés partagées entre aristocrates gallo-romains à l'est et chef de bande/roitelets Bretons à l'ouest. L'aristocratie gallo-romaine s'accroche à la dernière institution impériale : L'église chrétienne d'occident (le terme de catholicisme n'est adopté en Français qu'en 1594 bien que datant de 324).
Le Bretons insulaires et les Irlandais développent quant à eux un christianisme très empreint d'archaïsmes celtiques et partent réévangéliser les campagnes d'Armorique tombées dans le paganisme (retour aux anciens panthéons mâtinés de croyances locales, paganisme = religion de paysan).
La friction des deux donnant une lutte de pouvoir pour le contrôle des âmes.

Amusant que ce qu'on leur reproche ce soit l'utilisation d'autels portatifs quand on voit comme cela se répendra des siécles plus tard....

A+
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brusledoictz
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mer. févr. 02, 2011 10:13 am

Marrant, cette lettre est aussi la première chose à laquelle la lecture de ce topic m'a fait penser... Mais, si je ne me trompe pas, la célébration du christinanisme de Melaine* de Rennes et d'Aubin d'Angers (de mémoire il s'est également plaint de cette pratique durant son ministère, non ?**) se pratiquait dans des églises souterraines et non dans les cathédrales élancées du XIIIe siècle : c'est peut-être plus le fait que la cérémonie se déroule en plein air et à la vue de tous (sans parler du rôle des femmes dans la liturgie) que le fait que "l'autel" soit mobile qui pose problème ?


* sans accent ;)
** Je crois avoir lu un truc là-dessus dans la monumentale Histoire de Rennes de Privat, mais évidemment je n'ai plus accès au bouquin.
Brusle-Doictz, artillier aux Lances de Bretagne - Goafiou Breizh.
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kalima
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mer. févr. 02, 2011 11:26 am

Je me demande si les remontrances de l'évêque ne sont pas à mettre en lien avec le fait que les romains utilisaient, me semble-t-il, beaucoup d'autels portatifs et les romains et leurs cultes, on en sort à peine, à ce moment-là. Du coup, à l'époque de Mélaine, ça pourrait peut-être avoir un petit relent païen ? Enfin, je dis ça, c'est juste une idée, hein.
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le furet
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mer. févr. 02, 2011 4:12 pm

@Bruledoictz : En 510, plus trop de catacombes et cérémonies souterraines en principe. La reconversion de thermes en églises ou baptistère, oui c'est bien documenté, bien que ce soient des bâtiments coûteux à entretenir. On a plusieurs exemples en Bretagne. La concurrence du christianisme (le chrétien marche dans la lumière de dieu) et du mithraïsme (culte souterrain) au IVéme y est sans doute pour quelque chose sans parler de sa dimension contributive au pouvoir impérial.

Par contre, on connait "relativement" peu d'églises en dur pour la période surtout dans l'ouest de la gaule. Les bouleversements urbains semblent avoir redirigé les fidèles vers des églises en bois pour l'essentiel voire des oratoires de simples branchages. Il faut encore distinguer le phénomène des "Saints celtiques" qui réévangélisent l'Armorique/Bretagne et les prédicateurs ermites/ascétes. Les "Saints" ce sont souvent des aristocrates bretons ou irlandais lettrés, formés dans les écoles monastiques du pays de Galles et d'Irlande, c'est un phénomène qui commence à peine en 510. Et tu as des prédicateurs ermites/ascètes qui sont déments pour certains et éventuellement considérés comme "saints" malgré tout dans des lieux reculés. Sur les ermitages de ces gusses, tu peux avoir des chapelles voire des petits monastères au haut-MA qui vont se monter cela n'empêche pas.
Face à eux, les évêques essaient de maintenir autant "d'ordre romain chrétien" que le leur permet leur pouvoir. Ca va mettre plus de deux siècles à se régler avec la montée du mouvement monastique sur tout le Haut-Moyen-Âge. Et justement, ce sont les moines qui vont densifier la présence d'églises en dur.

Enfin j'attends quelques rapports de fouilles à ce sujet -notamment angevins- parce qu'on peut facilement se méprendre sur l'emploi ou réemploi en ces temps troublés de bâtiments plutôt typiques durant le IVéme mais dont la destination devient plus obscure fin Véme.

@Kalima : C'est aussi une possibilité oui bien vu. On a une ou deux représentations sur textile d'un office chrétien en Egypte pour la période mais l'autel y est systématiquement sous une nappe blanche (nappe d'autel, le terme est consacré) et puis quid de la transposition des rites Grecs ou Coptes pour les régions ouest de l'ancien empire d'Occident ?

M'enfin, la représentation de la messe commence tout juste chez Letavia par exemple. On a un "sacerdotes" (nom que l'on retrouve parfois pour qualifier le prêtre en Bretagne insulaire) et les Taïfali ont un membre qui reconstitue Martin de Tours et ce n'est pas facile de défricher la question matérielle pour eux. Quant à ces fameuses conhospitae, certains les voient comme des diaconesses avant l'heure, d'autres imaginent des danseuses... On ne sait pas exactement si le scandale tient à leur sexe ou à leur manière éventuelle d'attirer le chaland et servir la messe. En même temps, le contraste entre la place de la femme romaine et celui de la femme romano-celtique est assez énorme et pas toujours facile à saisir.

Image
L'eucharistie selon Saint-Dewi, notre première ébauche de recons religieuse, maintenant on a fait des progrès je pense qu'en août prochain ce sera beaucoup plus sourcé XD ...
Mais il faut qu'on avance sur comment est fait un autel portatif Breton au Véme siécle... ???
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fra michel
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mer. févr. 02, 2011 7:00 pm

Et ya n t il des sources concernant le contenu de ces autels portatifs?
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Theophile
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mer. févr. 02, 2011 9:54 pm

Plaques d'autel portatif en ivoire de morse ( ;) )
Bon c'est 1140/1160, hein...
http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CPicZ.as ... 6NU0HLVVMM
http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CPicZ.as ... 6NU0HLVAEF
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yrwanel
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mer. févr. 02, 2011 10:02 pm

Une question sans doute idiote: comment faisait-on, en campagne (de guerre) pour faire une messe et/ou bénir l'armée.
Je suppose que il n'y avait pas une église en "dur" (même en bois), ni un autel fixe à chaque coin de route?
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fra michel
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jeu. févr. 03, 2011 6:50 am

j'avais la même question!
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kalima
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jeu. févr. 03, 2011 8:51 am

fra michel a écrit :Et ya n t il des sources concernant le contenu de ces autels portatifs?
en fait, dans les articles que j'ai mis, il y a une définition de ce qu'est vraiment un autel portatif : stricto sensu, c'est une pierre consacrée "portative" (traduire, déplaçable, certaines sont fort grosses). Par extension, c'est devenu également le reliquaire dans lequel se trouve cette pierre consacrée.
Donc un "autel portatif" qui n'a plus sa pierre n'est pas un autel portatif, c'est juste un reliquaire qui a servi d'autel
Un véritable "autel portatif", c'est soit la pierre consacrée toute seule, soit la pierre avec son reliquaire par extension.

Du coup, pour répondre à ta question, dans la "boite", il doit y avoir soit la pierre consacrée soit... plus rien.
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