Reconstitution d'un baudrier d'épée

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guaraco
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jeu. févr. 28, 2013 4:50 pm

Guillaume de Pensac a écrit :Le baudrier de Sancho IV est une source indiscutable de l’armement méridional. Néanmoins, par leur richesse, l’épée et le baudrier semblent faire partie d’un équipement de parade.
Je ne suis pas sûr que la notion d'équipement uniquement destiné à la parade existe dans la Castille du XIIIe siècle. Et quand bien même, je ne vois pas en quoi cela aurait un impact sur le système d'attache du fourreau au baudrier.
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Guillaume de Pensac
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jeu. févr. 28, 2013 5:19 pm

Ce n'est pas ce que je veux dire. Excuse-moi si je me suis mal exprimé.
L'information que je voulais apporter est que l'armement médiéval retrouvé en Bourgone, dans la Saône, est plus de facture "méridionale" que.....normande.
D'autre part, à ma connaissance, Bernard de Comminges était bien du côté des méridionaux lors de la croisade. On est en droit de penser que le baudrier sculpté sur son gisant (à Toulouse) est aussi de facture méridionale.
C’est pourquoi je croyais qu’il fallait aussi étudier scientifiquement ce baudrier en détail.
Il est vrai que si nous disposions d'une typologie correcte des baudriers, la discussion n'aurait pas lieu d'être.
Malheureusement cette typologie n'existe pas encore. La typologie proposée par Viollet-le-Duc ne me satisfait pas. Mais peut-être que certains d'entre-vous sont tentés par l'écriture d'une typologie des baudriers médiévaux.
Dans ce cas, je suis prêts à donner un "coup de main" aux volontaires.
Merci Guaraco pour ta contribution en matière d'aide.
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guaraco
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jeu. févr. 28, 2013 5:41 pm

Ben je suis désolé, je ne vois pas en quoi un baudrier trouvé dans la Saône a quelque chose de "méridional".
A l'époque qui nous intéresse ici (et de nos jours aussi d'ailleurs), la Bourgogne ne fait pas partie de l'aire politique et culturelle méridionale.

Concernant le gisant conservé aux Augustins, je viens de vérifier, et contrairement à ce que j'ai écrit plus haut, ce n'est pas celui de Bernard IV de Comminges, mais de son petit-fils, Bernard VI, mort en 1295, soit une cinquantaine d'années après la fin de la Croisade des Albigeois.
http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/j ... 4392_p.jpg
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Guillaume de Pensac
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jeu. févr. 28, 2013 7:10 pm

Merci Guaraco, pour ces informations.

Bon, je me lance :
Cette première solution que je propose à l’air de « tenir ». Néanmoins, elle n’explique pas le passage horizontal de la bande de cuir 1, sur l’arrière du baudrier.

Image

Dans cette deuxième solution, j’ai fait faire un tour complet à la bande 1 autour du fourreau. Ensuite je l’ai faite passer en biais à l’arrière, dans la bande 2.

Image

Apportez moi vos critiques ou, de préférence, d’autres solutions.
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Haeron
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ven. mars 01, 2013 11:53 am

Bonjour,

Merci pour ce superbe topic.
Si je puis me permettre une question, je regardais les différents schémas, alors peut être que je suis passé à coté de quelque chose et que ma question n'aura alors pas de sens, mais comment fait pour tenir la bande 2 sur la partie ou elle fait un angle, comment est elle maintenue dans cette position?
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Guillaume de Pensac
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ven. mars 01, 2013 3:00 pm

Charlotte Riou, Conservatrice des sculptures au Musée des Augustins m’informe que le baudrier relevé par Viollet-Le-Duc appartient au gisant attribué à Bernard VI comte de Comminges mort en 1295 ou à Bernard VII mort en 1312, et provient de l’abbaye de Bonnefont.

La solution 2 présentait le défaut de montrer sur l’avant du baudrier, la croûte de la sangle 2.

Dans la solution 3, ci-dessous, cette sangle fait un demi tour à l’arrière et montre la fleur du cuir sur l’avant du baudrier.

Image
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Guillaume de Pensac
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sam. mars 02, 2013 2:56 pm

Laçage de la partie basse.

Image
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Haeron
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lun. mars 11, 2013 11:10 am

Encore une fois superbe schéma, mais du coup je me pose toujours la même question concernant l'angle fait par la sangle 2 sur le schéma précédent :)
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Guillaume de Pensac
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mar. mars 12, 2013 5:56 pm

Haeron, la lanière de cuir 2 débute derrière le fourreau où elle est retournée pour présenter, en vue de face, la fleur du cuir. Ensuite elle passe sur le devant pour entrer dans un trou du baudrier. Elle ressort sur l'arrière, et fait un tour sur le fourreau puis remonte au dessus en passant sous le deuxième tour. Elle retombe sur l'arrière en s'imbriquant entre les lanières. Il va sans dire que ce travail ne peut être réussi que si il est réalisé avec le cuir humide.

Une photo serait plus explicite pour ceux qui consultent le forum. C'est pourquoi je me vois contraint d'expérimenter cette solution par le biais de la réalisation complète d'un fourreau et de son baudrier, sauf si on me propose une source historique indiscutable.
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Haeron
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mer. mars 13, 2013 2:42 pm

Merci pour la réponse :)

Cependant:
Guillaume de Pensac a écrit :Elle ressort sur l'arrière, et fait un tour sur le fourreau puis remonte au dessus en passant sous le deuxième tour.

C'est précisément ce passage qui m'interpelle, elle repasse donc sur le devant du fourreau et fait un coude pour remonter. Mais comment tient ce coude justement? Est ce que la lanière est coincé d'une certaine manière. Est ce que en séchant, le coude ne risque t il pas de se transformer en demi cercle et donc de donner du leste au montage?

Je ne sais pas si je suis très clair dans mes questions, mais en effet, l'expérimentation doit permettre d’éclaircir et de confirmer bien des choses.
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Guillaume de Pensac
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ven. mars 15, 2013 10:11 am

Haeron, il est vrai que je me suis aussi posé la même question que toi sur le coude que forme la lanière de cuir sur le devant du fourreau. Néanmoins la pièce archéo présente la même configuration.
Je vais donc approfondir l'étude de la pièce archéo avec des macros puis je vais passer au stade de la reconstitution. Je posterai ensuite mes modestes conclusions.
Mais il ne vous est pas interdit de m'apporter votre aide pour faire avancer l'étude.

En apparté, j'en profite pour informer les médiévistes pasionnés de ce forum que la "reconstitution historique" coûte très cher. Ne fait pas de la reconstitution historique qui le veut..., mai qui le peut, financièrement.
Faites le calcul: combien coûte un vêtement de mailles (en fer) + réplique d'épée sourcée avec les mêmes caractéristiques + baudrier cuir avec fourreau en âme de tilleul + cervelière monobloc sur mesure et heaume sur mesure, etc.. ? Certainement près ou plus de 5000 euros.
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agarwaen
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ven. mars 15, 2013 10:24 am

Guillaume de Pensac a écrit :En apparté, j'en profite pour informer les médiévistes pasionnés de ce forum que la "reconstitution historique" coûte très cher. Ne fait pas de la reconstitution historique qui le veut..., mai qui le peut, financièrement.
Ça, c'est pas une découverte.
Guillaume de Pensac a écrit :Faites le calcul: combien coûte un vêtement de mailles (en fer) + réplique d'épée sourcée avec les mêmes caractéristiques + baudrier cuir avec fourreau en âme de tilleul + cervelière monobloc sur mesure et heaume sur mesure, etc.. ? Certainement près ou plus de 5000 euros.
Dont 80% dans l'épée.
walfroy
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ven. mars 15, 2013 11:14 am

C'est le cas dans tous les loisirs que l'on fait "sérieusement". Je fais de la rando, ce n'est pas bon marché non plus ! Et je ne parle pas des personnes qui se lancent (plus ou moins bien ) dans le tunning ( et se ne sont pas obligatoirement les plus fortunés.)...
Bref, il n'y a pas grand chose de gratuit...
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Guillaume de Pensac
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ven. mars 15, 2013 6:58 pm

Walfroy, je suis entièrement d'accord avec toi en ce qui concerne la reconstitution faite "sérieusement". Et il est vrai qu'aujourd'hui "il n'y a pas grand chose de gratuit..."comme tu le dis.
Ceci dit, il est peut être bon d'informer ceux qui débutent dans la reconstitution historique (la vraie) qu'ils vont y laisser plusieurs milliers d'euros pour "coller" au plus près de l'histoire.

Donc, reconstituer un baudrier fin XIIIe s ou début XIVe s à partir d'une pièce de fouille, demande de posséder un fourreau (réplique histo XIII-XIV) dans laquelle il y aura une épée (réplique histo XIII-XIV). Avec ces deux éléments (épée et fourreau) il sera peut être possible de vérifier lors de la réalisation du baudrier que l'ensemble est bien équilibré et n'affecte pas les mouvements de son propriétaire.
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Guillaume de Pensac
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mer. mars 20, 2013 12:59 pm

Image

Le fourreau à été réalisé pour une épée de la deuxième partie du XIIIe siècle, de la collection du musée V. Denon, référenciée 80-87-4 , d'un poids de 821 g.
Il est évident que pour cette expérience nous n'avons utilisé que sa réplique.
Cette première reconstitution du baudrier montre un laçage peut esthétique du à la mauvaise position du trou dans lequel passe la sangle 2.
De plus le laçage de la partie basse du baudrier ( avec deux tours) nous parait être insuffisante.
Nous n'avons pas utilisé du cuir mouillé pour que l'ensemble soit démontable. Néanmoins, le baudrier semble être bien solidaire du fourreau.

Fort de ces remarques nous sommes passé à la réalisation d'un deuxième baudrier.
Nous avons donc abaissé le trou et nous avons choisi une ceinture plus large pour la partie basse du baudrier pour augmenter d'un tour le laçage.
Il nous fallait aussi vérifier où était situé le centre de gravité de l'épée au niveau de ce baudrier pour que l'ensemble soit bien équilibré.

Image

Encore une fois, le laçage a été effectué avec du cuir sec pour que le démontage soit facile. Le baudrier est bien solidaire du fourreau et toute couture nous semble être inutile.
L'utilisation d'un cuir mouillé devrait conclure à un système de liaison: baudrier-fourreau très résistant.
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