Frère
militaire de l’Ordre de l’Hôpital
de Saint Jean de Jérusalem
Tuitio Fidei : la Défense de la Foi
(fin du XIIème siècle)
Le contexte :
A la fin du XIIème siècle, alors que la fonction
caritative de l’Ordre de l’Hôpital est unanimement
reconnue, son rôle militaire reste une aberration pour la
Papauté, qui y voit un doublon inutile de l’Ordre
du Temple, fondé en 1120. Néanmoins, devant la pénurie
d’armées chrétiennes pérennes en Terre
Sainte, la nécessité de maintenir certains territoires
sous contrôle et l’obligation de protéger les
pèlerins, les Papes ont accepté l’avènement
de frères militaires dans l’ordre, sous l’impulsion
des Maîtres successeurs de Gérard (l’ordre
se militarise dès le deuxième Maître, Raymond
du Puy, 1122).
Suite à la présence décisive des frères
Hospitaliers au côté des Templiers dans certaines
batailles (notamment lors de la victoire d’Ascalon en 1153),
le rôle militaire de l’ordre devient rapidement incontournable.
Des forteresses sont donc placées sous leur garde :
Calansue (en 1128), Bethgibelin, Belmont, le Crac des Chevaliers
(en 1142, où l’ordre installe son quartier général
en Terre Sainte), Margat (en 1186).
Les frères militaires occupent rapidement une place prépondérante
au sein de l’ordre ; une hiérarchie militaire s’installe
et le Maître apparaît comme un chef militaire en plus
d’être un chef religieux.
Tout concourt alors à ce que l’Ordre de l’Hôpital
de Saint Jean de Jérusalem assume sa double vocation hospitalière
et militaire, comme en témoigne sa devise « Tuitio
Fidei et Obsequium Pauperum » ou la « défense
de la foi et le soutien aux nécessiteux ».
Le personnage :
A la fin du XIIème
siècle, rien ne semble distinguer clairement dans les textes,
les chevaliers des sergents d’armes, au niveau de l’habit
ou de l’équipement.
Les chevaliers sont souvent issus des familles nobles d’Occident
et représentent l’élite militaire de l’ordre :
un entraînement intensif et la participation à de
nombreuses batailles et échauffourées en font des
combattants aguerris qui connaissent bien les tactiques de combat
des Sarrasins. Ils obéissent au Maréchal de l’ordre
ou au Maître.
Les sergents d’arme sont, comme les chevaliers, des combattants
à cheval. Ils forment un corps à part et ne sont
pas subordonnés aux chevaliers. Ils sont d’origine
roturière.
Notre frère,
présenté ici, fait partie des chevaliers de l’ordre.
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L’équipement militaire
d’un frère combattant ne diffère en rien,
fondamentalement, de celui des Francs installés en Terre
Sainte. En effet, même si les commanderies d’Occident
se doivent d’envoyer vers la Terre Sainte de quoi entretenir
l’ordre (vivres, chevaux, armes …), les Hospitaliers
ont légitimement tiré profit des ressources locales
(donation par le roi de Jérusalem de tentes de Bédouins
par exemple ou autorisation de récupérer de l’armement
sur les dépouilles des ennemis). L’équipement
de notre frère présente donc les caractéristiques
de celui d'un combattant occidental, mais certains éléments
sont une spécificité locale.
L’armure du frère militaire vient
par-dessus des vêtements civils très simples :
braies, chausses, chainse, bliaud long fendu (ces éléments
étant en lin, coton ou chanvre et le bliaud étant
de couleur indéfinie, mais dans un ton sombre) et chaussures
de cuir fin.
Les chausses de maille sont fixées à
l’arrière de la jambe et sous la semelle par des
lacets. Les éperons sont attachés par-dessus.
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Avant son haubert,
le frère endosse un vêtement légèrement
rembourré (« gambisonné »)
afin d’amortir le poids de la maille et les chocs lors des
combats. Cette protection est relativement fine pour les cavaliers,
afin de garder une bonne mobilité, indispensable à
cheval. Il porte sur la tête une cale rembourrée
de la même manière.
Par-dessus, le frère enfile (ensuite) le haubert de maille
qui le couvre de la tête jusqu’aux genoux.
Son casque est une cervelière à nasal, protection
de tête extrêmement répandue à cette
époque.
Le grand bouclier est aux couleurs de l’Ordre de l’Hopital
(la bannière de l’ordre est décrite dans un
texte de 1182 comme « un drap rouge à la croix
blanche »).
Nous proposons ici quelques variantes possibles de l’équipement
du chevalier, basées sur des suppositions et interprétations
de sources.
Le frère se prépare au combat :
Il a revêtu par-dessus le haubert une cuirasse lamellaire
de cuir et s’est saisi d’une lance de cavalerie (d’une
longueur de 2,50 mètres).
Une fois sa lance brisée, suite à la charge, le
frère s’est équipé d’une masse
légère en plus de son épée. Cette
masse lui permet d’être très efficace contre
l’infanterie ennemie.
Dans une situation moins dangereuse, lors d’une patrouille
sur un territoire sous contrôle, ou lors d’une escorte
de pèlerins ou de dignitaire par exemple, le chevalier
a choisi de porter simplement le haubert recouvert de son manteau
de frère.
Frédéric – Isarn
Les Guerriers du Moyen Age
photos : Les Guerriers
du Moyen Age.
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