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Mahaut et Jehan...

 

 
 

 

...sont moutonniers dans les pays de Loire, dans le premier tiers du treizième siècle. Jehan est le fils aîné d’un des derniers serfs et donc serf lui aussi … A la mort de son père, comme le veut la contrainte servile, il hérita de ses terres et de ses outils.


Jehan, comme tous ses ancêtres avant lui, a toujours eu le même accord avec le seigneur son maître : en échange de bonne laine, il pourra disposer à sa guise de tout le lait qu'il pourra prélever sur le troupeau. Et si une maison lui est attribuée ainsi qu'à sa famille, elle reste cependant, comme les bêtes et les lieux de pâture, propriété de son seigneur.

 

 
jehan
Figure 1 : au petit matin, Jehan part inspecter son troupeau.
 

 


Son costume, composé d'éléments réalisés dans des tissus naturels, comprend d'abord une chemise d'assez fine toile naturelle de lin, sur des braies de même tissu. Au braïel (figure 2) sont accrochés un couteau à manche en os pour la chasse ou le travail des peaux, un bâton à compter (figure 3) ainsi qu'une bourse de cuir contenant briquet, amadou, silex… et trois dés à jouer...il faut bien passer le temps  !


 

 

Figure 2 : le braïel est tissé au peigne, dans des laines naturellement brunes ou blanches.

 

 


 

Figure 3 : le couteau et le bâton à compter les moutons sont dissimulés sous la chemise.

 


Des chaussettes de laine naturellement blanche, réalisées en naalbinding, lui offrent un confort bienvenu pour supporter le froid matinal (figure 4)


 

 

 


Figure 4 : c'est pendant les longues veillées d'hiver qu'elles ont été confectionnées par Mahaut.


 

Au-dessus Jehan a enfilé une cotte de drap de laine teintée avec un cul de fosse de teinturier (la couleur présente donc un aspect peu concentré, délavé), maintenue par une ceinture de laine non teintée, tissée au peigne. Ces jambes sont recouvertes d'une paire de chausses en drap de laine ocre foncé avec des jarretières en cordon de laine tressée aux doigts. Des bandes molletières protègent le bas des jambes (figure 5). Une paire de chaussures de cuir à lacets, des socques (figure 7) et un chaperon (figure 8) assurent une bonne protection.


 

Figure 5 : les étroites bandes molletières sont faites de laines non teintées et tissées au peigne. Il s'agit ici d'une interprétation des sources iconographiques montrant des bergers dont le bas des jambes est protégé par des bandes qui s'entrecroisent (figure 6).

 


 

Figure 6 : les bandes molletières assurent une meilleure protection de la partie basse des jambes lors des déplacements des bergers (Source : psautier de Winchester, 1160, British Library)

 

 

 

Figure 7 : les socques sont composées d'une épaisse semelle de bois et de deux bandes de cuir maintenues fermées sur le dessus du pied par des lacets. Elles isolent de l'humidité et permettent de garder les pieds au sec.

 


 

Figure 8 : le chaperon de drap de laine naturelle blanche et noire, en armure de serge, couvre bien le haut du corps, mais les pans remontés sur les épaules dégagent bien les bras pour le travail.

 

 

Quand il fait plus doux, Jehan rabat sa capuche et porte alors un bonnet (figure 9).

 

Figure 9 : De laine blanche, il a lui aussi été confectionné en Naalbinding par Mahaut.

 


 

Figure 10 : Jehan complète ses accessoires par un bâton de marche, une houlette et des forces pour tondre les moutons. Pour occuper le temps, parfois bien long, Jehan joue un air sur sa petite flûte en os de renard.

 


Pendant que Jehan accompagne souvent le troupeau, Mahaut, sa femme, ne reste pas inactive. Fille de chevrier, elle a apporté en dotation de son mariage un bon bouc reproducteur et quelques chèvres laitières grâce auxquels elle fabrique des fromages qu'elle va, une fois la semaine, porter au marché. Elle cultive le lin et le chanvre qu'elle file et qu'elle tisse afin de fabriquer de la toile qui servira à coudre les chemises de tous les membres de la famille. Elle réalise aussi des chaussettes ou bonnets pour l’hiver, en laine épaisse. Enfin, elle coud tous les vêtements de la famille...tout ce qu'elle sait est transmis à ses filles, comme Jehan apprend à ses fils le métier de moutonnier.


Mahaut porte le même type de costume que Jehan, avec des longueurs plus importantes : une première chemise de toile de lin, sous une seconde de laine claire et enfin une cotte en laine brune (figure 11).


 

Figure 11 : les coutures ont été réalisées à la main et au fil de lin écru.

 


 

 

Figure 12 : son épaisse cotte de laine la protège bien des mauvaises herbes quand elle travaille dans les champs.

 

 

Figure 13 : une ceinture de laine tissée blanche et brune maintient la cotte près du corps. Ainsi elle peut en relever les pans lorsqu'elle a besoin de plus d'aisance.

 


Enfin, Mahaut porte un manteau de coupe rectangulaire en sergé de trois laines et recouvre sa tête d'un voile de lin (figure 14).

 

Figure 14 : ainsi vêtue, Mahaut part sur les chemins pour aller vendre ses produits au marché de la ville ou pour arpenter les pâturages.

 

Les soirs de printemps, elle installe son petit banc de bois au pied du mur de l'église, près du puits...c'est le meilleur endroit pour apprendre les nouvelles (figure 15). Tous ses accessoires sont rassemblés dans un panier d’osier (figure 16).

 

 

Figure 15 : en bonne mère de famille, Mahaut ne perd jamais de temps. Ce soir-là, aussitôt assise, elle se met au travail en attendant les commères qui auront certainement quelque chose à lui apprendre à propos de cet étranger arrivé la veille, un certain Loudain...

 
 

Figure 16 : dans son panier Mahaut a entassé de la laine tout juste filée, des ciseaux, des aiguilles d'os...

 

Le lendemain matin, alors que Jehan et Mahaut se sont levés au petit jour pour aller au marché de la ville voisine, ils ont l'occasion de faire connaissance de Loudain, l'étranger, qui leur propose de se joindre à eux (figure 17).

 

Figure 17 : L'homme apparaît avenant à Jehan qui sympathise aussitôt...mais réveille plus de méfiance du côté de Mahaut...

 

Le petit groupe prend la route d'un pas alerte bientôt rejoint par deux autres voyageurs, Pierre et Petronille. Le soir venu, tandis que les deux femmes vont papoter, et Pierre vadrouiller seul comme à son habitude, les deux compères s'acoquinent (figure 18).

 

Figure 18 : ...pour s'adonner à un passe-temps fermement condamné par Mahaut, et tant qu'à faire, par l'Eglise aussi : le jeu de dé !

 

Les deux hommes enchaînent les parties au rythme des pertes de Jehan qui espère à chaque fois récupérer ses mises...peine perdue, l'adversaire est coriace, diaboliquement doué...Aussi Jehan est-il presque soulagé de voir surgir Mahaut (figure 19).

 

Figure 19 : Furieuse celle-ci n'hésite pas à manier le bâton contre ce gredin de Jehan !

 

Pour récupérer quelques piécettes, les deux moutonniers acculent Loudain (figure 20).

 

Figure 20 : des deux, c'est Mahaut qui a bien l'air le plus déterminé à récupérer son bien auprès de Loudain...

 

...qui ne s'en laisse pas compter et finit par leur échapper en courant. (figure 21) …

 

Figure 21 : Dépité, le couple n'a plus qu'à regarder s'envoler au loin le bonhomme trop agile.

 


 

Figure 22 : Jehan doit alors avouer la perte de la totalité de leurs économies.

 

….ce qui plonge Mahaut dans un désespoir sans fond...pourquoi n'a t-elle pas suivi son pressentiment !!!...(figure 23) !

 

Figure 23 : triste histoire qui voit finalement les moutonniers à leur tour tondus...

 


Chaussures faites par J.P./petit ewok. 

Forces, couteau et ciseaux réalisés par le forgeron Yves Schmitz. 

Jean Maldonado - Catherine Lagier /Oriabel

06/07/2015