Ferrures sur boucliers...

Sources, techniques, matières...

Modérateur : L'équipe des gentils modos

Répondre
Avatar du membre
khosrau de samarkand
Messages : 2322
Enregistré le : mar. juil. 03, 2007 11:00 pm
Localisation : Paris

mer. janv. 29, 2014 9:43 am

Joinville et Bouvines ce n'est pas du harnois blanc, quand même. Et contiennent plein de références à des attaques sur des zones non protégées (aisselles, visage, entre jambe). Et la proportion de blindés est là encore faible sur la totalité d'une armée. Je pense que l'épée reste une arme pour des zones non protégées, à l'inverse de la lance de cavalerie, par exemple. Et au XIII, je n'ai pas connaissance de combattants armurés portant des bocles, l'infanterie, blindée ou pas, utilise encore les grands boucliers...

Il est possible que les ferrures ne soient là que pour "maintenir" le bouclier en état face aux coups. Ce sont des renforts qui font que le bouclier en bois (habituellement fin) ou en cuir ne tombe pas en miettes après quelques coups. Ou alors, tout simplement pour décorer.
Avatar du membre
medieviste
Messages : 4745
Enregistré le : mar. sept. 12, 2006 11:00 pm
Localisation : colmar

mer. janv. 29, 2014 9:50 am

Dans les zones non protégées, les aisselles n'en font pas partie : le haubert protège parfaitement les aisselles. En revanche un estoc aux aisselles, même s'il ne perce pas les mailles, fait extrêmement mal et peut suffire à avoir un avantage lors du combat.
Maintenant rien n'indique que les combattants en question portaient justement le haubert intégral avec le gambison, si ?

Concernant les ferrures, je doute fort qu'elles servaient à maintenir les planches des bocles face aux chocs, car dans ce cas les grands écus sont encore plus vulnérables aux brisures et dislocations !
Des écus collés champ contre champ avec du cuir collé par-dessus tiennent déjà bien face aux chocs (le cuir collé aidant justement à une bonne cohésion des planches) sur une aussi petite surface que les bocles, c'est encore plus vrai !
Donc là je pencherais plutôt pour un élément de décor, surtout vu le soin apporté au forgeage des ferrures. Mais ce qui me chipote, c'est que ça fait cher payé, le surpoids, pour de la déco... Surtout sur un accessoire martial dont la fonction première est justement d'être sobre, léger et efficace, non ?
Avatar du membre
khosrau de samarkand
Messages : 2322
Enregistré le : mar. juil. 03, 2007 11:00 pm
Localisation : Paris

mer. janv. 29, 2014 2:05 pm

En l'occurence, le coup des aisselles, c'est Joinville qui dit tuer un chevalier musulman en estoquant là (les jawshan arabes ne protègent pas sous le bras).
Et autrement, si, justement:
-Joinville parle des Arabes qui frappent au visage des chevaliers croisés, parce que ceux-ci ont laissé de coté leurs heaumes fermés (à cause de la chaleur). Il y a une volonté délibérée de frapper une zone non protégée sur un chevalier par ailleurs fortement protégé.
-Lors de Bouvines, il me semble avoir lu que des assaillants frappent Philippe Auguste à l'entre jambe à la dague. Mais le roi porte des chausses de mailles à plein fond... Pas de chance.
-Il me semble que lors d'un épisode pendant la Croisade contre les Albigeois, Trencavel dit de frapper aux jambes des Français, qui ne sont pas armurées...

Dans plusieurs récits, donc, on observe la volonté de contrer les adversaires armurés en frappant là où l'on suppose qu'il n'y a pas d'armure.

Et sinon, je ne suis pas d'accord pour les renforts.
Imaginons qu'un coup d'épée entre de 10-20 cm dans la tranche d'un bouclier. Sur un grand bouclier, 10-20 cm, c'est peu par rapport à la taille, et le bouclier ne se retrouve pas fragilisé dans l'ensemble. Le bois collé est dans ce cas suffisant.
Maintenant sur un bouclier de 30-40 cm, 10-20cm ça commence à devenir conséquent. Les renforts permettent de suppléer à la colle (parce qu'une bocle fendue à moitié, elle ne tiendra pas à mon avis. Et si un deuxième coup arrive avec un angle certainement différent, on obtient des "parts de tarte" de bocle).
De plus, avec les ferrures, la lame entre moins encore dans le bouclier, ce qui permet de mieux préserver la main qui tient la bocle...
Avatar du membre
medieviste
Messages : 4745
Enregistré le : mar. sept. 12, 2006 11:00 pm
Localisation : colmar

mer. janv. 29, 2014 5:21 pm

Pour les aisselles non protégées du musulmans, là oui, ça colle !
Pour le visage, tout à fait d'accord aussi !
Pour Bouvines, perdu, c'était pas Philou mais Renaud de Dammartin qui a la jambe coincée sous son cheval mort et un sergent cherche à poignarder à l'entrejambe, mais il a des chausses de mailles fermées type pantalon (ce qui a fait l'objet d'un gros débat loin d'être fini, étant cavalier je conçois mal d'être assis sur des mailles...)

Maintenant le fait de viser les endroits non armurés est une chose, mais face à un type bien armuré, y a pas 36 solutions : en l'absence de faille on frappe là où ça fait mal : articulations, bras, jambes, tête, jusqu'à sonner le type dans ce dernier cas.
khosrau de samarkand a écrit : Imaginons qu'un coup d'épée entre de 10-20 cm dans la tranche d'un bouclier. Sur un grand bouclier, 10-20 cm, c'est peu par rapport à la taille, et le bouclier ne se retrouve pas fragilisé dans l'ensemble. Le bois collé est dans ce cas suffisant.
Maintenant sur un bouclier de 30-40 cm, 10-20cm ça commence à devenir conséquent. Les renforts permettent de suppléer à la colle (parce qu'une bocle fendue à moitié, elle ne tiendra pas à mon avis. Et si un deuxième coup arrive avec un angle certainement différent, on obtient des "parts de tarte" de bocle).
Héééé, c'est pas bête ça, j'y avais pas songé, en effet ! Donc oui, finalement ça se tient.
Bon, personnellement, j'aurais mis une seule ferrure sur la bordure, ça suffit largement et c'est bien plus léger, ça ne résout tout de même pas le mystère du pourquoi du comment de la surenchère de ferrures ouvragées !
Avatar du membre
khosrau de samarkand
Messages : 2322
Enregistré le : mar. juil. 03, 2007 11:00 pm
Localisation : Paris

jeu. janv. 30, 2014 12:19 pm

medieviste a écrit :c'était pas Philou mais Renaud de Dammartin qui a la jambe coincée sous son cheval mort et un sergent cherche à poignarder à l'entrejambe, mais il a des chausses de mailles fermées type pantalon (ce qui a fait l'objet d'un gros débat loin d'être fini, étant cavalier je conçois mal d'être assis sur des mailles...)
Au temps pour moi... C'est vrai qu'un pantalon de mailles à cheval, ça doit bien douiller... Je n'essaierais pas, personnellement (étant aussi cavalier, je comprends tout à fait).
Au final, l'existence ou pas de la chausse fermée de mailles n'est pas "si" important que ça. Ce qui l'est, c'est que quelqu'un pensait frapper une zone qu'il pensait non protégée (au final, qu'elle l'était ou pas ne change rien à la volonté de l'assaillant).
medieviste a écrit :Maintenant le fait de viser les endroits non armurés est une chose, mais face à un type bien armuré, y a pas 36 solutions : en l'absence de faille on frappe là où ça fait mal : articulations, bras, jambes, tête, jusqu'à sonner le type dans ce dernier cas.
Ou alors, se rapprocher, lutter pour enlever le heaume adverse et le planter, comme on voit sur certaines enluminures et dans les traités plus tardifs. Mais sinon oui, avec de la maille et un gambi, blesser par choc est très envisageable. (Voir même préférable si on veut capturer son adversaire)

medieviste a écrit : Bon, personnellement, j'aurais mis une seule ferrure sur la bordure, ça suffit largement et c'est bien plus léger, ça ne résout tout de même pas le mystère du pourquoi du comment de la surenchère de ferrures ouvragées !
Non en effet, ça n'explique pas la surenchère de ferrures... Il y a clairement un aspect esthétique à la chose.
Répondre

Retourner vers « Réalisation du costume militaire »