Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences des arts et métier
Volume 17
Par Denis Diderot,Jean Le Rond d' Alembert
http://books.google.fr/books?id=6QE-AAA ... &q&f=false
voir page 853
Hyacinthe , f. m. ( Hijl. natur. Lithologie.) pierre précieuse transparente, d'un jaune mêlé de rouge , ou d'un rouge orangé plus ou moins vif •, elle n'est point d'une grande dureté eu égard aux autres pierres précieuses ; un feu violent la fait entrer en fusion..
Boèce de Boot et d'autres auteurs comptent différentes espèces d'hyacinthes relativement à leurs couleurs. La première , qui est la plus chere Sc la plus estimée, est d'un jaune tirant fur le rouge , & est presque comme un grenat, dont elle ne diffère que par le jaune qui s'y trouve mêlé ; elle jette un très-grand feu. Boèce de Boot dit que l'hyacinthe la plus précieuse est celle qui est d'un rouge tirant sur le jaune, telle qu'est la couleur du sang bilieux.
La seconde espece est d'un jaune de saffran ; la teinte rouge y est moins forte que dans la précédente.
La troisième espece d'hyacinthe est plus claire encore , & fans fa dureté le coup d'oeil extérieur la feroit prendre pour du fuccin ou de l'ambre jaune à qui elle ressemble parfaitement.
La quatrième espece est d'un jaune plus clair encore , &c fa couleur ressemble à celle de l'ambre-gris ou du miel ; c'est-la moins estimée.
li y a- des hyacinthes d'ure couleur si foncée , que l'on ne peut point distinguer la couleur à moins de Us regarder en les tenant entre l'oeil Sc la lumière. D'autres font si peu colorées , qu'il n'y a que leur dureté qui puisse faire juger que ce sont des hyacinthes. Souvent les hyacinthes d'un jaune clair ont été confondues avec les topafes & les chryfolites , mais elles en diffèrent par la dureté. Boëce de Boot pense que la pierre appellée carbunculus ou escarboucle par les anciens, n'étoit qu'une hyacinthe d'un beau rouge , jetant beaucoup de feu , & d'une taille plus grande que celle des hyacinthes ordinaires , qui , selon lui, n'excèdent pas communément la grosseur d'un pois , & ieion M. Hill > celle d'une noix de muscade. Ce dernier nòus apprend que les hyacinthes se trouvent en crystaux à six côtés terminés par une pyramide exagone comme le crystal de roche , mais elles font plus diíres que lui ; ou bien elles se trouvent Tous la forme de petits cailloux oblongs , arrondis Sc applatis par un de leurs cotés. Les hyacinthes qui se trouvent ainsi , sont plus dures que celles qui font crystallisées. Voyez Hill's natural hifiory of fojfils.
Les nyacinthes de la plus belle espece viennent des Indes orientales, & íê trouvent dans les royaumes de Çananoz , de Cambaye & de Calicut ; il en vient austï des Indes occidentales. Celles de la moindre espece se trouvent en Europe Sc entr'autres fur les frontières de la Bohème & de la Slésie.
On voit aisément que les différentes nuances de couleurs, par où nous avons dit que les hyacinthes passoient, ont dù induire en erreur les auteurs ; il n'y a donc guerc que la dureté qui puisse en faire juger & empêcher qu'on ne les confonde , soit avec fa topase , soit avec la chrysolite , soit avec le grenat & le rubacelle , soit avec toutes les pierres précieuses jaunes ou rouges.
II nous vient d'Espagne , de Saxe & d'Auvergne, des pierres que l'on nomme faufles hyacinthes ou jargons , qu'il ne faut point non plus confondre avec celles dont nous parlons ; d'ailleurs elles sont d'un rouge matte Sc couleur de brique ; elles ne sont point transparentes, Sc doivent être regarées comme du vrai crystal de roche opaque & coloré ; elles ne font pas plus dures que lui ; leur figure est celle d'une colonne à six pans , terminée des deux côtés par deux pyramides exagonts. Les anciens ne donnoient point le nom à'hyacinthe à la pierre que nous venons de décrire ; celle qu'ils désignoient sous ce nom étoit une espece d'améthyste , puisque , par la description qu'en donnent Pline Sc Théophraste , c'étoit une pierre mêlée de bleu ou violette. Voye^_ Théophraste , traité des pierres avec les notes de M. Hill, pag. S§de la traduction françoife. M. Hill croit que c'est \'hyacinthe que les anciens connoissoient sous le nom de lapis lyncurius, quoique quelques auteurs aient prétendu qu'ilsdétìgnoient par-là la belemnite qui n'a pourtant aucune des qualités que Pline attribue au lapis lyncurius , puisqu'il dit que c'étoit une espece d'efcarboucle qui ne différoit des autres que par fa couleur de flamme. Voyez Hli's natural hifiory of fojfils. Voyez Lincurius Lapis.
On a attribué un grand nombre de vertus médicinales à {'hyacinthe , & on la fuit entrer dans dçs compositions pharmaceutiques , après l'avoir écrasée & réduite en une poudre impalpable ; mais comme cette pierre n'est point loluble dans aucun dissolvant , elle ne peut avair plus de vertus dans la médecine que du verre pilé, (—)
Hyacinthe , ( Pierre. ) c'est un des cinq fragmens précieux. Voyez Fragmens Précieux.
Hyacinthe f Confection d') , V. à l'arr. Confection.