Et comme il n'est pas question de se laisser abattre, ni par la météo ni par les vociférations de l'orga dans le camion-sono, voici le menu que mon petit acolyte Igor et moi avions prévu.
Entrée : oeufs farcis, selon la recette trouvée dans Cuisine Médiévale pour Tables d'Aujourd'hui.
Plat principal : les saucisses aux pommes dont Eodhel donne la recette sur Mediaephile.
Dessert : un taillis, selon la recette trouvée sur le forum d'Excalibur Dauphiné. Bon, d'accord, le taillis, je l'ai préparé mercredi matin dans ma cuisine histo XXème.
Le tout agrémenté de fruits de saison (pommes, poires, quelques fraises d'Espagne) et arrosées de cidre et de mauretum fourni par le prez'.
Début un peu chaotique, il a plu une bonne partie de la nuit, le bois est trempé, va-t'en faire partir un feu avec ça. Nous nous agitons une bonne demi-heure pour faire du petit bois, notre scout de service prépare un tas de bois dans le bac à feu, et Igor décide de faire son puriste et d'utiliser un briquet med. Il s'escrime pendant 20 bonnes minutes sans résultat, voyant le public commencer à arriver je lui glisse discrètos un briquet moderne et un allume-feu (booouuuh ! La honte ! Oui je sais, mais sans feu pas de cuisine, sans cuisine pas d'anim', et sans anim' pas de repas, on court à la cata). Notre feu démarre donc allègrement, et c'est là que commencent les vraies festivités.
J'ai doublé les proportions de la recette d'Eodhel, nous sommes tout de même 8 sur le campement, dont 6 bonshommes, autant dire qu'il faut prévoir. Je découpe les saucisses en rondelles, je jette un peu d'huile d'olive dans le chaudron et j'y balance les saucisses. Première découverte : ça cuit beaucoup plus vite que ce que je pensais, le temps d'émincer un kilo d'oignons mes saucisses sont plus que grillées, voire un peu cramées. Je retire mes saucisses, rajoute un peu d'huile d'olive (c'est bon pour la santé, et puis le gras, c'est la vie, ne l'oublions pas), et hop ! Je jette les oignons dans le chaudron. Là aussi, ça grille très très vite, mais le feu a un peu baissé entre-temps, ce qui me donne un peu plus de temps pour découper les pommes. Même manip', je retire les oignons, un peu d'huile d'olive, je jette les pommes à la place, le feu est retombé pour ne laisser que des braises et c'est pas plus mal, j'en profite pour touiller un peu mon chaudron (ça fait marrer les visiteurs) et rappeler à une dame que non non non, c'est pas des pommes de terre, mais des pommes tout court, allons Madame, Monsieur Parmentier, ça vous dit rien ? Mais si, répond-elle en rougissant un peu, quelle cruche, je l'ai appris à l'école pourtant. Fin de l'intermède culturel, les pommes sont cuites, je remets les oignons et les saucisses à griller en attendant qu'Igor ait fini de se battre avec la bouteille de vin rouge. Il finit par réussir à la déboucher, je lui demande de verser une demi-bouteille dans le chaudron, il m'en jette joyeusement les trois-quarts. Nous laissons donc mijoter trois quarts d'heure (ben oui, c'est totalement scientifique, une demi-bouteille, une demi-heure, trois quarts de bouteille, trois quarts d'heure. Lumineux, non ?
)Pendant que les saucisses aux pommes mijotent, nous préparons les oeufs farcis, en allant au plus simple suivant la recette adaptée du Mesnagier de Paris par Jeanne Bourin. J'ai fait cuire avant de partir une dizaine d'oeufs durs - j'aurais aussi pu les cuire sur place, mais j'avais un peu peur du transport, et j'avais raison puisque j'avais également pris des oeufs crus pour servir de liant, quelques-uns se sont cassés dans le camion. Nous ouvrons les oeufs durs dans le sens de la hauteur, retirons les jaunes et les mélangeons tous ensemble avec deux oeufs crus (un seul aurait suffi, c'était un peu trop liquide à mon goût), puis Igor émiette du fromage râpé pendant que je mélange le tout ensemble. Une fois les ingrédients mélangés, nous faisons de petites boules dont nous farcissons les blancs d'oeufs, moi j'aime bien y ajouter du cumin mais Igor n'est pas fan, donc pas de cumin.
Le temps que les oeufs soient prêts, le chaudron commence à sentir bien bon, et nous finissons par nous attabler tous ensemble sous un concert de "bravo Sorci, bravo, on t'aime, on va tous venir vivre avec toi, tu es notre déesse, nous te vénérerons jusqu'à la fin de notre existence"... bon, d'accord, j'en rajoute un peu, c'est pour la licence poétique.
Plusieurs conclusions :
1) cuisiner en campement, c'est pas si compliqué, et on peut faire de l'élaboré à partir d'ingrédients très simples. J'étais un peu inquiète à l'idée de nourrir dix personnes, en fin de compte il suffit d'un peu de temps et de se procurer les bonnes quantités, je suis rassurée.
2) la cuisson prend moins de temps que ce que je craignais, j'avais peur de devoir m'y mettre aux aurores pour pouvoir se nourrir péniblement à 14 h 30, en fait pas du tout.
3) c'est quand même plus pratique d'être deux, si la préparation du repas représente une anim en soi, comme ça l'un des deux touille le chaudron pendant que l'autre explique au monsieur que non, malheureusement on ne peut pas lui faire goûter, et s'il était allergique à la maniguette ? Ou à la madame que si-si, on trouvait de l'huile d'olive au MA... C'est plus compliqué de faire les deux à la fois.
4) on a beau dire, c'est pratique de préparer certaines choses à l'avance dans sa cuisine moderne, ne serait-ce que pour faciliter le transport. Mais j'espère que plus ça va aller, plus on préparera tout sur place, histoire de n'amener vraiment QUE les ingrédients/matières premières.
5) je me suis bien amusée, j'ai hâte de recommencer
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